04 janvier 2008

TOM WAITS : In the neighborhood


Acquis neuf à Londres ou à Paris fin 1985 ou début 1986
Réf : ISD 260 -- Edité par Island en Angleterre en 1985
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : In the neighborhood -/- Singapore & Tango till they're sore -/- Rain dogs

Cette semaine, j'ai vu avec plaisir le film de Barry Levinson Liberty heights, qui raconte l'histoire d'une famille juive à Baltimore en 1954 et de ses relations avec les communautés noire, pour qui la ségrégation scolaire commence à prendre fin, et blanche anglo-saxonne protestante. Plusieurs scènes se passent dans le cabaret du père, qui sert de couverture à son activité de paris clandestins. La première fois qu'on entend la musique qui accompagne les strip-teaseuses, je me suis dit, tiens, on dirait une rythmique à la Tom Waits. La deuxième fois ça chantait et je me suis dit, que ça ressemblait vraiment à du Tom Waits quand il prend sa voix un peu haute. La troisième fois, je n'avais plus aucun doute, il s'agissait bien de Waits, avec un excellent titre, It's over, que j'aurais dû repérer l'an dernier quand j'ai écouté le coffret Orphans : Brawlers, bawlers & bastards sur lequel il figure.
Du coup, ça m'a donné l'idée de ressortir ce double 45 tours, un disque studio et un disque live, sorti juste après l'album que beaucoup considèrent comme le plus réussi de Tom Waits, Rain dogs. D'ailleurs, on pourra longtemps s'interroger pour essayer de comprendre pourquoi, pour faire la promotion de Rain dogs, un album plein de titres accrocheurs, Island a choisi en Angleterre de mettre en face A... un titre de l'album précédent, Swordfishtrombones, sorti deux ans plus tôt !!
C'est avec Sworfishtrombones que j'ai découvert Tom Waits et je sais précisément quand ça s'est passé. C'était le 9 mai 1984 dans la légendaire salle de concert de Londres l'Hope & Anchor. J'attendais que le concert de The Lo Yo Yo débute et la sono diffusait cette musique étrange et enthousiasmante qui, quand je me suis décidé à aller poser la question au sonorisateur, s'est révélée être cet album de Tom Waits.
In the neighborhood, avec son ambiance de fanfare de rue nostalgique, est une excellente chanson, c'est juste dommage que le label l'ait utilisée pour faire de l'ombre à celles toutes aussi bonnes de Rain dogs, de Downtown train (le single français) à Jockey full of bourbon en passant par Blind love, Hang down your head ou Clap hands. Ou encore n'importe laquelle des trois autres chansons de ce disque, qui figurent toutes sur l'album Rain dogs.
Singapore est là dans la version de l'album, et il suffit du premier vers, "We sail tonight for Singapore" pour qu'on soit dans l'ambiance. Quant à Tango till they're sore et à la chanson Rain dogs, elles sont ici dans des versions live enregistrées à Paris aux Folies Bergère le 16 novembre 1985 et introuvables ailleurs. Le choix des instruments, l'inventivité des arrangements et la finesse de l'interprétation de ces deux titres me rappellent immanquablement à chaque écoute les spectacles et le premier album de l'une de mes idoles, Lewis Furey.
J'ai deux petits regrets par rapport à Tom Waits. D'abord, ne jamais être tombé sur un exemplaire de l'édition de Sworfishtrombones qui aurait dû sortir sur son ancien label Elektra-Asylum, avec une pochette différente, et qui avait été chroniquée en grande pompe, genre album du mois avec pleine page et tout, dans Rock & Folk avant que la sortie en soit annulée. Ensuite, ne pas avoir eu l'occasion de voir l'un de ses concerts, quand c'était encore abordable (pour les rares dernières tournées de Tom Waits, les places étaient assez chères et surtout vendues en un rien de temps). J'aurais bien aimé, par exemple, être à ce concert de Paris le 16 novembre 1985, mais bon, quand je regarde mon agenda de l'époque, je me dis que je n'ai pas trop de regrets à avoir. Ce jour-là, j'étais à Glasgow, hébergé chez des membres de Primal Scream. J'y avais accompagné Dick Green pour convoyer Primal Scream et Meat Whiplash entre un concert à Aberdeen le 14 et un autre à Croydon, au sud de Londres, le 20, en première partie des Weather Prophets.


Ajout du 2 février 2008 :


En triant mes archives, j'ai retrouvé la fameuse chronique de Swordfishtrombones dans Rock & Folk, vers décembre 1982, en album du mois devant le Thriller de Michael Jackson, dont la chronique, notez-le, commence étrangement par "James White, vous connaissez ?".
L'année suivante, après la sortie effective de l'album, le chroniqueur Philippe Leblond a interviewé Tom Waits pour Rock & Folk, à propos de la non-sortie de cette version de l'album chez Elektra :
"R & F - Et la fausse sortie du disque ? Nous, on avait une bande.
T.W. - Je sais. J'allais quitter Elektra et l'album ne devait pas sortir, c'est une erreur. Tout ce que j'ai à endire c'est que je préférais l'ancienne pochette, parce que c'était un dessin de moi..."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut,

Toujours très bien ton blog!

Fin 1985, les Weather Prophets donnaient déjà des concerts? Je croyais qu'Astor avait fait une pause entre la fin du Loft et "Almost prayed"...

"In the neighbourhood", c'est aussi le nom d'un morceau sur le sublime 2e album d'It's Immaterial "Song" (1990)
T'as écouté ça à l'époque?

Pol Dodu a dit…

Winter,

Merci pour le compliment !

Pour les Weather Prophets, il n'y a pas eu du tout de pause après The Loft puisqu'ils ont sorti leur premier titre dès août-septembre 1985 (l'excellent "Worm in my brain" sur la compilation "It's different for domeheads") avant même que le groupe soit complètement formé puisque Alan McGee y tenait la basse pour accompagner Peter Astor et Dave Morgan.
Par contre, je ne m'en souvenais pas, mais ce concert que j'ai vu le 20 novembre 1985 devait effectivement faire partie des toutes premières sorties du groupe au complet avec Greenwood Goulding et Oisin Little.

Pour It's Immaterial, je pense que je connais leur premier album, mais pas du tout le second, donc pas la chanson "In the neighbourhood"...