03 juillet 2009

THE MONOCHROME SET : He's Frank


Acquis probablement chez New Rose à Paris sinon chez Rough Trade à Londres vers 1981
Réf : IR 9002 -- Edité par International Record Syndicate aux Etats-Unis en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : He's Frank -/- Alphaville

Après la parution coup sur coup en 1980 chez Dindisc des deux albums Strange boutique et Love zombies, j'ai réussi à me procurer assez vite et sans trop de difficultés les quatre 45 tours du Monochrome Set parus l'année précédente chez Rough Trade. Mais pour le tout premier de ces 45 tours, He's Frank, je ne suis pas tombé la première fois sur l'édition originale anglaise du 45 tours mais sur ce pressage américain, sorti sous licence Rough Trade par le label de Miles Copeland International Record Syndicate (I.R.S.), un label débutant en fanfare avec à son palmarès quelques inconnus certes,mais surtout de belles réussites comme le Monochrome Set, donc, mais aussi les Buzzcocks, l'excellent United de Throbbing Gristle et le John Cale électrique de Sabotage et Mercenaries, les Cramps, Wall of Voodoo, Magazine, The Beat, les Stranglers, etc.
Je n'aime pas trop cette pochette et je parierais bien que, contrairement à beaucoup d'autres pochettes, le groupe n'a pas été trop impliqué dans le choix de cette illustration à base de code à barreaux de prison, qui de plus a perdu le peu d'exotisme qu'elle pouvait avoir pour les européens en 1979, époque à laquelle les codes à barres n'étaient pas aussi omniprésents chez nous qu'ils le sont aujourd'hui.
En achetant ce disque, je ne savais peut-être même pas que ce n'était pas l'édition originale, mais c'est bien à cause de cette pochette que j'ai eu plusieurs fois par la suite l'occasion de regretter de n'avoir pas attendu un peu pour m'acheter l'édition originale du 45 tours avec sa superbe illustration attribuée à Bo Zartes.
N'en doutons pas, connaissant le Monochrome Set, ce Bo Zartes n'a jamais existé et cache l'identité d'un ou plusieurs membres du groupe (dont peut-être le guitariste Lester Square, alias Thomas W. B. Hardy, à qui l'on doit par exemple les pochettes d'Eligible bachelors, Cast a long shadow et Volume, contrast, brilliance...). Pourquoi est-ce que je m'avance autant ? Parce que Bo Zartes, cela ressemble bien trop à la prononciation par des anglais francophiles de l'expression "Beaux-Arts"...

Par contre, si on retourne la pochette, je trouve le verso de l'édition américaine plus réussi que celui de l'édition anglaise, avec cette photo qui a l'air assez rétro d'une injection avec seringue :

Côté musique, les deux disques, l'anglais et l'américain sont sensés proposer les mêmes enregistrements, ou presque. En effet, ma seule "bible", The International discography of the new wave de B George et Martha DeFoe, précise que l'édition américaine est un mixage différent. Rien de flagrant à l'écoute, mais cette information est sûrement des plus fiables car l'un des participants les plus assidus à l'élaboration ce cette discographie n'est autre que John D. Haney, ci-devant batteur du Monochrome Set à l'époque des faits !
Les deux titres sont excellents. He's Frank est l'un de ces ovnis dont le Set a le secret. Je dis ovni car je suis bien incapable de trouver un point de comparaison. C'est de la pop iconoclaste, il y a un motif de guitare accrocheur et un superbe chorus, le chant est excellent et les paroles sont drôles et énigmatiques : il est question d'un jeune Frank et de son passage à l'âge adulte ("Who'll save him from being a man, not me").
Alphaville est, avant Ici les enfants (du paradis) notamment, un premier témoignage de la cinéphilie du groupe. La production est moins léchée mais ce titre n'aurait pas du tout déparé sur Strange boutique.
He's Frank est en passe de devenir un classique. Au fil du temps, il y a eu des reprises par les Sneetches, les Grays, et surtout, je viens de l'apprendre en préparant ce billet, le premier album de The BPA (The Brighton Port Authority), le dernier projet en date de Norman Cook/Fatboy Slim, s'ouvre sur une reprise de He's Frank, avec rien moins que Iggy Pop au chant ! Si la version studio de cette reprise passe à peu près, la version live dans l'émission de David Letterman est à fuir ! En fait, le principal intérêt de cette reprise est de remettre en lumière le Monochrome Set, et accessoirement peut-être d'alimenter le compte en banque de Bid et Lester Square, les deux auteurs de la chanson.
Autre conséquence de cette reprise : j'ai bien l'impression que The BPA en a fait la promotion en expliquant que Frank Tovey de Fad Gadget en était le sujet. Première nouvelle, et sacré scoop ! En près de trente ans, je n'avais jamais lu cette info nulle part, même pas au moment de la mort de Frank Tovey...
The BPA crédite la chanson sous le titre He's Frank (Slight return). Il s'agit bien de la même chanson, simplement le (Slight return) a été ajouté au titre de la chanson fin 1979, quand The Monochrome Set a sorti fin 1979 en 45 tours trois titres démo enregistrés en avril 1978, soit avant les sessions de ce premier 45 tours.

L'édition Rough Trade de He's Frank est en téléchargement chez Always searching for music.
Les deux faces des deux éditions de He's Frank chez Rough Trade se trouvent dispersées sur plusieurs compilations chez Cherry Red, mais on les trouve rassemblées de façon pratique et simple sur The independent singles collection, toujours disponible.

6 commentaires:

LeGrosVirus a dit…

Superbe groupe que Monochrome Set... trop ignoré...

Pol Dodu a dit…

Ah, je savais bien que j'en oubliais... J'aime bien aussi les gros virus et beaucoup Monochrome Set. Et plus je les réécoute pour les chroniquer ici, plus je me dis que ce qui fait leur charme, en plus des excellentes chansons, c'est qu'ils ne prennent rien au sérieux, surtout pas eux-mêmes, mais ce trait de caractère n'a pas dû les aider pour leur carrière...

Charlie Dontsurf a dit…

Le grand retour du Monochrome Set avait été annoncé avant l'été par Bid. Deux dates étaient prévues en France (Paris en novembre et Lille en décembre). C'est annulé, au mieux reporté au printemps 2011. Bid, le chanteur, a été victime d'une hémorragie sous-archnoïdienne (cherchez pas, Docteur, c'est la tête) le 28 juillet dernier. Ca va mieux mais ... repos nécessaire. Autre conséquence de la maladie, il dissout Scarlet's Well, dont le dernier album vient de sortir, pour se consacrer uniquement à MSET.

Pol Dodu a dit…

Charlie,
J'avais justement prévu d'aller voir le Monochrome Set à Lille en décembre. Partie remise. J'espère en tout cas que Bid va continuer de bien se remettre.

Charlie Dontsurf a dit…

Cela n'a pas du être dit ici. Finalement, le Monochrome Set se présentera le 22 octobre 2011 à Boulogne Billancourt (Carré Belles Feuilles, Festival BBmix). Ce n'est pas cher (12,50 €), il y a 5 autres groupes et c'est un samedi. On n'a aucune raison de ne pas y croiser Pol Dodu !

Pol Dodu a dit…

Charlie,
Ce n'est pas impossible que je me pointe à BB, mais quand même improbable sachant que j'ai finalement renoncé à me rendre à Lille la fois où ils ont fini par s'y produire.
Ça ne m'empêche pas de recommander chaudement ce concert, d'autant qu'on m'a dit beaucoup de bien de leurs récents concerts.