12 septembre 2009

BILL HALEY : Rock around the clock


Acquis sur le vide-grenier de Germaine le 30 août 2009
Réf : LPB 106 -- Edité par Brunswick en France en 1968
Support : 33 tours 30 cm
14 titres

Sur un stand, dans une unique caisse plastique d'albums à 1 € pour la plupart sans intérêt, j'en ai quand même pris deux, datant à peu près de la même époque. Un album de jazz pour offrir, Le torride Lionel Hampton rencontre Mezz Mezzrow, sorti dans la série Panache chez Barclay, et cette compilation, une parmi la multitude de compilations multi-tubes de Bill Haley, que j'ai prise parce que je n'avais encore disque vinyl de lui et surtout parce que mon oeil avisé n'a eu aucun mal à repérer que ce n'était pas Monsieur Bill qui était en photo sur la pochette !
C'était une pratique relativement courante dans les années 50 et 60 : éviter de mettre en photo sur la pochette un artiste qui n'est pas dans le ton ou le goût de l'époque en y substituant un dessin ou une photo d'ambiance, montrant par exemple des teenagers dans le coup. La plupart du temps, cette pratique touchait des artistes noirs, mais aussi, on l'a vu par exemple dans le tout premier billet de ce blog, des vieux croulants pas dans le coup. C'est bien sûr ce qui s'est passé pour Bill, pauvre gars qui dès ses premiers succès s'est vu reprocher d'être (relativement) vieux, blanc, bedonnant ou en passe d'être chauve... D'où le choix du label de lui préférer la photo d'une jeune femme mannequin dynamique, parfaitement coiffée et maquillée, en tenue argentée de coureur automobile qui rappelle un peu la Françoise Hardy des tenues métalliques de Paco Rabanne.
Comme l'indiquent deux discographies spécialisées, l'une anglaise et l'autre française, cette compilation est sortie à l'origine en Allemagne en 1965 sous la référence BM 8588, créditée à Bill Haley and his Comets sous le titre The very best of Bill Haley. Cette référence figure en second sur les étiquettes de mon disque, dont la pochette a été imprimée en France en avril 1968. Il s'agit donc d'une réédition ou d'une édition française tardive de la compilation de 1965, l'origine allemande étant confirmée au dos par la reproduction d'une pochette d'un album des Who de la série Musik für alle.
En choisissant cet album, je pensais acheter une compilation grand public très courante. Mais ces disques en série économique ont souvent été méprisés et je n'ai trouvé sur Internet ni la pochette de l'album de 1965 ni aucune référence à mon album (et encore moins sa pochette) ! Peut-être que la grève générale de mai 68 a gêné la diffusion de cet album ? Ce qui me parait en tout cas évident, au vu de la typographie pseudo-psychédélique et de la photo, c'est que cette pochette date bien de 1968 et pas de 1965.



Le disque s'ouvre bien sûr avec le classique des classiques Rock around the clock. L'histoire de cette chanson est fascinante, puisque, après diverses péripéties, Haley ne l'a éditée qu'en face B d'un de ses singles en 1954, peut-être parce qu'en fait c'est presque une resucée (même structure, paroles proches, solo de guitare quasi-identique) de Rock the joint, un titre qu'il avait sorti en 1952. Ce n'est qu'avec la sortie du film Blackboard jungle/Graine de violence en 1955 que la chanson rééditée est devenue un tube et Bill Haley une superstar.
Batterie sèche, contrebasse, guitare électrique et saxophone, ces ingrédients de base se suffisent à eux mêmes pour les enregistrements rassemblés ici, datant de 1954 à 1959. Si les reprises de classiques rock'n'roll sont honnêtes (Shake, rattle and roll et Rip it up), je leur préfère les différents rythmes plus ou moins exotiques mis à la sauce rock'n'roll comme Rock-a-beatin' boogie, Mambo rock, Rockin' Matilda et When the saints go rock'n'roll.
Un de mes titres préférés est la version de Skinnie Minnie (c'est le titre indiqué ici, au lieu de Skinny Minnie), mais j'aime aussi beaucoup les trois extraits de l'album Strictly instrumental de 1959, Skokiaan (une chanson sud-africaine), Joey's song et Chiquita Linda.
Si j'aime bien la chanson A fool such as I, que je connais surtout par Elvis Presley, et si j'avais déjà une version de Charmaine sur mon 45 tours des Four Knights, ces deux slows détonnent un peu et cassent le rythme de cet album.
Au bout du compte, un disque anodin choisi surtout pour sa pochette se révèle plutôt excellent musicalement (mais ça je m'en doutais et je l'espérais) et peut-être un peu rare. Une bonne surprise...


Bill Haley en personne. Une autre conception du charme que celle qui prévaut sur la pochette de cet album.

1 commentaire:

Pol Dodu a dit…

Et maintenant que j'ai lu l'excellent et très documenté livre de Jim Dawson, "Rock around the clock : The record that started the rock revolution" (2005, 207 p.), je sais tout ce qu'il y a à savoir et même plus sur l'histoire mouvementée de la chanson "Rock around the clock" et de Bill Haley.