27 juin 2010

THEMBI : Kwela mfana


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 4 février 2010 -- Echantillon gratuit - Vente interdite
Réf : 6109 126 -- Edité par Biram en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Kwela mfana (Cé dansé) -/- Taxi jive (Il t'excite)

Difficile à croire, mais c'est vraiment une coïncidence. D'ailleurs, je ne pensais même pas avoir un deuxième disque de kwela chez moi, en plus de celui des Piranhas. Mais hier, j'en ai eu marre de voir traîner ce 45 tours depuis des mois sur une de mes piles de disques en attente, alors je l'ai pris pour l'écouter une deuxième et dernière fois avant de le ranger pour de bon.
La première fois, c'était juste après l'avoir acheté, lors de l'une de mes virées parisiennes chez Gilda. Les deux sous-titres en créole/français de ce disque de musique africaine m'avaient donné de bons espoirs (et m'avaient décidé à l'acheter), mais j'avais été assez déçu, trouvant ça un peu mou et quelconque.
En général, je laisse toujours au moins une deuxième chance à ce genre de disque avant de ranger pour de bon et hier, quand j'ai entendu les premières notes, je me suis dit que ce rythme cousin du reggae était assez proche de celui de Tom Hark, que j'ai quand même pas mal écouté cette semaine pour  le chroniquer. Ce n'est qu'à ce moment-là que mes yeux se sont posés sur la pochette et que j'ai vu que le premier mot du titre de la chanson que jécoutais était "kwela" !
Coïncidence amusante, mais ce n'est pas pour autant que j'ai modifié mon premier jugement. Ce disque n'est pas mauvais, mais il manque de pêche, ce qui est un comble pour de la musique africaine ! La kwela des Piranhas et le jive de Lizzy Mercier Descloux sur son disque enregistré en Afrique du Sud en ont plus, c'est dire.
J'ai quand même essayé d'en savoir un peu plus sur la chanteuse Thembi (Zikhali). Elle n'a apparemment sorti qu'un seul album, en 1977, sur lequel on retrouve ses différents 45 tours, dont l'excellente chanson de Myriam Makeba Pata pata, sauf qu'il s'agit là d'une version disco...!
Si Thembi a pu réaliser ces enregistrements solo, elle le doit sûrement à l'énorme succès international en 1975 de A.I.E. (A mwana), le premier 45 tours du groupe Black Blood, une chanson que j'ai beaucoup chantonnée à  l'époque. Sur l'album correspondant, Thembi jouait de l'orgue et chantait. Son disque solo a été enregistré avec la même équipe de production belge qui avait lancé Black Blood, un groupe qui a éclaté assez vite après le succès de A.I.E.
Pour ma part, il ne me reste plus qu'à aller retourner mes étagères pour vérifier qu'il ne s'y cache pas une pile de disques de kwela !

26 juin 2010

DENIM : Middle of the road


Acquis d'occasion vers 1995
Réf : 869909-2/BOICD12 -- Edité par Boy's Own en Angleterre en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Middle of the road -- Ape-hangers -- Robin's nest -- The great grape ape-hangers

Je viens de terminer la lecture de Foxtrot Echo Lima Tango, le livre-fanzine dédié à Felt auquel j'ai eu le plaisir de contribuer avec une version anglaise du billet sur Ignite the seven cannons, qui raconte notamment mon premier concert de Felt à Manchester en novembre 1985.
Une lecture passionnante pour les fans de Felt, avec notamment des témoignages d'anciens membres du groupe (Phil King, Marco Thomas et Gary Ainge) et des textes de grands noms du monde des fanzines comme Kevin Pearce et Alistair Fitchett. J'ai particulièrement apprécié les deux interviews inédites de Lawrence, une de 1985 par Chris Heath et une de 2005 par Alistair Fitchett.
Grâce à la première, j'ai été tout surpris d'apprendre que, au moment de la sortie de Primitive painters en septembre, un des deux albums préférés de 1985 de Lawrence était... Rockin' and romance de Jonathan Richman & the Modern Lovers ! Même s'ils ont certainement en commun un goût prononcé pour Lou Reed, malgré mes obsessions personnelles je n'aurais jamais osé de moi-même associer Lawrence et Jonathan !! Lawrence précise qu'il regrette que beaucoup ne voient en Jonathan Richman qu'un comique et que c'est le meilleur artiste de scène qu'il ait vu. Je suis bien certain que, les quelques fois où j'ai été amené à passer un peu de temps avec Lawrence, notamment dans le mini-bus de la tournée de février 1987,  mon grand intérêt pour la musique de Jonathan Richman a dû être évoqué, notamment à propos de l'encore tout frais concert du 13 juin 1985 à Reims, mais je ne pense pas que Lawrence ait jamais mentionné qu'il l'appréciait aussi, sinon ça m'aurait marqué !
Il y a un autre lien avec les Modern Lovers dans le livre car Dickon Edwards m'a rappelé dans son article que Lawrence chante "I'm in love with the modern world" dans I'm against the eighties sur le premier album de Denim.
Tout ça m'a fait pensé que je n'avais pas réécouté Denim depuis longtemps et que d'ailleurs je connaissais assez mal les deux albums du groupe que je possède, Back in Denim, que j'ai quand même pas mal écouté à sa sortie, et Denim on ice, qui n'a pas dû passer plus de trois ou quatre fois sur ma platine CD. La bonne preuve : je n'avais aucune idée qu'une chanson de Denim on ice avait pour titre Mrs Mills. Même si les paroles n'y font pas clairement allusion, je suis bien sûr que c'est de la Susan Boyle pianiste des sixties qu'il est question.
A cette occasion, j'ai retrouvé un troisième et dernier lien avec les Modern Lovers puisque le riff principal de ce Middle of the road, un titre du premier album et la face A du premier single de Denim, est celui de Roadrunner.
Dans l'interview avec Alistair Fitchett, Lawrence explique que cette chanson est la première de l'album qu'il a écrite, à Brighton alors qu'il logeait chez Alan McGee. Les paroles "sacrilèges" de cette chanson ("I hate the Stones and I hate blues, Eddie Cochran and Blue suede shoes, I hate the King I hate Chuck Berry, I hate Hooker I hate Leadbelly, aallrightt!") ont été écrites en réaction à Primal Scream. Et franchement, je le comprends. A l'époque, vers 1989, celle du deuxième album, le groupe était dans une phase rockiste assez insupportable (il y en a eu deux ou trois autres depuis), dont il a pu sortir par le haut  grâce surtout à la transformation magique de I'm losing more than I'll ever have en Loaded par Andrew Weatherall. Le concert du 23 janvier 1990 au New Morning était particulièrement surprenant, avec Robert Young en pantalon moulant, digne d'un membre de Def Leppard, et une bonne partie des autres membres du groupe en pantalon de cuir.
Pour continuer le petit jeu des références, on en revient vite aux seventies, comme toujours avec Denim et comme l'illustre si bien le logo du groupe sur la pochette (à l'origine, Lawrence s'était carrément approprié le logo de Bell Records). Middle of the Road, dans ce contexte graphique, fait obligatoirement penser au groupe écossais du début des années 70, connu notamment pour Chirpy chirpy cheep cheep. "Middle of the road", c'est aussi l'expression anglaise qui désigne la musique de variétés, méprisée par les vrais rockers, et Lawrence l'utilise aussi littéralement dans la chanson : "It's your right to choose who you listen to, it's your rock'n'roll, you will find me in the middle of the road".
Les références 70's continuent avec les trois faces B, au son synthé glou-glou typique de Denim. Ape-hangers est une bonne chanson dont le titre fait référence aux guidons de moto rallongés. Robin's nest est carrément la reprise, instrumentale et sans grand intérêt, de l'indicatif d'une série anglaise de 1977. Quant à The great grape ape-hangers, c'est un autre instrumental. En-dehors de la présence de "ape-hanger" dans le titre, je ne vois pas de rapport évident avec l'autre morceau, par contre le titre semble être un jeu de mots-valise avec celui d'un dessin animé des années 1970, The great grape ape show, (Momo et Ursul en France !).
On voit bien qu'on est très loin de Felt et, après avoir réécouté tout Denim, je confirme ce que j'ai toujours su : je préfère de loin Felt à Denim. Même si Denim est souvent amusant, même si la voix de Lawrence est toujours la même, même s'il y a pas mal de titres que j'aime bien, Denim restera toujours pour moi un groupe de seconde zone. Si l'idée de marquer le changement de groupe en changeant de tissu, du feutre ("felt") au jean ("denim"), est excellente, Denim  n'est que le second groupe de Lawrence, qui fonctionne le plus souvent au second degré. Là où, avec Felt, Lawrence a créé, à partir de quelques influences comme Television ou Dylan, quelque chose d'unique et d'original, Denim ne fonctionne que par dérivation. D'où les multiples citations dans la composition, d'où tous ces titres qui font référence à la musique elle-même ("rock, "pub rock", "song", "best song", "synthesizers").
J'ai toujours eu du mal à avaler la posture à la base du concept Denim (Rejetons les horribles années 80, les années Felt, et célébrons les magiques années 1970, celles de la jeunesse de Lawrence). Même si je reconnais que Lawrence a poussé le truc jusqu'au bout du bout, réussissant à obtenir - difficilement - un budget d'enregistrement conséquent et allant même jusqu'à recruter des membres du Glitter Band (dont le batteur Pete Phipps, qu'on voit ci-dessous je pense dans l'extrait de l'émission de Jools Holland), j'ai toujours un petit pincement au coeur en entendant les paroles au ras des pâquerettes de Denim, abordant souvent le manque de succès de Lawrence et son envie d'en avoir. Les titres des chansons parlent d'ailleurs d'eux-mêmes puisque, de Felt à Denim, on passe de Sunlight bathed the golden glow à Summer smash ou de Song for William S. Harvey à Tampax advert !


Le clip vidéo de Middle of the road.


Lawrence avec Denim en plein trip glam dans l'émission Later with Jools Holland le 12/11/1992 (son pourri).

24 juin 2010

THE PIRANHAS : Play kwela !


Acquis d'occasion à Londres au début des années 1980
Réf : SIR 4044 -- Edité par Sire en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Tom Hark -/- Getting beaten up -- Boyfriend

Je ne m'intéresse pas particulièrement à ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud, mais je ne vis pas non plus dans un vase clos. J'ai donc entendu parler depuis deux semaines de certaines trompettes en plastique au son mélodieux, embouchées en grand nombre dans des stades. A chaque fois, ça me fait penser à deux choses. Aux sans-gêne d'abord, ces cotillons munis d'une trompe en plastique qui se déroulent quand on souffle dedans (En fait, je ne savais pas comment ces choses s'appelaient, il a fallu que je cherche ! J'aurai au moins appris quelque chose aujourd'hui). Et puis aux Piranhas ensuite, particulièrement à Tom Hark, leur tube sur un air de kwela, une musique traditionnelle des fêtes du Cap. Et quand je lis tous les commentaires superfétatoires suscités par ces trompettes, je me dis : "Vous, vous êtes là à vous boucher les oreilles et moi je danse la kwela avec les Piranhas !".
La kwela se joue notamment avec des pipeaux ou des flutiaux, et là pour le coup ça me rappelle des bonbons qu'on achetait à la boulangerie, en forme de flûte à coulisse. Ça pourrait aussi rappeler le flageolet de la sardane, mais la kwela est tellement endiablée que ce serait une Sardane de Saint-Guy !
Bien que le groupe se soit formé et ait commencé à sortir des disques auparavant, le peu de succès que les Piranhas ont obtenu l'a été en surfant sur la vague ska de 1979. Ils avaient tout à fait leur place entre The Beat pour le côté festif de la musique des îles et Madness pour le côté populo des paroles et des accents, sauf donc que, au lieu d'aller chercher du côté de la Jamaïque pour leur seul vrai petit tube (n° 6 dans les charts anglais), ils sont allés repêcher un vieux titre africain.
Tom Hark est en effet une reprise d'un titre crédité à Elias and his Zig-Zag Jive Flutes, qui a connu un gros succès à la fin des années 1950, avec trois millions d'exemplaires vendus de par le monde, Elias étant le pseudonyme de "Big voice" Jack Lerole. Le titre au départ était instrumental, mais les Piranhas y ont ajouté à bon escient une partie chantée par Boring Bob Grover. Par la suite, le groupe a essayé de reproduire ce succès au goût africain, avec les singles Vi gela gela et Zambesi notamment, mais ça n'a pas marché.
On notera que la pochette, dont le recto et le verso ont un côté volontairement rétro,affiche un côté festif, avec une parade devant l'embarcadère de leur ville natale, Brighton. Sauf qu'il y a un champignon atomique à l'arrière-plan !
Les deux titres de la face B illustrent plutôt le côté pop-punk des Piranhas. Getting beaten up est une chanson sur l'une des joies de l'adolescence ("Getting beaten up is part of growing up").  Cette chanson a ensuite été jugée assez bonne pour ouvrir l'unique l'album des Piranhas, sorti quelques mois après ce 45 tours. Sauf erreur de ma part, Boyfriend est l'histoire classique d'un gars qui se prend un rateau ("No thanks, I'm waiting for me boyfriend"). Elle n'est pas sur l'album, mais elle a été considérée assez bonne pour ouvrir Tom Hark - The Piranhas collection, une compilation CD parue il y a quelques années, qui contient d'ailleurs les trois titres de ce 45 tours.



20 juin 2010

IKE & TINA TURNER : The soul of Ike & Tina Turner


Acquis sur le vide-grenier de Dizy le 30 mai 2010
Réf : 30 CV 1362 -- Edité par Musidisc en France dans les années 1970
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Je ne suis pas resté longtemps à Dizy car il y avait relativement peu de stands et le temps était sombre et menaçant, mais mine de rien j'en suis revenu avec pas mal de disques intéressants. Entre le James Last et le Jean Ségurel, il y avait ces deux bonshommes, deux potes, sympas, qui semblaient plus intéressés par leur conversation que par la vente. Ils avaient un carton de 33 tours à 50 centimes, tout droit sortis d'un grenier vue l'odeur de poussière qu'ils dégageaient. Les vautours du vinyl, qui achètent pour revendre, étaient déjà passés par là beaucoup plus tôt dans la matinée, bien sûr, mais ils avaient dédaigné plusieurs albums Musidisc, des disques considérés comme des sous-produits dès leur sortie dans les années 70, des séries économiques vendues 14 F 90 ou 13 F 45 dans les grandes surfaces.
Même si la maquette des pochettes est moche, il s'agit de réédition d'enregistrements originaux des années 60 et j'ai pris avec plaisir Promised land, une compilation de Chuck Berry de 1975, "Version originale U.S.A. Terre promise" comme il est précisé sur la pochette, en référence à la reprise de cette chanson que Johnny H. a sortie cette année-là.
Il y avait trois albums de Ike & Tina Turner. J'en ai laissé un car il était vraiment en trop mauvais état, mais j'ai pris ce The soul of Ike & Tina Turner et So fine.
Au moment de payer, j'ai eu un coup au coeur car le gars m'a dit que, si les disques m'intéressaient, il avait aussi un carton de 45 tours. J'espérais la bonne affaire, mais malheureusement tous ces disques étaient sans intérêt, contrairement aux albums.
J'avais déjà écouté des compilations CD des débuts de Ike & Tina Turner et je savais qu'ils avaient fait de très bonnes choses, mais j'ai eu une bonne surprise une fois rentré à la maison quand j'ai constaté que mes disques n'étaient pas de simples compilations de titres anodins ou d'enregistrements obscurs, mais des rééditions d'albums entiers. Enfin presque.
Mon So fine est la réédition d'un album sorti chez Pompeii en 1968. Quant à The soul of Ike & Tina Turner, c'est la réédition aux 10/12e d'un album sorti sous ce titre chez Kent en 1964, à ne pas confondre avec le tout premier album de Ike & Tina Turner, également titré The soul of Ike & Tina Turner, sorti chez Sue en 1960 !
10/12e car il manque sur mon disque deux chansons de l'album original,
If I can't be first et Am I a fool in love. Elles sont remplacées par deux très bons instrumentaux, Black's alley et Getting nasty, qui eux proviennent de A black man's soul, un album de 1969 crédité à Ike Turner & the Kings of Rhythm.
Globalement, les titres de 1964 constituent un excellent album de rhythm 'n' blues. Techniquement, la production n'a pas la clarté et la pêche des disques Stax, mais Ike, Tina, leur orchestre (notamment les cuivres) et les Ikettes proposent des arrangements et des interprétations de grande qualité de titres qui, pour la plupart, sont des originaux de Ike Turner.
Mon préféré est sûrement Something came over me, avec un riff de guitare crade en intro, Tina en duo avec Ike (je présume) et les Ikettes qui s'en mêlent. J'aime aussi particulièrement Goodbye so long, un rock digne de Chuck Berry,  sauf que Chuck ne bénéficiait pas de l'apport de Ike et des Ikettes, Gonna have fun, qui a un côté pop à la Motown, et I wish my dream would come true, où Tina fait montre de l'énergie et de l'abattage vocal qui ont fait sa gloire.

Les titres de 1964 de ce disque sont réédités sur le CD The Kent years.
Si vous cherchez de la lecture pour accompagner votre écoute, je vous conseille vivement Comme se dire adieu ? de Laurie Colwin (Goodbye without leaving, 1990), un exemple rare de roman qui réussit à intégrer de façon vivante et vraie des références musicales (Combien pourriez-vous en citer en plus de Haute fidélité ?). Il y est question d'une étudiante américaine qui se retrouve à partir en tournée en tant que choriste blanche des Tremblettes, qui accompagnent Vernon et Ruby Tremblay, des personnages visiblement modelés sur Ike & Tina Turner.


19 juin 2010

M. WARD : Live music & the voice of strangers


Acquis au Pop Art Café à Reims le 26 octobre 2001
Réf : [MWARD2001] -- Edité par M. Ward aux Etats-Unis en 2001
Support : CD 12 cm
12 titres

Après le Road map 98-99 de Calexico, voici un autre exemple de disque auto-édité vendu uniquement aux concerts.
Ce 26 octobre 2001, M. Ward se produisait au Pop Art Café de Reims pour un concert à entrée gratuite organisé dans le cadre du festival Octob'rock. Il était accompagné de son Band of Two (Jordan Hudson et Tony Moreno) mais, contrairement à son précédent passage en ville moins d'un an plus tôt et de façon très étonnante, ils ont donné une prestation très électrique, rock au point que le concert a été écourté par la police pour tapage avant même 22 heures suite à des plaintes de voisins. Et dire que ce festival était devenu quasiment "institutionnel" et bénéficiait du large soutien de la municipalité ! Sans ça, les propriétaires du café auraient peut-être eu droit en prime une fermeture administrative... En tout cas, cette fin abrupte m'a donné l'occasion d'aller voir Brigitte Fontaine faire son show au Cirque, mais pas sans que j'ai acheté à Matt ce Live music & the voice of strangers.
Le titre de l'album annonce bien la couleur : de la musique enregistrée en concert (à un titre près) mais sans fioriture et peut-être même avec un simple magnétophone dans le public pour certains titres, si bien qu'on entend sur plusieurs titres la voix d'étrangers, membres du public souvent. Pendant la bonne reprise de Pale blue eyes, enregistrée à la MJC Claudel de Reims le 11 décembre 2000, la toux enfumée d'un spectateur est presque comme un instrument supplémentaire.
La plupart de ces titres ont en effet été enregistrés pendant les premiers passages en Europe de M. Ward fin 2000 et peut-être aussi début 2001. J'ai moi-même un peu l'impression d'avoir passé une bonne partie de l'automne 2000 avec M. Ward. Nos chemins se sont croisés une première fois le 20 octobre à Reims, où il faisait partie de la formation superstar de Giant Sand avec Candie Prune et John Parish, jouant à chaque fois quelques-uns de ses propres titres. Trois jours plus tard, il était évidemment encore là à l'Olympic de Nantes pour l'affiche de rêve associant Giant Sand et Jonathan Richman. Il y a sur ce disque trois titres de cette tournée, enregistrés à Marburg en Allemagne, avec la participation du trio de base de Giant Sand, Joey Burns, John Convertino et Howe Gelb.
Rebelote en décembre, mais là Matt tournait sous sa propre bannière. En première partie de Grandaddy à l'Aéronef de Lille le 8, le concert a débuté très tôt, si bien qu'avec Philippe R. nous avons raté le début de sa courte prestation. Nous étions par contre au premier rang et à l'heure trois jours plus tard pour le retour de Matt à la MJC Claudel, en tête d'affiche cette fois-ci.
Quatre des titres de ce CD ont été enregistrés à Claudel ce 11 décembre 2000. Deux autres l'ont été sûrement entre les concerts de Lille et de Reims, lors de l'une de ces fameuses "scènes partagées" du Théâtre d'Arras, avec sur un titre la participation de The Married Monk.
Ce disque propose des titres de la période de Duet for guitars #2, le premier album de Matt dont il faisait la promotion à l'époque (excellentes versions de Beautiful car, Good news, Carolina, Scene from #12), associés à des reprises et des titres inédits, dont le court instrumental Brazillience (finalement sorti en 2005 avec le titre Regeneration n°1 sur l'album Transistor radio), l'excellent Flashlight (avec Giant Sand; je pensais que ce titre était disponible officiellement ailleurs mais je n'en trouve pas trace), Famous Dave (une chute de studio des sessions de End of Amnesia) et E.S.P. (& a knockout punch), inspiré par une chanson de Cibo Matto du même titre.
Parmi les reprises, outre celle de Pale blue eyes, on trouve Saturday de Yo La Tengo et, pour deux des grands moments du disque, Let's dance de David Bowie et Someday de Louis Armstrong.
Cette version de Let's dance enregistrée au Spitz de Londres, la première fois que je l'ai écoutée (quelques semaines plus tôt, sur le CD Let them in, all of them de Comes with a smile), j'ai été à la fois surpris car, après que Matt a annoncé en intro "This is a love song", il m'a fallu un moment pour reconnaître le tube de Bowie, tellement matraqué partout avec son clip dans les années 80 qu'il m'a toujours été insupportable) et pris aux tripes par cette interprétation poignante et prenante. La version studio sortie en 2003 sur Transfiguration of Vincent, si elle a le même arrangement, perd une grande partie de l'émotion ici présente.
M. Ward est l'un des rares chanteurs contemporains à s'intéresser de près à Louis Armstrong. Il a inclus une version de Sweethearts on parade en 2005 sur Transistor radio (et la même année, il reprenait Wonderful world sur la scène de La Guinguette Pirate) que j'ai toujours trouvée décevante en comparaison de cette reprise de Someday. Le principe est le même que pour transformer Let's dance : le rythme est fortement ralenti et la voix est retenue. Avec la spontanéité du live ça marche vraiment bien et l'émotion est aussi très présente, d'autant plus qu'on bénéficie des prestations de Howe Gelb au piano, John Convertino à la batterie et Joye Burns à la contrebasse.

(Someday est en écoute ci-contre, dans le radio-blog de la colonne de droite)


Jordan Hudson, Matt Ward et Tony Moreno à la M.J.C. Claudel de Reims le 11 décembre 2000. Photo : Pol Dodu.


Cliquer pour agrandir

13 juin 2010

JEAN SEGUREL : Du twist à la bourrée


Acquis sur le vide-grenier de Dizy le 30 mai 2010
Réf : SOE 3685 -- Edité par Odéon en France en 1962
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Twist auvergnat -- Chantons la montagne -/- Tango de mon pays -- Caiffe te bian

Quelques minutes après le James Last, en me dépêchant car la pluie menaçait, j'ai acheté à un stand deux 45 tours, celui-ci et un du groupe de pub-rock les Kursaals.
Je me répète, mais en général on peut acheter les disques de twist sans hésiter. Ils ne sont jamais entièrement mauvais, sauf peut-être ceux chantés par certains yé-yés. Et le twist a eu tellement de succès qu'il a été mis à toutes les sauces musicales. Mine de rien, du twist à l'accordéon, on en a déjà parlé ici avec le EP de Jacky Noguez, mais ce disque est non seulement joué à l'accordéon, il est en plus auvergnat !
Des disques de Jean Segurel, j'en vois presque sur tous les vide-greniers depuis des années. Je les ai toujours dédaignés en me moquant intérieurement de sa tenue auvergnate traditionnelle en blouse, chapeau et p'tet' même bien des sabots aussi parfois. Mais la possibilité d'écouter à jeun une bourrée twist, ça ne se manque pas !
Sauf que, comme le titre du EP le précise bien, le  premier titre du disque est bien un twist et le dernier une bourrée mais les musiciens ne sont pas lancés dans la création d'un hybride de ces deux styles.
Twist auvergnat débute de façon assez attendue, sur un rythme enlevé avec un accordéon et une guitare qui se répondent.  La surprise, c'est au bout d'une minute de découvrir qu'on a à faire à un titre chanté :

Yé yé yé, regardez-moi
Yé yé yé, c'est bien comme ça
Moi aussi je danse sur cette cadence
C'est amusant, essayez ce pas
En vous balançant
C'est le twist auvergnat, bouge pas !

Pour changer d'la bourrée
On n'a pas copié l'étranger
Au pays, vous voyez, on sait aussi twister

Yé yé yé, tout comme moi
Yé yé yé, faites-comme ça
Car chez nous on danse sur cette cadence
Le coeur content, nous faisons ce pas
En nous balançant

C'est le twist auvergnat, bouge pas !


Ça reste chauvin, on le constate, mais pas raciste au moins !
Là-dessus s'enchaînent un solo de saxo puis un solo de guitare ponctués de coups d'accordéon pour donner au bout du compte un twist mémorable.
Les trois autres titres ne sont pas aussi remarquables, mais je les ai trouvés malgré tout tout à fait honorables.
Chantons la montagne est une valse dans la pure tradition musette (je crois), chantée également, de façon très emphatique. Tango de mon pays est bien un tango, et moi les tangos, depuis Lewis Furey, ça me fait systématiquement craquer.
Caiffe te bian est la bourrée annoncée. Ce doit être une des premières bourrées à entrer dans ma discothèque. L'accordéon est ici accompagné d'un instrument qui, sauf erreur de ma part, doit être une sorte de cornemuse.

A lire chez Accordéon et accordéonistes un billet très complet et passionnant de Philippe Krümm, Jean Ségurel l'homme qui faisait chanter les bruyères....

12 juin 2010

THE KNACK : My Sharona


Acquis neuf à Châlons-sur-Marne en 1979
Réf : 2S 008 85921 -- Edité par Capitol en France en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : My Sharona -/- Let me out

L'autre jour, j'écoutais dans ma voiture une compilation CD des plus grands succès de 1979. A un moment, les premières notes de My Sharona sont sorties des haut-parleurs. Normal, ce premier 45 tours de The Knack a été un tube mondial énorme cette année-là. J'ai acheté ce disque à sa sortie et je connais donc cette chanson par coeur mais, à part quelques passages radio attrapés au hasard, ça devait faire des années (et même peut-être plus de deux dizaines d'années) que je n'avais pas écouté cette chanson complètement et attentivement.
Et là, j'ai eu un choc. La batterie en entrée, la grosse ligne de basse qui fait tout le sel de la chanson, les saccades de guitare, le chant nerveux, tout cela m'a fait penser, à ma grande surprise, à... Devo ! Pas le Devo synthétique, mais le Devo électrique sans séquenceur et avec quasiment pas de synthés de 1977-1978. Plus précisément, au fur et à mesure que la chanson se déroulait, je me suis mis à faire un parallèle avec Girl u want, le premier single de Devo extrait de leur troisième album Freedom of choice, en 1980. Les chansons ne sont pas identiques et Devo n'a pas littéralement pompé The Knack, mais il y a plein de points communs entre les deux chansons.
Il m'aura fallu une trentaine d'années pour me faire cette remarque, mais ce n'est absolument pas un scoop ! Une fois rentré à la maison, j'ai pu constater en quelques clics que la proximité entre les deux chansons est bien connue. Il parait même que les musiciens de Devo ont expliqué à un moment donné qu'ils avaient à l'époque volontairement essayé de composer un titre "à la My Sharona". Pari à moitié réussi car Girl u want n'est pas une mauvaise chanson, même si elle est loin d'être ma préférée sur cet album. Par contre, pour connaître le succès Devo aura dû attendre le 45 tours suivant, Whip it, pas très différent musicalement mais dont les ventes ont été boostées par une vidéo très réussie.
J'ai vu la pochette de ce disque pour la première fois un jour que je me promenais au Centre Hôtel de Ville à Châlons, dans la vitrine d'un magasin de radio-télé-électro-ménager qui se situait pile entre le Prisunic et le Grand Bazar de la Marne. Je connaissais et j'appréciais déjà à ce moment My Sharona pour l'avoir entendue à la radio, mais la jeune femme accorte sur la pochette, en marcel, sans soutien-gorge en-dessous, la pochette de l'album de The Knack sous le bras, a achevé de me convaincre d'acheter le disque. Sauf que, cette boutique étant un peu plus cher, j'ai dû l'acheter ailleurs à Châlons.
J'avais beau être un lycéen naïf, je savais très bien pourquoi le label avait mis cette fille en photo sur la pochette. L'étonnant, c'est presque que les membres du groupe aient eu droit sur leur propre album à une photo en gros plan, pas très vendeuse mais dans le style Beatles. Je n'ai d'ailleurs jamais douté que Capitol s'était attaché pour l'occasion les services d'un mannequin professionnel. Et bien, je me trompais complètement. J'ai été tout surpris d'apprendre cette semaine que la fille sur la pochette était la petite amie à l'époque de  Doug Fieber (Le chanteur de The Knack, qui est mort au début de cette année), et plus encore que cette femme est Sharona Alperlin, la Sharona de la chanson !!
En bonne américaine, Sharona a su exploiter la célébrité que lui a valu cette chanson. Elle exerce la profession d'agent immobilier à Los Angeles et son site s'appelle tout simplement mysharona.com.
Aujourd'hui encore, The Knack est classé comme un groupe new wave, mais c'est uniquement dû au fait qu'ils sont apparus en 1979, en pleine période new wave. Leur truc en fait, c'est tout bonnement de la power pop, complètement ancrée dans les sixties. Je n'ai jamais écouté aucun autre de leurs disques, mais je doute qu'ils aient jamais écrit quoi que ce soit qui approche la perfection de My sharona, ce que semble confirmer le caractère quelconque de la face B de ce 45 tours, Let me out, une chanson pourtant sélectionnée pour ouvrir l'album Get the knack.


The Knack, My Sharona, live en 1979

11 juin 2010

PULP : The sisters EP


Acquis à la Petite boutique primitive à Reims en 1994
Réf : CID 595 / 858703-2 -- Edité par Island en France en 1994
Support : CD 12 cm
Titres : Babies -- Your sister's clothes -- Seconds -- His 'n' hers

La dernière fois que mon regard a croisé celui de Jarvis Cocker, c'était il y a quelques semaines dans l'Eurostar. Il n'était pas dans le train (en tout cas, je ne l'ai pas vu), mais il était présent à toutes les places en couverture du magazine publicitaire de la ligne. En effet, à force de faire la navette entre Londres et Paris, Jarvis a signé un contrat avec Eurostar pour faire leur promotion. Du coup, j'ai fait une entaille à l'un des mes principes qui veut que je repousse dédaigneusement les revues de ce type et je l'ai ouverte pour y lire l'interview de l'ex-chanteur de Pulp.
La seule fois où j'ai vu Jarvis Cocker en personne, c'était le 31 mai 1994 à L'Usine de Reims pour un concert dont je garde principalement un souvenir, celui des acrobaties de Jarvis, ce grand dégingandé, qui s'est rendu compte à un moment qu'il pouvait grimper à un poteau et avancer sous le plafond jusqu'au-dessus du public en s'agrippant à des tuyaux, ce qu'il n'a pas manqué de faire à plusieurs reprises tellement visiblement ça l'amusait.
A ce moment, mon intérêt pour Pulp commençait déjà à décliner, même si le tube Common people me plaisait encore pas mal. En fait, en regard de la longévité du groupe, et même si j'avais depuis lontemps et complètement par hasard le premier enregistrement publié du groupe, cet intérêt aura duré très peu de temps, grosso modo de 1992, à la sortie de l'album Separations, jusqu'à 1994 avec l'album His 'n' hers et ce EP qui l'a suivi. Vers cette époque, grâce notamment à des rééditions, j'ai pu découvrir avec retard et apprécié certains disques de Pulp des années 80, notamment l'album Freaks et le single Little girl with blue eyes.
Babies est sorti à l'origine en 1992 chez Gift, un label qui a sorti en tout trois singles de Pulp qu'Island s'est empressé de rééditer en mini-album sous le titre Intro pour faire monter la sauce quand ils ont signé le groupe. Mais cette chanson était tellement bonne qu'elle a été incluse dans une version à peine rebidouillée sur l'album His 'n' hers. Mieux encore, après avoir extrait de cet album Lipgloss et l'excellent Do you remember the first time ?, Island a ressorti Babies en single, sous l'intitulé Sisters EP. Ça a plutôt bien marché puisque ce disque a bien préparé le terrain pour le succès de Common people en atteignant la 19e place des charts anglais.
De ce que je connais de la production du groupe, Babies est l'une des chansons de Pulp que je préfère. En plus, sortie pile au milieu de la carrière du groupe, ayant eu à la fois pas de succès (la première fois) et du succès ensuite, elle est parfaitement représentative du parcours tortueux de Pulp. C'est aussi une espèce rare dans le pop-rock indépendant anglais, une chanson qui, sans rien devoir à dance music, est vraiment dansante, parfaite pour ce qu'ils appellent outre-manche les "indie discos".
Les trente premières secondes instrumentales de la chanson sont parfaites, de l'intro à la guitare façon New Order (Ceremony ?) aux petits riffs qui suivent, de la ligne de basse iconoclaste et accrocheuse aux petits coups de synthé rétro façon Denim. Ensuite, Jarvis entreprend de nous raconter son histoire, une sorte de marivaudage ado où il est question d'écouter avec une copine les ébats de la soeur aînée de celle-ci dans la chambre à côté. Mais écouter ça ne suffit pas longtemps, alors pour voir le narrateur se cache dans l'armoire de la chambre, avant de se faire surprendre deux fois de suite, d'abord dans l'armoire par la grande soeur et ensuite par la petite soeur, en pleine action sur le lit avec l'aînée.
Cet EP s'appelle Sisters car, comme il est indiqué sur la pochette,Your sister's clothes met en scène les deux soeurs quatre ans plus tard et donne l'occasion à la plus jeune de se venger. Sauf que cette nouvelle chanson, narrée par Jarvis sur le ton de la confidence, n'est pas du tout au niveau de Babies. C'est même carrément celle que j'aime le moins de ce disque.
Seconds démarre aussi un peu mollement et sur le même ton de confidence, mais elle est un peu plus enlevée et au moins il y a un refrain assez accrocheur.
His 'n' hers fait partie de cette catégorie bizarrement assez peuplée, dont il était question récemment dans Mojo, de chansons qui ne figurent pas sur l'album à qui elles ont donné leur titre. Elvis Costello, qui ne fait jamais les choses à moitié, a fait le coup au moins deux fois, avec Almost blue et Imperial bedroom. La chanson elle-même est très bonne. Elle aurait sûrement mérité de figurer sur l'album, mais il n'est pas impossible qu'elle ait été écartée parce qu'elle ressemble de trop près à d'autres chansons. Je n'arrive pas à mettre l'oreille dessus, mais du petit coup de synthé en intro à la rythmique, cette chanson me parait très familière. Faudrait peut-être creuser du côté de The Band of Holy Joy ou des Adventure Babies. 

(Mais c'est peut-être une coïncidence : par exemple, je n'ai absolument pas fait exprès de terminer ce billet par le mot "Babies". De même, mais ce n'est pas entièrement un hasard car les trois groupes sont anglais et plus ou moins de la même époque, je viens de constater avec stupeur que les CD de The Band of Holy Joy, Adventure Babies et Pulp sont justement classés l'un après l'autre dans cet ordre sur mes étagères)


L'excellente vidéo réalisée en 1992 pour le single original de Babies.


La vidéo moins réussie réalisée en 1994 pour la version de Babies qui figure sur ce Sisters EP.

06 juin 2010

RABBI JOSEPH GORDAN : Competition


Acquis chez Rough Trade à Londres en 1985
Réf : NRICO 30 -- Edité par Bam Caruso International en Angleterre en 1985
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Competition -/- Belief in him

Si j'ai pu avoir l'occasion de m'offrir ce disque avant qu'il soit épuisé (Il a été tiré à seulement 2000 exemplaires je crois), c'est d'abord parce que je me trouvais à Londres au moment de sa sortie et aussi parce que Joe Foster, qui sait toujours tout sur tout en matière de musique, m'a appris alors que nous discutions de la chronique de ce disque dans le NME ou Melody Maker qu'il s'agissait d'une publication sous pseudonyme de Julian Cope.
En 1995, Julian Cope expliquait dans une interview pour Ptolemaic Terrascope qu'il avait décidé avec son manager Cally de sortir ce disque pour rigoler et se venger en quelque sorte de son label Phonogram, qui avait refusé de financer une version maxi du single Sunspots. Le 45 tours est sorti sur le label de Cally, Bam Caruso, rebaptisé pour l'occasion Bam Caruso International dans le but évident, avec le gros rond central, le lettrage de l'étiquette et la pochette neutre, de faire ressembler ce disque à un 45 tours sixties en import américain. Comme les choses se sont faites sous le manteau, Cope a été payé pour ce disque en "nature" avec deux voitures-jouets Dinky Toys de collection et, sans surprise, lorsque son disque officiel suivant a paru il avait quitté Phonogram pour Island.
Tout ça est donc une grosse blague, mais ce n'est pas pour autant que le disque est mauvais. La face A, Competition, est même excellente. Les paroles sont réduites à leur plus simple expression ("Competition" répété X fois, entrecoupé de quelques cris) et musicalement c'est une sorte de recréation années 80 du son garage psychédélique sixties des 13 Floor Elevators. Ce titre a été inclus en 2000 sur la compilation Floored genius 3 de Julian Cope.
Belief in him est encore plus barré. Entre Kevin Ayers pour la voix très grave et Syd Barrett pour l'ambiance, c'est comme si Cope chantait avec un casque sur l'oreille et que le seul accompagnement musical qu'on entend est le son qui s'échappe des oreillettes du casque. Et on a l'impression que c'est enregistré en direct avec quelqu'un dans la pièce, qui éclate de rire quand Cope chante "Just cos' I'm red, dont call me redhead".

05 juin 2010

JAMES LAST : Rock around with me !


Acquis sur le vide-grenier de Dizy le 30 mai 2010
Réf : 249 250 -- Edité par Polydor en Allemagne en 1968
Support : 33 tours 30 cm
28 titres

Je réussis encore à m'étonner ! Je sais bien que, il y a encore quinze ans, je n'aurais jamais imaginé que les disques de Georges Jouvin seraient un jour, et de loin, les plus nombreux sur mes étagères. Mais James Last !
Jusqu'à dimanche dernier, quand j'ai déniché celui-ci entre deux averses, avec sur le même stand un superbe album de Harry Hougassian de 1965, je n'avais aucune intention d'acheter un seul de ses (très) nombreux disques, sauf pour offrir à ma belle-mère. Mais là, un album "rock" de James Last, je n'ai pas pu le laisser passer.
James Last en rocker, c'est évidemment une pose, une imposture. D'ailleurs, il s'est senti obligé d'orner le revers de sa veste d'un badge "I like rock'n'roll". Il est tellement ridicule en rocker que cet ajout a paru nécessaire mais, outre que "I like" 'est pas très fort par rapport à "I love", ce n'est pas ce badge, ni son blouson en jean, ni la grosse moto qui peuvent rendre cette idée plus crédible.
James Last a connu le succès à partir de 1965 en sortant des disques "à danser" de musique non stop. L'idée lui est venue en préparant l'animation musicale de la soirée du 10e anniversaire de son mariage, ça donne une idée du contexte.
Rien qu'en 1968, l'année de la sortie de ce disque "rock", James Last a édité au moins onze albums, y compris un coffret de trois disques, un album sorti uniquement au Japon, un disque de piano, un de guitare, un de trompette et même un intitulé Humba Humba a go go.
A mon avis, ce disque est aussi authentiquement live qu'il est rock. Comprenez, pas du tout. Il s'agit en fait de deux pots-pourris d'une face chacun divisés en séquences de deux à trois titres, les applaudissements et les chants du public facilitant les enchaînements et les changements de rythme. En homme d'affaires avisé, James n'a pas oublié de glisser parmi les classiques du rock et du rhythm & blues qu'il reprend quatre compositions de son cru, anodines au possible mais qui ont l'avantage de faire rentrer des droits d'auteur.
Malheureusement, aucune bonne surprise à l'écoute de ce disque. C'est du rock de baloche, ou plutôt, James Last étant allemand, du rock de fête de la bière. N'empêche, ça devait bien guincher dans la soirées de l'Amicale du C.F.P.A. de Reims, à qui ce disque acheté 26 F. aux Nouvelles Galeries a appartenu dans le passé.
Dans le style chef de grand orchestre se frottant à de la musique de jeunes, l'album Rhythm & blues de Paul Mauriat que Philippe R. m'a offert à Noël dernier est plus intéressant. Si cet album mérite une certaine postérité, ce n'est pas pour la musique qu'il contient mais pour sa pochette. C'est une sacrée coïncidence que je sois tombé dessus le lendemain-même de la mort de Dennis Hopper. En effet, je ne sais pas par quel hasard Hopper a pu tomber sur la pochette de ce disque en 1968, mais ça crève les yeux que l'apparence de son personnage dans Easy rider en 1969 est entièrement calquée sur le look de James Last le rocker !


La pochette de l'édition allemande avec la précision de la date d'enregistrement "live". J'ai mis la pochette anglaise en début de message car l'image était plus grande. Je n'allais quand même pas m'embêter à faire une photo d'un album de James Last...!