30 octobre 2011

BILL BLACK'S COMBO : Josephine


Acquis auprès de "M. Beatnik" sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 2 octobre 2011
Réf : HLU 9156 -- Edité par London en France en 1961
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Josephine -/- Dry bones

Quelques minutes après avoir trouvé le Big Bill Broonzy à Pierry, j'ai acheté trois 45 tours à M. Beatnik, dont un de Cousin Joe, de La Nouvelle-Orléans et, trois ans après le premier, un second 45 tours en service de presse de Rupie Edwards, l'excellent Boogayaga.
Et mine de rien, avec ce 45 tours du Bill Black's Combo, c'est la troisième fois cette année que je déniche une pochette qui satisfait aux canons du discographisme récréatif de Patrice Caillet, alors que pendant des années j'ai fait chou blanc (Il y a eu plus tôt cette année le Albert King et entre les deux un 45 tours de Ten years After, Love like a man, que je n'ai pas chroniqué ici).
Comme souvent avec ces pochettes maison, le propriétaire du disque, G. Renard dans ce cas précis, a fait les choses très soigneusement. La Joséphine, assez bizarrement, a un visage de cochonne et est accoutrée avec un costume folklorique dont je serais bien incapable d'identifier l'origine géographique. Le dessin est fait sur du papier Canson et le tout est protégé par du papier à couvrir les livres scotché au dos.
Ce n'est pas seulement pour cette pochette que j'ai acheté ce disque édité à l'origine à Memphis par Hi Records. En effet, je connaissais ce nom de Bill Black. Je savais qu'il ne s'agissait pas du Bill Black anglais (également connu sous le nom de Bill Prince) que j'ai eu l'occasion de voir sur scène comme bassiste de The Loft et des Wishing Stones. Non, pour moi, dans ce contexte, j'associais Bill Black à "bassiste d'Elvis Presley" et à rockabilly. Et je n'étais pas loin d'avoir complètement raison : Bill Black, avec Scotty Moore à la guitare, est bien le contrebassiste des tous débuts d'Elvis Presley en trio, et il est bien considéré comme l'un des pionniers du rockabilly. Mais avec les disques instrumentaux de son combo, qui a eu un très gros tube fin 1959 avec Smokie, Bill donnait déjà plus dans la pop que dans le rockabilly.
On n'est quand même pas encore dans l'easy listening car leurs interprétations sont carrées et énergiques. Leur version de Josephine, une chanson de  1937 avec des paroles de Gus Kahn à l'origine, démarre avec un orgue bien cinglant comme instrument solo, qui laisse ensuite la place au saxophone.
J'ai déjà naturellement tendance à confondre ce Josephine, que Ray Charles parmi de nombreux autres a également repris, avec le My girl Josephine de Fats Domino, mais le Bill Black's Combo fait tout pour m'embrouiller puisque, quelques mois après ce single, ils ont sorti en face B de Twist-her leur propre version de My girl Josephine !
En face B, on a un arrangement instrumental de Dry bones, avec guitare, puis piano et saxophone encore comme instruments solo.
Le succès du Bill Black's Combo a été tel que, à partir de 1963, de deux à cinq formations différentes du groupe tournaient dans les différentes régions des Etats-Unis. Bill Black, lui, restait à la maison pour enregistrer, s'occuper de sa famille et se soigner, car il était déjà malade. Il ne jouait donc pas avec le combo qui porte son nom quand le groupe a, à leur demande expresse, ouvert pour les Beatles lors des treize dates de leur première tournée américaine en 1964. Bill Black est mort en 1965 à moins de quarante ans, d'une tumeur au cerveau.

29 octobre 2011

THE STORY OF VEE-JAY


Acquis chez Noz à Dizy le 22 octobre 2011
Réf : METRDCD509 -- Edité par Metro Doubles / Union Square Music en Angleterre en 2002
Support : 2 x CD 12 cm
50 titres

Il ne faut pas s'attendre à trouver un disque excellent à chaque passage chez Noz, mais mine de rien ça arrive quand même de temps en temps, comme le prouvent les quelques disques déjà chroniqués ici trouvés chez ce soldeur.
La semaine dernière, j'ai d'abord vu un gros paquet de rééditions de vieilleries dans une série ultra-économique, un peu comme pour le Townes Van Zandt, qui ne m'intéressaient pas, mais un peu plus loin je suis tombé sur quelques disques de la collection Metro Doubles. Il y a avait surtout des trucs années 70 et un peu funky. J'aurais sûrement dû prendre la compilation du label Curtom (on verra la prochaine fois si elle y est encore), mais c'est sans hésitation, au vu de la liste des titres, que je me suis emparé de cette rétrospective du label Vee-Jay. A 1,50 € le double-CD, ce n'est pas le prix qui risquait de m'arrêter.
Je pensais avoir à faire à une édition très cheap, mais non, finalement. Les titres sont sous licence de Charly et le son est excellent. Quant aux notes de pochette, elles sont signées de John Crosby, un journaliste qui a notamment écrit pour Mojo.
Dans sa courte histoire, de 1953 à sa faillite brutale en 1966, Vee-Jay a édité énormément de disques et a eu énormément de succès. A Chicago, ils ont lontemps eu leurs bureaux en face de chez Chess et la grande découverte pour moi à l'écoute de cette compilation, outre qu'elle est de bout en bout excellente, c'est à quel point, à la différence de Chess justement ou de Stax par exemple, je connaissais mal ce label, célèbre notamment pour s'être retrouvé presque par hasard à être le premier à éditer les Beatles aux Etats-Unis.
C'est d'ailleurs une grande joie de me rendre compte que, malgré tous les disques que je possède, les coffrets Triomphes de 25 CD, les compilations Northern soul ou autres, les disques des copains, ceux empruntés à la médiathèque, les MP3 des blogs, il me reste énormément de bonne musique à découvrir même sur une période aussi connue et balisée que les années cinquante. Je n'ai pas fait le compte exact, mais précédemment je ne devais avoir chez moi que deux ou trois des cinquante titres de ce disque dans les mêmes versions. Cela comprend le It hurts me too d'Elmore James car j'ai appris à cette occasion que ma compilation Upfront est une réédition de titres Vee-Jay.
Vee-Jay a édité énormément de jazz, mais on n'en trouve pas ici, par contre il y a du gospel (The Original Blind Boys of Alabama, The Staple Singers), du blues (John Lee Hooker, Eddie Taylor, Memphis Slim), plein de doo-wop, de la soul, du rhythm and blues et de la pop.

Je ne vais pas lister ici toutes les découvertes que j'ai faites en écoutant ce disque, mais je me suis rendu compte que je connaissais très mal un momument comme Jimmy Reed (Honest I do, Big boss man, Bright lights, big city), Jerry Butler, la vedette des Impressions qui n'est pas Curtis Mayfield (sauf que sa version originale de Make it easy on yourself est le seul titre ici qui m'est carrément insupportable), une excellente chanteuse comme Betty Everett (Getting mighty crowded, repris par Costello en 1980 en face B de High fidelity, mais aussi la version originale de The shoop shoop song (It's in his kiss) et celle de You're no good, un tube pour Linda Ronstadt dans les années 70 et repris aussi entre autres toujours par Costello, en face B de Veronica).
Pour des titres individuels, on peut citer El Dorados (Bim bam boom), Dee Clark (Hey little girl), Billy Boy Arnold, qui fut l'harmoniciste de Bo Diddley (Rockin'itis), le tube Duke of Earl de Gene Chandler, le quasi-ska de 1955 Hands off de Jay MacShann with Priscilla Bowman ou encore The twist par son créateur Hank Ballard, dans une première version de 1958 restée inédite pendant vingt-cinq ans.
Dernière grande claque, les deux titres de Little Richard, deux singles de 1964 et 1965. Il y a d'abord une excellente version de Whole lotta shakin' goin' on, pas la première enregistrée par Richard Pennimann mais sur celle-ci il y a un jeune guitariste, Jimi Hendrix, dont le jeu ici annonce déjà Foxy Lady. L'autre, c'est I don't know what you got but it's got me, un grand morceau de soul digne du meilleur Otis Redding, un titre qui a eu pas mal de succès et qui a pu fortement inspirer Percy Sledge.
Little Richard a enregistré en peu de temps près d'une cinquantaine de titres pour Vee-Jay, dont seule une partie a été éditée à l'époque à cause notamment de la faillite. Ils sont sortis sur divers albums par la suite. S'ils sont tous aussi bons que ces deux-là, ça me laisse pas mal de pépites à  chercher...

A moins de trouver cette compilation à très vil prix, comme moi, je conseillerais plutôt l'achat de Chicago hit factory, un coffret 4 CD pas cher du tout édité par Charly, avec 111 titres, dont probablement les 50 de The story of Vee-Jay (Je n'ai pas tout vérifié un par un !).
A lire absolument pour en savoir plus, The Vee-Jay story par Mike Callahan et David Edwards.


Image et son pourris pour cette version courte de I don't know what you got but it's got me en play-back en 1965, mais c'est le seul document filmé que j'ai trouvé d'un de mes titres préférés de cette compilation et c'est toujours mieux que de regarder un disque tourner sur une électrophone.


Bien meilleure qualité pour cette version en direct de Whole lotta shakin' goin' on, probablement pour une émission de télé anglaise, avec le groupe Sounds Incorporated qui accompagne Little Richard.

22 octobre 2011

WRECKLESS ERIC & AMY RIGBY : Do you remember that ?

Wreckless Eric et Amy Rigby dessinés par Peter Blegvad
Acquis chez Radio Free Song Club via Boogie Woogie Flu en juillet 2011
Réf : [sans] -- Diffusé par Radio Free Song Club aux Etats-Unis en juin 2010
Support : 1 fichier MP3
Titre : Do you remember that ?

Je connais le new-yorkais Ted Barron depuis quelques années grâce à son blog Boogie Woogie Flu, excellent et très documenté. Par ailleurs, Ted Barron est photographe et c'est en tant que tel qu'il participe depuis quelque temps au Radio Free Song Club.
Qu'est-ce que c'est que Radio Free Song Club ? C'est une émission de radio mensuelle diffusée sur internet, présentée par Nick Hill (un ancien de l'émission Music Faucet chez WFMU) et Kate Jacobs. Le principe est simple : chaque auteur-compositeur membre du club doit fournir un titre inédit par mois, soit terminé et déjà enregistré ou à l'état de démo ou même à l'état d'ébauche. Dans ce cas, c'est le groupe de l'émission, The Radio Free All Stars, dirigé par Dave Schramm, qui l'interprète en direct. Les membres du club ? Rien moins que de vieilles connaissances comme Peter Holsapple (dB's), Victoria Williams, Jody Harris, Peter Blegvad, Freddy Johnston, Laura Cantrell et Dave Schramm.
Ca donne envie, non ? Je n'ai pas tout écouté, mais outre des inédits de Victoria Williams, mon titre préféré pour l'instant est la première chanson proposée par Ted dans son billet, Do you remember that ? par Amy Rigby et Wreckless Eric, invités du n° 7 l'émission en juin 2010.
Il y a tout ce que j'aime dans cette chanson auto-biographique qui retrace les débuts de l'histoire commune d'Amy et Eric : de l'humour, de la joie, de l'auto-dérision. C'est excellent, et on attend qu'ils la sortent officiellement sur l'un de leurs disques, mais c'est encore meilleur quand on écoute l'interview qu'ils ont donnée dans l'émission avant de jouer la chanson. On a plein d'anecdotes sur leur vie dans la campagne française, avec des voisins âgés et sympas qui leur demandent de jouer plus fort pour qu'ils entendent mieux (malheureusement, ils ont des aventures moins agréables lorsqu'ils donnent des concerts en France), et sur leurs aventures lors des soirées Hanukkah annuelles de Yo La Tengo, le 31 décembre 2004 d'abord, où ils ont joué séparément, Amy avec une reformation ponctuelle de son group The Shams et Wreckless Eric accompagné par Yo La Tengo, et le 31 décembre 2005 ensuite, où ils ont donné leur premier concert ensemble, qui fut catastrophique, si on en croit leur propre récit !
Baladez vous dans les archives du Radio Free Song Club, il y a plein d'excellentes choses à découvrir. Quant à Amy Rigby et Wreckless Eric, leurs aventures continuent : après avoir sorti deux albums en commun, dont un de reprises, Two-Way Family Favourites, ils vont aller s'installer aux Etats-Unis et du coup Eric a du matériel musical à revendre !

A écouter : Amy Rigby & Wreckless Eric : Do you remember that ?.

Ajout du 29 novembre 2019 :

En 2012, Wreckless Eric et Amy Rigby ont sorti l'album A working museum, sur lequel on trouve une version de Do you remember that ?. Pour l'occasion, ils ont produit cette excellente vidéo :

16 octobre 2011

THE JESUS AND MARY CHAIN : I love rock 'n' roll


Acquis à La Petite Boutique Primitive à Reims au début des années 2000
Réf : SCR 665858 2 -- Edité par Creation en Europe en 1998
Support : CD 12 cm
Titres : I love rock 'n' roll -- Easy life, easy love -- 40,000 K -- Nineteen 666

Après I hate rock 'n' roll en 1995, trois ans ont passé sans nouveau disque de The Jesus and Mary Chain. Entre-temps, leur label Blanco Y Negro les avait virés après avoir écouté les démos de la moitié des chansons de ce qui allait devenir l'album Munki. Le groupe a alors trouvé refuge chez son tout premier label, Creation, mais les frères Reid s'entendaient alors aussi bien que les frères Gallagher dans les années 2000 et ça sentait la fin : ils ne se parlaient plus, écrivaient les chansons chacun de leur côté et évitaient même de se rencontrer au Drugstore, leur propre studio, lors de l'enregistrement. Pas surprenant que le groupe ait annoncé sa séparation peu de temps après la sortie du disque (ils rejouent ensemble ponctuellement depuis 2007).
Bien qu'il ait trois ans d'âge, le titre I hate rock 'n' roll, écrit par William Reid, s'est retrouvé sur Munki, le dernier titre du dernier album du groupe. Mais pour bien symboliser les deux pôles opposés de JAMC à ce moment, l'album s'ouvrait avec I love rock 'n' roll, une chanson écrite par Jim pour contrebalancer la frustration et la négativité de celle de son frère. Ce titre sera le dernier extrait en single de l'album, c'est donc la toute dernière parution du groupe à ce jour.
Côté pochettes, c'est à peu près match nul. Sous sa couche de violet presque uniforme, celle de I hate rock 'n' roll cachait une photo de deux jeunes femmes portant des lunettes noires. En regardant bien, celle de I love rock 'n' roll, qui a peut-être quand même ma préférence, révèle dans sa masse de noir et de blanc un corps portant une petite culotte à fleurs !
Côté musique, I love rock 'n' roll n'est pas une reprise de la chanson des Arrows rendue populaire par Joan Jett. C'est plutôt, dans la lignée du Rock & roll du Velvet Underground, un hymne à la puissance salvatrice du rock. Il manque à ce titre un peu de la sauvagerie de I hate rock 'n' roll, une absence compensée par l'addition bienvenue d'une trompette sur le refrain qui réveille presque le fantôme des June Brides.
Les deux titres suivants, Easy life, easy love et 40,000 K, également signés Jim, un titre au tempo moyen et un rapide, sont d'excellente facture et très accessibles. Peut-être trop pop pour William, on imagine, mais ils auraient sûrement mérité une place sur un album. William se rattrape avec le plus expérimental Nineteen 666, co-signé avec l'ingénieur du son Dick Meaney.

On retrouve les quatre titres de ce maxi sur la toute récente réédition en 2 CD plus 1 DVD de Munki.

15 octobre 2011

THE JESUS AND MARY CHAIN : I hate rock 'n' roll


Acquis par correspondance via Discogs en Belgique en septembre 2011
Réf : 0630-10522-2 -- Edité par Blanco Y Negro en Allemagne en 1995 -- Promotion copy only not for resale
Support : CD  12 cm
Titres : I hate rock 'n' roll -- Bleed me -- 33 1/3 -- Lost star

Après nous être penchés sur les tous débuts de Jesus and Mary Chain avec Upside down et Psychocandy, on va s'intéresser à la fin de parcours du groupe (en fin de la première partie de ce parcours avant la reformation de ces dernières années) avec ce single qui, dix ans après Never understand, fut le dernier sorti chez Blanco Y Negro., d'autant que Demon a désormais bouclé avec Munki son programme de réédition des six albums studio du groupe grossis d'un deuxième CD et d'un DVD.
Etant donné qu'à ce moment-là je m'intéressais beaucoup moins à JAMC, je dois bien dire que je suis passé complètement à côté de la sortie de I hate rock 'n' roll. C'est bien simple, jusqu'à il y a peu, je ne suis même pas sûr que je connaissais son existence ! Il faut dire que cette poussée de bile de William Reid (celui des deux frères qui tient la guitare - et qui chante aussi - tête baissée, agenouillé devant son ampli, dos tourné au public) a mis toutes les chances de son côté pour ne pas passer en radio ou à la télé. Ironiquement, les paroles proclament "I love the BBC, I love it when they're pissin' on me and I love MTV, I love it when they're shittin' on me". Avec ça, le groupe était certain de n'avoir aucune chance de passer sur Radio 1, à Top of the pops ou dans 120 minutes !, ce qui ne les a pas empêchés de réaliser un clip !
D'ailleurs, il est même étonnant que Blanco / Warner ait accepté de sortir ça en single. Ils étaient à bout de toute façon : après la sortie de ce maxi, ils en ont repris le titre et la pochette pour Hate rock 'n' roll, la troisième compilation de singles et raretés du groupe après Barbed wire kisses et The sound of speed, puis ils ont écouté les premières démos de Munki et ont décidé d'arrêter là les frais, incitant les frères Reid à retourner au bercail Creation pour sortir cet ultime album.
Musicalement, I hate rock 'n' roll est quand même une baffe, une grosse giclée de haine, d'énergie, d'électricité réjouissante. Après les quelques couplets presque sages, on a droit à une bonne minute de magma sonore instrumental, agrémenté de ce qui ressemble presque à un solo de guitare. On retrouve là ce qui a plu aux Pixies chez Mary Chain (Ils ont repris Head on sur Trompe le monde) et tant inspié My Bloody Valentine. Ça éclate, et ça se termine sur ce constat : "Rock 'n' roll hates me, I hate rock 'n' roll".
Les trois titres suivants sont dans le style ballade plus calme du groupe, ce qui n'exclut jamais une partie de guitare bruyante à un moment ou un autre, à la fin de Bleed me ou au milieu de 33 1/3 par exemple.
Rien d'extraordinaire dans tout ça, mais ces quatre titres auraient fait un tiers d'album tout à fait consistant. Au bout du compte, Hate rock 'n' roll se retrouvera en clôture de Munki. Un final adéquat pour le chant du cygne du groupe.

09 octobre 2011

BIG BILL BROONZY : An evening with Big Bill Broonzy 2


Acquis sur le vide-grenier du parking Leclerc à Pierry le 2 octobre 2011
Réf : SLP 143 S -- Edité par Storyville / Festival en France en 1965
Support : 33 tours 30 cm
13 titres

Quel contraste ! Ce matin, la fameuse grande brocante d'automne de Magenta a été noyée dans la pluie et le froid. J'y ai fait un tour rapide par acquis de conscience, mais sans surprise j'en suis rentré bredouille (et mouillé). Dimanche dernier, par contre, c'était encore l'été et c'est sous un grand soleil que j'ai arpenté les allées du parking Leclerc à Pierry, grâce à Christian S. qui m'avait signalé cette manifestation qui ne figurait pas dans mon guide. Ça tombait bien, car j'avais de toute façon prévu de passer aussi au vide-grenier du Jard à Epernay, à quelques centaines de mètres de là. J'ai ramené quelques disques intéressants d'Epernay (on y reviendra peut-être), et à Pierry j'ai acheté un 45 tours (décevant) et trois albums à un stand où ils étaient à 1 € : le Masterpiece des Temptations, The best of Tavana's Polynesian spectacular et ce disque en concert de Big Bill Broonzy, que je me suis offert le luxe de négocier à 50 centimes car, si la pochette est en parfait état, le disque lui-même comporte une grande marque en travers de toute la face B (bonne surprise une fois arrivé à la maison : cette rayure est quasiment inaudible !). L'objet m'intéressait de toute façon en lui-même, ne serait-ce que pour la superbe étiquette Storyville et pour la photo de pochette avec la ficelle qui tient la guitare parfaitement à l'horizontale. Il n'y a pas de crédit photo sur mon exemplaire, mais l'auteur en est sûrement Jean-Pierre Leloir, qui a signé la photo au dos de l'édition anglaise de l'album et au verso de la réédition dans la série Portraits in blues (et j'ai bien l'impression qu'à chaque fois Bill porte la même cravate...).
Les enregistrements ont été réalisés lors de concerts au Club Montmartre de Copenhague du 4 au 6 mai 1956. Il y a une chanson qui pourrait être parfaite pour notre météo d'aujourd'hui, I gets the blues when it rains, sauf que la pluie ne me déprime quand même pas à ce point, même les dimanches matin, et sauf que, pour ce qui concerne Big Bill Broonzy lui-même, il parle du blues au passé ("We did have the blues sometimes when it rained too much and it drowned our farms") et sa chanson est presque guillerette, musicalement plus proche de Toute la pluie tombe sur moi que du blues. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de ce disque. Je gardais le souvenir d'enregistrements de Big Bill Broonzy des années trente, au son rugueux et rustique, très blues. J'ai été très surpris de découvrir un chanteur très loquace, drôle, qui respire plus la joie de vivre qu'il n'expose ses bleus à l'âme.
Musicalement, pour ce concert où Big Bill Broonzy est seul sur scène avec sa guitare acoustique, on est d'une manière générale plus proche du folk  que du blues. Le jeu de guitare des deux premiers titres, Glory of love et Careless love, peut même rappeler Elisabeth Cotten.
Le côté folk et même pop se reflète également dans le choix des titres, avec deux reprises de Leadbelly, Take this old hammer et surtout Midnight special,  une version de Sixteen tons, plus présentée comme une chanson de mineurs que comme une reprise de Tennessee Ernie Ford, et même I love you so much, chantée haut, qui pourrait carrément être issue du répertoire de Tin Pan Alley.
On a aussi droit à un auto-portrait très drôle, My name is William Lee Conley Broonzy, et là la bonne ambiance est similaire à celle des concerts de Jonathan Richman. Et d'un seul coup je me rends compte que c'est le deuxième album de blues en concert, en solo plein de bonne humeur que j'achète cette année, après le Back to the blues de Mickey Baker.



08 octobre 2011

FRANK BLACK : Headache




Acquis par correspondance chez Action Records en Angleterre vers 1998

Réf : BAD 4007 CD -- Edité par 4AD en Angleterre en 1994
Support : CD 12 cm
Titres : Headache -- Men in black -- At the end of the world -- Oddball

Réf : BADD 4007 CD -- Edité par 4AD en Angleterre en 1994
Support : CD 12 cm
Titres : Headache -- Hate me -- This is where I belong -- Amnesia

Depuis la séparation des Pixies, Frank Black est des plus prolifiques : 15 titres pour l'album Frank Black en 1993, 22 carrément pour Teenager of the year l'année d'après, dont Headache justement, des singles et faces B dans tous les sens, et depuis ça continue à un rythme encore plus effréné, d'albums enregistrés en deux jours en collaborations diverses.
En corollaire, ça signifie que M. Charles Michael Kittridge Thompson IV a choisi de nous balancer aux oreilles la majeure partie de sa production et de nous laisser faire le tri. Pas sûr que ça lui ait réussi à la longue, parce que c'est fatigant de se fader des CD entiers pour y déterrer quelques perles. Pour ma part, je me suis très vite lassé, et ce n'est pas le concert de Frank Black & the Catholics auquel j'ai assisté à Nantes en 2003 qui m'aura fait changer d'avis : il s'est contenté d'enchaîner ses titres en mode bourrin pendant une heure sans dire un mot : ce n'est pas l'idée que je me fais d'un bon concert...

J'avais acheté Teenager of the year à sa sortie, mais j'ai quand même commandé ces deux CD singles quand je les ai trouvés en solde chez Action Records, tout simplement parce que je pense que Headache est l'un meilleurs titres de Frank Black en solo, et aussi parce que chacun contenait trois faces B inédites.
Je sais bien que se référer aux Pixies est une facilité, mais franchement je trouve que Headache a toutes les qualités de leurs meilleures chansons : mélodie dynamique, attaque, paroles ("wrinkle in my time", "crammed in my cranium"), choeurs sur le refrain, voix parlée sur le pont... Manquent bien sûr la basse et la voix de Kim Deal et la guitare de Joey Santiago, mais on récupère l'orgue d'Eric Drew Feldman ! Le tout est un tout petit peu engoncé mais je crois que je préfère cette chanson à Monkey gone to heaven, par exemple. En plus, dans son bleu de travail, Frank fait même le drôle sur la vidéo !  Un seul regret, que la version de Headache du deuxième CD soit la même que celle du premier, c'est à dire celle de l'album : il existe en effet une autre version, dite NYC car elle a été enregistrée à New-York, sortie en Angleterre en face B du 45 tours et diffusée en France avec Hate me et Amnesia sur un CD bonus fourni aux premiers acheteurs de Teenager of the year.
Bien après les Stranglers, mais avant le film du même titre, Frank s'intéresse aux Men in black avec une chanson entièrement tournée vers son refrain, pas mauvais du tout d'ailleurs et assez intéressant pour que ce titre soit réenregistré en 1996 sur l'album The cult of Ray.
At the end of the world, tout comme l'excellent Hate me, sonne un peu au début comme du Pixies époque Come on pilgrim, sauf que sa construction est artificiellement compliquée, façon pièce montée d'Elvis Costello dans un mauvais jour. Je pense d'ailleurs aux Attractions en écoutant la reprise des Kinks, This is where I belong. Une version tout à fait d'un bon niveau, mais rien à voir avec l'éclair de génie de la reprise de Winterlong de Neil Young par les Pixies.
Oddball n'est pas vraiment une mauvaise chanson : on a simplement l'impression que Black pourrait les écrire à la chaîne. Ce qu'il a fait, d'ailleurs, pendant toute sa carrière solo.
Des six faces B, Amnesia est ma préférée avec Hate me, principalement parce qu'elle sort du moule : c'est un quasi-instrumental (seul le titre est prononcé) qui évoque une musique de manège, mais saccadée comme du ska. De la migraine à la tête, ça se passe dans la tête ici et la boucle est bien bouclée.

02 octobre 2011

THE WOMBATS : Let's dance to Joy Division


Acquis probablement chez Parallèles / Gilda à Paris le 2 février 2010
Réf : 5051442372625 / 14FLR26CD -- Edité par 14th Floor en Europe en 2007
Support : CD 12 cm
Titres : Let's dance to Joy Division -- Let's dance to Joy Division (KGB remix)

Après celle de CSS, voici une autre invitation à passer du bon temps en écoutant de la musique. Celle-ci émane des Wombats et il s'agit là simplement de danser, pas sur du Death From Above mais sur du Joy Division. Comme le précisent les paroles, on peut du coup en "savourer l'ironie", à la fois parce que Joy Division a une réputation lugubre peu compatible avec la fête mais aussi parce que "tout va mal, mais on est si heureux".
Côté musique, Let's dance to Joy Division fait dans la pop noisy avec une rythmique de guingois. Les paroles, avec une pointe d'accent du Nord  de l'Angleterre, sont plus crachées que chantées. On est plus près de Bloc Party que de la new wave.
Les illustrations de pochette, qui prolongent les allusions à Joy Division, sont bien vues. La statue du maxi de Love will tear us apart se retrouve pourvue d'un verre de vin tandis que les crédits au verso rappellent la pochette de Unknown pleasures.
En fait, la seule faute de goût est à chercher du côté du deuxième titre, le KGB remix. Ce groupe KGB a conservé une bonne partie du chant de Matthew Murphy, coupé en petits bouts mélangés et saupoudrés d'effets, mais il l'a plaqué sur sa propre interprétation d'un medley de Transmission et de Love will tear us apart. Et là, pour moi c'est clair : le seul effet que ça a sur moi, c'est de me donner envie de ressortir mes disques de Joy Division, pas d'écouter les Wombats !



01 octobre 2011

CSS : Let's make love and listen to Death From Above


Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres probablement le 24 septembre 2009
Réf : PRO16307 -- Edité par Sire / Sub Pop en Angleterre en 2006 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titres : Let's make love and listen to Death From Above (Dan Carey radio mix) -- Let's make love and listen to Death From Above (Album version)

La première fois que j'ai prêté attention à CSS, ça devait être fin 2006, quand Libération avait placé leur premier album en tête de leur classement des meilleurs disques de l'année. Ça m'avait suffisamment intrigué pour que je cherche à écouter quelques titres de ce groupe qui m'était inconnu. J'en étais resté là car ce que j'avais entendu ne m'avait pas plus titillé que ça, mais quand je suis tombé sur ce single promo à la pochette très colorée et avec un titre faisant référence à un autre groupe, les canadiens Death From above 1979, je l'ai aussitôt mis dans ma pile d'achats, d'autant qu'il avait été abaissé à 50 pence à partir d'un prix initial de 4 £.
La chanson est sympathique. On est dans l'esprit du titre, une invitation à passer un moment des plus agréables en écoutant de la musique. Dans ce cas précis, la musique non pas de Death From Above mais de CSS est une pop-disco à la Blondie, avec pour le chant un rap léger qui ne peut qu'évoquer Tom Tom Club (et d'ailleurs je note que l'un des remixes de Let's make love and listen to Death From Above figurant sur un maxi vinyl hors commerce se nomme le Rappinhood remix). La chanteuse mange tellement les mots quand elle prononce "and listen to Death From above" que j'ai l'impression de m'écouter parler !
Pour ce qui concerne ce CD promo, DJ of Mercy, du blog Introuvables, précise que le premier titre, le Dan Carey radio mix, qui n'apportait effectivement rien d'intéressant à la version de l'album, n'a finalement pas été retenu dans la version commercialisée du disque. C'est vrai, mais par contre, contrairement à ce qu'il pensait, la pochette a bien été utilisée pour la version CD du single distribuée en Angleterre en 2007, et aussi pour le 45 tours (c'est le 45 tours américain qui a une pochette différente).
Voilà un titre léger, plein de joie de vivre, 100% hip-pop hoptimiste, quoi, qui invite à se trémousser comme le font les membres de Cansei de Ser Sexy sur la vidéo correspondante. Comme quoi, contrairement à l'affirmation contenue dans le nom du groupe, ils ne sont pas fatigués d'être sexy !