29 mars 2014

JOHNNY HORTON : Le grand Sam


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 22 mars 2014
Réf : 435.144 BE -- Edité par Philips en France en 1961
Support : 45 tours 17 cm
Titres : North to Alaska "Le Grand Sam" -- The electrified donkey -/- Johnny Freedom -- Comanche - The brave horse

Deux bonnes nouvelles pour ce qui concerne l'Emmaüs du coin : ils ont réorganisé le rayon disques et profité de l'occasion pour revenir à une tarification raisonnable en baissant les prix de moitié (50 centimes le 45 tours  et 1 € le 33 tours), et surtout, lors de mes deux dernières visites ils avaient rentré dans le stock une poignée de disques pas inintéressants, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps.
Par exemple, j'en suis revenu samedi dernier avec ce superbe EP du début des années 1960. Je l'ai d'abord pris pour sa superbe photo de pochette, tirée du film North to Alaska (Le grand Sam dans sa version française), avec de gauche à droite les trois acteurs principaux, Capucine, John Wayne et Stewart Granger. Le film est un western tardif d'Henry Hathaway, qui ne se passe pas dans l'Ouest des Etats-Unis, mais entre l'Alaska et Seattle. J'ai aussi été tout de suite intéressé par le titre d'une des chansons, The electrified donkey (L'âne électrisé). Par contre, le nom de Johnny Horton ne m'a absolument rien dit sur le coup, alors que j'ai eu l'occasion de lire la notice que Gérard Herzhaft a écrite sur lui dans Country : Les incontournables.
Country, Johnny Horton l'a été, à ses débuts vers 1950 quand il se faisait appeler Le Pêcheur Chantant, et vers la fin de sa courte carrière (il a été victime d'un accident de travail fin 1960 à 31 ans, mort comme beaucoup d'autres professionnels du spectacle dans un accident de voiture en rentrant d'un concert) avec des chansons-sagas historiques comme The battle of New Orleans qui ont été de grands succès. Country, il l'a en fait toujours été, mais vers le milieu des années cinquante, devenu ami avec Elvis Presley, il a enregistré toute une série de titres très musclés et électriques (avec parfois Bill Black, le bassiste d'Elvis, et presque toujours avec Grady Martin à la guitare) qui lui ont valu une place au Rockabilly Hall of Fame.
Issu de sa toute dernière session d'enregistrement en août 1960, North to Alaska a été n° 1 des hit-parades country la semaine suivant la mort d'Horton. On entend la chanson pendant le générique de début du film. C'est d'une facture très classique, dans le style récitatif, mais avec les choeurs et la voix basse très grave pour chanter "Way up North", ça passe très bien.
On notera le crédit donné à Hubert Ithier pour cette chanson. C'est un nouvel exemple d'une pratique assez courante à l'époque, avec la complicité des éditeurs, des labels et de la SACEM. Ithier doit être l'auteur de l'adaptation de la chanson pour la version française du film (sûrement chantée par André Dassary). C'est peut-être lui qui a trouvé le titre Le grand Sam, ou les distributeurs français du film. Toujours est-il qu'ici Horton interprète sa chanson originale North to Alaska et qu'Ithier n'a absolument rien à voir là-dedans, mais ce simple crédit permet de "siphonner" une partie des droits d'auteur et d'éviter que toutes les recettes générées par les ventes du disque repartent aux Etats-Unis...
Pour accompagner North to Alaska sur cet EP, Philips a choisi les deux faces d'un 45 tours américain sorti quelques mois plus tôt, associant Johnny Freedom, une chanson suffisamment rythmée et dynamique, avec une énorme contrebasse, pour qu'on lui passe son côté patriotique, et Comanche (The brave horse), l'une des chansons historiques de Johnny Horton, qui passe très bien aussi.
Comme espéré, le petit joyau du disque c'est The electrified donkey, sorti en 45 tours à peine un an plus tôt, fin 1959, mais avec un son furieux digne de sa période rockabilly. Il faut dire que, sur la session, il y avait pas moins de trois grands guitaristes : Grady Martin, Hank "Sugarfoot" Garland et Tommy Tomlinson. C'est évidemment une pochade, qui conte les mésaventures d'un âne après qu'il s'est pris un coup de jus par une clôture électrique nouvellement installée, mais, entre les guitares, le chant énergique d'Horton et les choeurs qui font "Hi han", c'est un régal ! Et des disques comme ça, je veux bien en trouver toutes les semaines pendant cette saison des vide-greniers qui s'annonce !



Johnny Horton, The electrified donkey. Attention, cette version acoustique, véritablement campagnarde, a peu à voir avec la version électrifiée du 45 tours.




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