12 juillet 2014

JOCELYNE : Les garçons


Acquis sur le vide-grenier de Chouilly le 15 juin 2014
Réf : 27 151 -- Edité par Polydor en France en 1964
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les garçons (Boys boys) -- Où serons-nous demain -/- La la la la la -- Oui j'ai peur (Is it true)

Il faisait beau tôt ce matin-là à Chouilly. Le genre de temps à nous faire croire que ce sera comme ça tout l'été. A tort, évidemment, surtout si je jette un coup d'oeil par la fenêtre cet après-midi.
J'ai cru un instant que j'allais repartir les mains vides, puis j'ai trouvé,isolés sur un stand, deux EP à 50 centimes (dont celui-ci), puis plus loin un petit lot de 45 tours à 20 centimes.
J'ai déjà acheté il y a quelques années un EP de Jocelyne, son deuxième, Le dimanche et le jeudi. J'avais failli ne pas le prendre tant la gamine avait l'air ridicule sur la pochette, assise sur un fauteuil à bascule, mais j'avais été agréablement surpris à l'écoute. Même si elle y cache la moitié de son visage, la photo de pochette ce disque est bien plus réussie, et musicalement c'est d'un excellent niveau, grâce notamment à l'accompagnement de Jean Bouchéty et son Orchestre.
Les garçons est une reprise de Paul Anka. Bizarrement, je n'ai trouvé aucune référence en ligne sur ce qui est donné comme le titre original, Boys boys. C'est du pur yéyé, mais de bonne tenue, avec un bon travail des choeurs.
Où serons-nous demain ? est le seul titre original du disque. C'est un slow, lui aussi plutôt réussi, avec des cuivres, des cordes et encore des choeurs.
Oui j'ai peur est une reprise de Is it true de Brenda Lee, qui avait aussi été une enfant vedette (Jocelyne, elle, avait 14 ans quand ce disque est paru). Polydor avait visiblement décidé de modeler la carrière de Jocelyne sur celle de l'américaine, puisque deux de ses titres avaient déjà été adaptés sur le précédent disque. Is it true a été enregistré à Londres, avec Jimmy Page à la guitare. Rien d'équivalent ici mais la guitare, la basse et encore une fois les choeurs sont quand même remarquables.
La pépite du disque, c'est La la la la la., une composition de Clarence Paul pour Little Stevie Wonder en 1962 que je ne connaissais pas, qui a été reprise, aussi en 1964, dans une version plus garage, par un groupe d'américains d'origine mexicaine, The Blendells. Même avec un son très propre, la version de Jocelyne est très bonne, rhythm and blues quand même, avec une bonne association choeurs, guitare et cuivres. A l'écoute, il y quelque chose qui saute aux oreilles des français : la mélodie du refrain et le "La la la la la" ne peuvent qu'évoquer Mirza de Nino Ferrer, sorti l'année suivante. Soit je ne connaissais pas l'anecdote, soit je l'avais oubliée, mais l'explication est bien présente dans le livre Nino Ferrer : Du noir au sud de Christophe Conte et Joseph Ghosn (2005) :  lorsqu'il a initialement improvisé Mirza sur scène dans une boîte à  Saint-Raphaël où une vieille dame cherchait sa chienne, Nino Ferrer s'est inconsciemment inspiré d'une version de La la la la la qui venait d'être diffusée dans la discothèque (Peut-être bien celle de Jocelyne...). Il a ajouté au titre original ses paroles déjantées et le grain de folie de son interprétation, sans parler de l'orgue de Bernard Estardy, mais Clarence Paul aurait mérité un crédit pour cette composition.
Après avoir sorti plusieurs 45 tours et un album en 1965, Jocelyne a poursuivi sa carrière au Canada en 1967. Elle revient en France en 1970 mais elle meurt à vingt ans en 1972 dans un accident de moto, avant même la sortie d'un 45 tours sur lequel elle travaillait, qui associe un titre co-signé par Alain Bashung et une version de My way arrangée par Jean-Claude Vannier.
Dans un entretien de quelques minutes en 1965, enregistré juste après sa réussite au certificat d'études et suivi de sa chanson Chaque fois que je rêve, tout comme dans le long reportage ci-dessous à L'Olympia en 1964 (l'année de la sortie de ce disque), Jocelyne est impressionnante de maturité, à tel point qu'on se dit que, malgré sa jeunesse, elle n'était probablement pas rien qu'un jouet manipulé par ses producteurs.



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