29 décembre 2016

PASCAL COMELADE : Stranger in paradigm


Acquis chez Musique Action à Vandoeuvre le 26 mai 2006
Réf : 0630 -- Édité par Vand'Oeuvre en France en 2006 -- n° 179/1000
Support : 33 tours 25 cm
6 titres

La simultanéité des parutions est apparemment accidentelle, mais l'heure est au bilan pour Pascal Comelade en cette fin d'année 2016, avec la sortie d'un coffret, Rocanrolorama, et d'un livre de Pierre Hild, Pascal Comelade : Une galaxie instrumentale.


Rocanrolorama est sous-titré Le luna-park métaphysique. Deux coffrets de quatre CD avaient déjà été publiés en Espagne, Bar electric en 2006 et La catedral d'escuradents en 2009, mais Rocanrolorama fait encore plus fort. Pour ce "résumé de l'intégrale revisitée", Pascal Comelade a, sur une période de plusieurs années, réécouté l'ensemble de sa foisonnante production depuis 1974. Il a sélectionné 165 titres, parmi lesquels de nombreuses raretés et quelques inédits en studio ou en concert. Quand il l'a jugé nécessaire, certains titres ont été retravaillés, voire au moins en partie réenregistrés.
Le tout est un régal, pour le fan de longue date de Comelade aussi bien que pour celui qui souhaiterait découvrir son parcours. Avec six CD pour moins de quarante euros, ce coffret en édition limitée à 1000 exemplaires est aussi d'un rapport qualité-prix imbattable !
Le livre de Pierre Hild, un beau cadeau de mon ami Philippe C., accompagne parfaitement l'écoute du coffret et complète les propres Écrits monophoniques submergés de Pascal Comelade. Mieux qu'une biographie, c'est un regard complet sur son parcours musical, sur la base d'un traffic d'entretiens entre les deux hommes, dont de nombreux extraits sont donnés en verbatim.
Pascal Comelade a l'habitude de réfléchir sur son propre travail et il le fait généralement d'une façon clairvoyante, sans forfanterie ni pédanterie. Ça donne une lecture réjouissante, avec de nombreux éclairages sur les multiples projets d'un musicien paradoxal. Je crois que c'est l'une des choses qui me fascine et continue de m'étonner chez Pascal Comelade, rocker revendiqué et fin connaisseur des musiques de populaires de Catalogne. Quelqu'un qui explique qu'il préfère enregistrer seul chez lui, mais qui au bout du compte multiplie les collaborations et les projets, avec des peintres, des musiciens, des poètes, qui peuvent l'amener un jour à jouer dans une institution parisienne, un autre dans le foyer laïque ou l'église d'à côté, voire sur une estrade de la Fête de la Musique laissée trop longtemps libre ou dans un musée ou une galerie d'art contemporain.
Il a aussi un sens de la formule très marqué, repéré de longue date dans le choix de ses titres, et qui s'exprime très souvent ici : à propos de El Sordo (Le Sourd), mystérieux vocaliste sur You're never alone with a schizo, un titre de l'album enregistré avec The Limiñanas Traité de guitarres triolectiques (à l'usage des portugaises ensablées), il explique que c'est "un imitateur de The Phantom qui chanterait du braille en yaourt".
A ce propos, un contributeur sur Discogs note que Marche funèbre pour les funérailles d'un grand homme sourd est noté dans le livret du coffret, mais absent sur le disque correspondant. Il n'a pas dû suffisamment tendre l'oreille, sinon il aurait perçu l'hommage à Alphonse Allais ainsi rendu.
Ces deux publications constituent bien sûr une sorte de bilan, mais un bilan provisoire car le feu follet Comelade poursuit ses aventures, avec des concerts dessinés, un projet de disque avec Pau Riba, un album inédit qui devrait contenir Ze Bob Birman Sinfonia, fruit d'une collaboration autour de Bob Dylan avec les birmans de Saing Waing,...
L'une des dernières aventures contées dans le livre est celle de l'inauguration de la rue Jimi Hendrix à Passa, dans les Pyrénées Orientales, en présence de la sœur du musicien. Pascal Comelade a joué pour l'occasion Purple haze avec une fanfare et il précise modestement que, dans ce lotissement dont les rues portent toutes le nom de musiciens, il y a aussi une rue Pascal Comelade, une "petite artère en impasse".
Pour fêter tout ça, j'ai pioché dans mes étagères ce beau 25 cm qui a déjà presque dix ans. C'est aussi une façon de rendre hommage à Dominique Repécaud, qui dirigeait le festival Musique Action à Vandœuvre-lès-Nancy et qui est mort en novembre dernier. Musique Action a démarré en 1984, à la suite du Festival Musiques de Traverses de Reims. Une bonne occasion de proposer une deuxième date pendant le long week-end de l'Ascension aux groupes qui se déplaçaient à Reims. Mais le festival nancéen a largement survécu à son grand frère rémois et s'est développé au fil des années, proposant une programmation à la fois expérimentale et aventureuse, suffisamment variée pour que je m'y rende par deux fois, voir Pascal Comelade, Pere Ubu et aussi Eugene Chadbourne le 26 mai 2006 et Howe Gelb puis Giant Sand les 4 et 5 juin 2011.
C'est le Centre Culturel André Malraux, qui organise le festival, qui a aussi lancé le label Vand'Oeuvre pour le documenter discographiquement. Il n'est pas étonnant que, à l'occasion de sa venue au festival en 2006, Pascal Comelade ait ajouté son nom au catalogue du label : en plus d'avoir longtemps publié ses disques sur un label nancéen, Les Disques du Soleil et de l'Acier, il a enregistré des titres par dizaines au studio du Centre Culturel André Malraux, et s'est sûrement produit plusieurs autres fois au festival, notamment le 7 mai 1992 (on retrouve dans Rocanrolorama une version d'Egyptian reggae enregistrée ce soir-là).
Je suis revenu ce week-end là  de Nancy avec non pas un exemplaire de ce disque, mais trois, puisque les amis Olrik et Dorian Feller m'avaient passé commande avant mon départ.
Stranger in paradigm est un disque très rocanrol, même si ce mini-album n'a rien à voir avec la piste du même titre sur l'album de 2007 Mètode de rocanrol.
I love Joan Jett est le seul des titres qui avait été précédemment édité en France, mais c'était sur un livre-CD à diffusion très limitée, à l'occasion des dix ans du Festival International du Disque et de la Bande Dessinée de Perpignan, en 1999. C'est un medley de tubes de rocanrol (je vous laisse essayer de les reconnaître). Comelade y revient régulièrement, notamment lorsqu'il fait ses grands Rififi avec plein de guitaristes. Une version complétée en 2015 avec The Limiñanas, créditée à La Metropolina del Riff, est sortie en édition limitée.
Le seul original du lot est The blank invasion of schizofonics bikinis, un excellent titre de l'album Psicotic music' hall. Pascal Comelade y joue de tous les instruments sauf de la batterie, y compris donc une ligne de basse élastique et peut-être synthétique et de la guitare saturée.
Avant ça, on a droit à une version de 2003 de Sheena is a punk rocker des Ramones, différente de celle qu'on trouve sur Rocanrolorama. Comelade y est à l'accordéon, et étonnamment c'est un certain Ben Bolt qui est censé être au piano. Après avoir lu le livre, je pense bien qu'il s'agit là de l'un des multiples pseudo farfelus revêtis par Pascal dans les crédits de ses enregistrements.
Sweet little sixteen de Chuck Berry est ici dans une version enregistrée en concert à Barcelone en 1991. 
Mother of Earth, à l'origine sur l'album Miami de The Gun Club, et Russian roulette, de The Lords of the New Church, sont deux titres que le Bel Canto Orquestra a souvent interprétés en concert. Ils ont d'ailleurs tous les deux été joués lors à Musique Action en 2006.
La version de Mother of Earth qu'on trouve ici est tirée de l'album Espontex sinfonia, édité uniquement en Espagne. Pour Russian roulette, il s'agit d'une version en concert de Pascal Comelade et le Bel Canto Orquestra, au Théâtre Gérard Philipe de Frouard, près de Nancy, le 5 mars 2005, avec pour l'occasion Dominique Répécaud à la guitare électrique.

C'est presque étonnant, mais il reste des exemplaires de cette édition originale limitée de Stranger in paradigm, en vente sur le site du Centre Culturel André Malraux.

23 décembre 2016

OENIX : Ils veulent coucher avec Bip Bip


Acquis chez Dorian Feller à Villedommange le 18 décembre 2016
Réf : 101563 -- Édité par Virgin en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ils veulent coucher avec Bip Bip -/- Mélodie qui sonne

Lorsque j'ai chroniqué le 45 tours Michael de France Angleterre, qu'on m'avait offert, j'avais écrit que j'étais tout prêt à accueillir en cadeau d'autres 45 tours de groupes rouennais, comme Les Olivensteins ou Oenix.
Pour Les Olivensteins, faut pas trop rêver, mais je suis bien content d'avoir trouvé à prix d'ami ce 45 tours d'Oenix dans les cartons du sieur Dorian Feller. Certes, il s'agit de la deuxième édition "censurée", mais c'est déjà très bien, et l'édition originale doit être beaucoup plus rare.
A l'époque, certains à Rouen jouaient aux petits rigolos, cherchaient un peu la merde et l'ont trouvée. Le parcours des Olivensteins a été largement contrecarré par l'animosité de Claude Olievenstein. Quant à Oenix, ils se sont méchamment attaqués à une gloire nationale et leur Ils veulent coucher avec Sheila a vite fait long feu. Mais le petit scandale leur a sûrement permis de signer chez Virgin et de ressortir le 45 tours avec une pochette retravaillée et un nouveau titre, Ils veulent coucher avec Bip Bip.
Je me souviens très bien d'avoir lu une chronique du 45 tours dans Best ou Rock and Folk à l'époque et j'ai aussi entendu le disque à la radio. Je n'en suis plus certain, mais dans les deux cas je pense qu'il s'agissait de Ils veulent coucher avec Bip Bip plutôt que de Ils veulent coucher avec Sheila. Ça m'avait bien fait rire, mais pas au point d'acheter le disque quand même, à une époque où chaque franc comptait.
Le disque original n'est pas sorti chez Mélodies Massacre, mais il est produit par Lionel Hermani, des Dogs et des Calamités.
Les paroles sont bêtes et méchantes, mais y a pas de quoi tuer un coyote.
Musicalement, on est plus dans le rock-twist rétro à la Au Bonheur des Dames que dans la New Wave. Je n'aurais pas saisi la référence moi-même car je ne connais pas bien la chanson, mais il semble bien que la musique soit dérivée de l'un des premiers tube de Sheila en 1963, Papa t'es plus dans le coup. Avec cette histoire de fille qui est en fait un gars et les chœurs (même si ce ne sont pas des "Bidou-Bidets"), cette chanson peut tout à fait être considérée comme un précurseur de Non ! Non ! Jean-François de Sttellla.
La face B, Mélodie qui sonne, a plus un son pop-rock à la Buzzcocks. Les paroles ont beau être en français,je ne les comprends pas toutes, mais suffisamment pour saisir qu'il y est question de sexe. Elle a valu au groupe un passage sur FR3 Normandie (ci-dessous), où l'on apprend surout qu'Oenix fait "de la New Wave avec de l'humour".
Un peu plus tard en 1980, il y a eu un deuxième 45 tours, Pauvre et moche, également produit par Lionel Hermani et passé complètement inaperçu il me semble.
Le groupe a dû se séparer ensuite. On peut identifier ses quatre membres d'après les crédits : Anne-Marie Monville, Alain Mercier, William Foyé et Richard Alexandre. En 1982, on trouve la trace de deux d'entre eux associés à un autre groupe rouennais, Gogol 1er et La Horde. Anne-marie Monville le manageait et Richard Alexandre était un des musiciens.
Oenix aura laissé une trace anecdotique dans l'histoire du rock français, mais je suis bien content que cette trace ait rejoint mes étagères. Et maintenant, reste le cas des Olivensteins...!



20 décembre 2016

JEAN DRÉJAC : Vous présente un nouveau jeu de société (des auteurs)


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 17 décembre 2016
Réf : V 45 P 2030 -- Édité par Véga en France en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les poils du nez -- Faut pas gamberger -/- Étire ton zinzin -- Quand on est amoureux

Faute de vide-grenier en cette saison, j'ai fait un tour chez Emmaüs samedi dernier. Coup de chance, la pièce à disques était ouverte. Il y en avait beaucoup, mais très peu de nouveaux depuis ma dernière visite. Je les ai donc passés en revue très vite, mais à un moment je suis revenu en arrière pour observer celui-ci avec plus d'attention car j'avais vu qu'il était question de présenter un jeu et je me suis dit que c'était peut-être un disque publicitaire.
Je connaissais Jean Dréjac de nom mais c'est tout. Je n'aurais pas pu dire qu'il est surtout réputé comme auteur de chansons, dont les paroles de Ah ! Le petit vin blanc, ni qu'il a aussi été interprète, mais avec une discographie limitée.
Quand j'ai vraiment regardé la pochette, j'ai eu un sursaut. Autant le disque de Dréjac d'à côté dans la pile a l'air des plus sérieux (Octobre, avec une peinture d’Édouard Pignon en pochette), autant celui-ci est complètement délirant.
"Un nouveau jeu de société (des auteurs)" ? Il y a clairement un clin d’œil à la SACEM (dont Dréjac a longtemps été vice-président par la suite), mais on n'en saura pas beaucoup plus.
Les "éléments du jeu" sont quand même présentés : un piano, une machine et un magnétophone, clairement les outils de travail de l'auteur-compositeur, plus un tube et une locomotive, une source d'inspiration, le cadre noir de Saumur (!), et, drapant l'artiste, la robe de chambre "Foskifo" !!
Le délire continue au dos. Deux des chansons du Hit Parade sont quand même titrées Les poils du nez et Étire ton zinzin !
Les notes de pochette nous présentent un ouvrage de référence fictif, Le grand Dréjac illustré, avec notamment des définitions pour Tube, Locomotive, Bide,... Je connaissais la définition, différente, de "tube" par Boris Vian. Dréjac n'est peut-être pas aussi percutant, mais il s'est visiblement bien amusé.
Tout cela ressemble au résultat d'une grosse blague potache, au gage issu d'un pari stupide et bien arrosé. Malheureusement, je n'ai aucune idée de ce qui a amené à produire cette pochette. Si quelqu'un connaît l'histoire, les commentaires sont bienvenus.
En achetant le disque, je me disais que le contenu gravé sur les sillons serait sûrement moins fou que la pochette. J'avais malheureusement raison, mais le premier titre, Les poils du nez, est quand même bien barré. Le héros en est un gamin de quatre ans qui a fait une grande découverte : "Avant qu'on ne nous vende l'air au mètre ou au poids, Messieurs je vous le demande, chantez tous avec moi : Pour bien respirer, faut se couper les poils du nez, et vas-y Gégéne, à toi l'oxygène, et vas-y Gégéne, à toi de respirer". Soit dit en passant, de nos jours on ne vend pas encore l'air, mais on a réussi à créer un marché spéculatif des quotas d'émissions de CO2 !
Jacques Courtois et ses marionnettes ont repris cette chanson en 1963:



Les trois autres titres sont bien plus sages. Ils ont tous aussi été interprétés par d'autres que leur auteur, mais dans des versions sérieuses. N'empêche, je note que, sur le tableau du Hit Parade au recto de la pochette, ils sont listés dans cet ordre : "Étire ton zinzin, faut pas gamberger quand on est amoureux". Ça ne doit pas être un hasard, même si je regrette de ne pas réussir à y associer le premier titre.
Faut pas gamberger a été interprétée par Patachou  en 1960 quant à Étire ton zinzin, sur une musique de Michel Legrand, c'est Rosalie Dubois qui l'a interprétée en 1961. Et précisons pour ceux qui ont les idées mal placées que le zinzin en question est un accordéon !
Quand on est amoureux a été interprétée également par Marcel Amont dès 1959. Les paroles originales sont de Jean Dréjac, mais la musique est reprise de Il piccolo montanaro, enregistrée par Renato Carosone. L'instrumentation de Carosone est bien plus intéressante et délirante, dommage que ni Amont ni Dréjac ne l'aient suivi dans cette voie.
En tout cas, voici une découverte étonnante, et j'espère un jour en savoir plus sur l'histoire de ce disque.

Je ne vais pas m'énerver une fois de plus, mais ce 45 tours fait partie des collections publiques de la Bibliothèque Nationale de France. Bibliothèque qui a rémunéré des sociétés privées pour numériser une partie de ses disques. Chouette, sauf que les contrats prévoient une exclusivité de commercialisation des titres numérisés pendant plusieurs années. On peut donc acheter les titres en MP3, les écouter chez Deezer (en se connectant pour avoir les titres en entier), mais pour écouter plus que des extraits sur le site de la BNF, il faudra encore attendre plusieurs années.



18 décembre 2016

JOHNNY CASH : The matador


Acquis chez Cats Protection à Finchley le 17 novembre 2016
Réf : AAG 173 -- Édité par CBS en Angleterre en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The matador -/- Still in town

Depuis une vingtaine d'années maintenant, j'ai accumulé un bon paquet d'albums et de compilations de Johnny Cash, et j'en ai écouté encore plus, mais ma réaction quand je suis tombé sur ce 45 tours c'est que je n'avais jamais entendu parler d'une chanson de lui intitulée The matador.
Bizarre, mais avec ce titre et l'année de parution, 1963, j'ai tout de suite deviné de quoi il retournait : 1963, c'est Ring of fire, le Mexique, les mariachis. Le matador, c'est la corrida, l'Espagne, le Mexique aussi. Sachant que Ring of fire avait été un tube, il y avait toutes les chances que The matador soit une sorte de suite.
Et c'est bien ça. Ce 45 tours est sorti en septembre 1963, le premier de Cash après le succès de Ring of fire. La chanson est co-signée par June Carter, qui avait aussi co-écrit Ring of fire, et Cash lui-même. Elle raconte l'histoire d'un matador qui s'apprête à livrer son dernier combat devant celle qui l'a délaissé, Anita (le prénom sonne suffisamment latin et c'est peut-être un clin d’œil à Anita Carter, la sœur de June).
Les cuivres sont bien présents et mis en avant, mais la chanson n'a pas l'accroche de Ring of fire et n'a pas eu autant de succès. Elle ne figure sur aucun album studio de Johnny Cash. Cette tentative de transformation d'une arène en anneau de feu n'a pas vraiment réussi.
Sur sa lancée, Cash a sorti un EP de quatre titres chantés en espagnol, avec Anillo de fuego en titre principal, bien sûr, mais on y trouve aussi El matador.
La face B, Still in town, est co-signée par deux grands de la country, Hank Cochran et Harlan Howard. Une chanson classique dans le style, l'histoire d'un gars qui n'arriver pas à s'éloigner de celle dont il est toujours amoureux, avec un refrain qui fonctionne bien, "Yes I'm still in town, I'm still around, and still in love with you".Cette chanson a été jugée suffisamment bonne pour être incluse sur l'album I walk the line de 1964. Elle fait partie aussi des dizaines de chansons que Bob Dylan et The Band ont enregistrées sur les Basement tapes. Mais le disque c'est avant tout du commerce et, juste après The matador et avant cet excellent album de 1964, Cash a sorti un album de saison en décembre 1963, The Christmas spirit. Sûrement l'un de ses nombreux disques qui restent à peu près inécoutables.
J'ai trouvé ce 45 tours dans la boutique d'une association pour la protection des chats. J'aurais bien poursuivi sur le même thème en choisissant un cadeau pour mon félin sur la boutique en ligne officielle de Johnny Cash, mais malheureusement, il n'y en a que pour les chiens. Dommage, car l'équivalent pour chat de la laisse I walk the line ou du distributeur de sacs à merde m'aurait sûrement fait craquer !!

09 décembre 2016

VIOLENT FEMMES : Memory


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres le 15 novembre 2016
Réf : PIASR421CDSP -- Édité par PIAS en Angleterre en 2016 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titre : Memory

Elle est déjà bien loin  l'époque où la cave des magasins Record and Tape Exchange était pleine à craquer de disques bradés. Il en reste, mais un tout petit peu : deux ou trois cartons de 45 tours à 10 pence, quelques dizaines de CD au prix abaissé à 50 pence...
J'ai quand même été content d'y trouver ce promo de Violent Femmes édité au printemps dernier.
En 2015, j'avais été attiré par de bons commentaires sur leur maxi Happy new year, l'occasion d'un énième retour. Je m'étais renseigné, mais il n'était sorti qu'en maxi 45 tours aux États-Unis. Inabordable.
Cette année, il y a eu un nouvel album, We can do anything, sans aucun des quatre titres du maxi. Memory est le premier titre de l'album, et il est aussi sorti en 45 tours, en édition limitée à 1200 exemplaires, à l'occasion du Record Store Day.
Je n'ai pas ce 45 tours, et donc pas sa face B inédite, mais j'ai le titre principal et sa pochette, et c'est déjà très bien comme ça.
A l'écoute, on se dit que Memory est une très bonne chanson, et aussi qu'elle est vraiment typique du style Violent Femmes, au point qu'elle n'aurait pas déparé sur un de leurs disques des années 1980. Il faut dire que, après quelques expériences au fil du temps, ils se concentrent sur leur formule de rock acoustique échevelé. Mais surtout, il s'avère que Memory, ainsi que d'autres chansons de l'album, fait partie de tout un lot de vieilles idées/ébauches que Gordon Gano a déterrées pour l'occasion, comme il l'a expliqué aux Inrockuptibles.
Sinon, l'histoire du groupe est elle-même un peu violente. Après plusieurs aller-retour, le batteur Victor DeLorenzo a quitté le groupe (ou en a été éjecté) en 2013, pour de bon probablement, quelques semaines après le début d'une tournée de retour de la formation originale, notamment pour des questions d'argent. Quelques années plus tôt, c'est le bassiste Brian Ritchie qui avait attaqué en justice le guitariste-chanteur Gordon Gano pour demander un partage des droits d'auteur et un accès à la comptabilité du groupe ! Mais ça a dû s'arranger, car en 2016 les deux sont toujours côte à côte sur scène.
Pour finir sur une note plus légère : j'ai passé un bon moment à lire les nombreuses anecdotes racontées sur le site du groupe, notamment celle où Jonathan Richman téléphone en pleine nuit à Gordon Gano pour s'excuser d'avoir dit du mal du groupe dans la presse trois ans plus tôt !

We can do anything est intégralement en écoute sur YouTube. L'album édité par PIAS est en vente partout.




Violent Femmes, Memory, en direct pour la radio KINK 101.9 de Portland, en mai 2016.


Violent Femmes, Memory, une version plus électrique, en public au festival Summerfest à Milwaukee, leur ville d'origine, le 7 juillet 2016.

03 décembre 2016

TERRY REID : Superlungs


Acquis à la Foire aux Disques de Cormontreuil le 12 novembre 2016
Réf : 2 C 006-91007 M -- Édité par Columbia en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Superlungs -/- Stay with me baby

Les bourses aux disques ce n'est pas trop mon truc car je cherche la bonne affaire ou la curiosité plutôt que le collector. Mais quand il y en a une près de chez moi, j'y fais quand même un tour, en espérant dénicher quelque chose d'intéressant dans les cartons théoriquement bradés sous les stands. Mais quand que de simples CD sont annoncés triomphalement à 5 € comme si c'était l'affaire du siècle, je vous laisse imaginer le prix des vinyls d'époque, même en état moyen et peu recherchés...
A Cormontreuil, j'ai quand même trouvé deux-trois trucs à prix correct et, surtout, j'ai eu la chance que quelques vendeurs réellement amateurs se soient glissés parmi les pros et semi-pros. L'un d'entre eux avait une boite à chaussures de 45 tours en bon état à 1 € les trois. Inespéré ! J'en ai pris six, dont celui-ci, plus par curiosité et parce que je me doutais qu'il n'était pas trop courant que par intérêt musical, car a priori je ne pensais pas trop qu'il allait me plaire.
Terry Reid est entré dans l'histoire anecdotique du rock pour une raison toute simple : contacté pour éventuellement devenir le chanteur du groupe qui allait devenir Led Zeppelin, il a décliné l'invitation et suggéré à Page de s'intéresser au chanteur de Band of Joy, un groupe qui avait sa première partie, et aussi accessoirement à leur batteur. Il s'agissait bien sûr de Robert Plant et John Bonham. Plus tard, il a aussi refusé de devenir membre de Deep Purple.
Ce que je ne savais pas, c'est que sous son nom, Terry Reid avait déjà alors une carrière d'envergure non négligeable, avec plusieurs albums et des tournées américaines en ouverture de Cream ou des Rolling Stones.
En l'associant à Led Zeppelin, je pensais ne pas apprécier spécialement ce disque, mais j'ai été agréablement surpris à l'écoute. La production musicale est intéressante, claire et nette. Quant à Terry Reid, c'est un chanteur à coffre et à voix, certes, mais son style me convient mieux que celui de Robert Plant.
Ce 45 tours est extrait de Terry Reid, son deuxième album, sorti fin 1969. Il contient deux reprises, toutes les deux avec un son très différent des versions originales et toutes les deux à mon sens plus intéressantes que les originales. 
Superlungs est une reprise de Superlungs (My supergirl) de Donovan, sorti très peu de temps auparavant sur son album Barabajagal. Côté paroles, ce n'est sûrement pas ce que Donovan a fait de mieux, puisque sa "super fille" dans la chanson est une fan de quatorze ans aux "super poumons". Là où la version de Donovan a des côtés hippie et garage, celle de Terry Reid a une basse très claire, des guitares et de l'orgue qui en font un excellent titre pop-rock.
Je ne connaissais pas la version originale de Stay with me par Lorraine Ellison, qui date de 1966 mais, dès les premières notes de Stay with me baby, j'ai compris que l'original était une ballade soul/rhythm and blues. Cette version est à la fois puissante et pleine de maîtrise, très réussie.
Ce 45 tours est donc une bonne surprise pour moi. Mais, la photo de pochette étant celle de l'album et les deux titres en étant extraits, j'ai du mal à comprendre pourquoi il se vend en moyenne plus d'une trentaine d'euros chez Discogs. Pour beaucoup moins cher, je conseille à qui serait intéressé de se procurer le CD de 2004 Super lungs (The complete studio recordings 1966-1969).


Terry Reid, Superlungs, Rich kid blues et Highway 61 revisited, en direct dans l'émission allemande Beat Club le 31 décembre 1969.


Terry Reid, Superlungs, en direct dans l'émission ou sur la chaîne Detroit Tube Work en 1970.


La bande-annonce de Superlungs : A Terry Reid documentary. Le film complet n'a pas encore été diffusé.

27 novembre 2016

MAGALI NOËL : Magali se déchaîne


Acquis sur le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Épernay le 11 novembre 2016
Réf : 432.185 NE -- Édité par Philips en France en 1957
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Un coup de foudre (I love my baby) -- Mon oncle Célestin -/- Oh si y avait pas ton père -- Eh ! Mama

Cette année, ça s'annonçait mal pour la dernière grande brocante d'automne par chez moi : il a plu toute la journée la veille, et toute la nuit jusque 7h du matin. Mais, coup de bol, le temps est resté sec et relativement doux toute la journée. Du coup, il y avait comme chaque année un nombre impressionnant de stands.
Nous y sommes allés en balade, tranquillement, pendant midi. J'ai acheté peu de disques, mais je suis bien content d'avoir trouvé cet EP de Magali Noël.
Certes, c'est son troisième disque, et j'aurais préféré trouver le deuxième, le 45 tours Rock and roll avec Fais-moi mal Johnny (présent sur ma compilation Testament du rock volume 5), mais faut quand même pas rêver.
Certes, le disque m'avait paru en parfait état lorsque je l'avais sorti de sa pochette sur place, alors qu'il a pris le chaud et est un peu gondolé sur le bord, mais il passe à 90%...
Et puis, de toute façon, c'est la première fois depuis des années que je vois un disque de Magali Noël. Pour 1€, je ne vais pas me plaindre.
Et l'illustration de la pochette est très bien. On apprend chez De Vian la zizique que cette photo de  Henri Guilbaud a été prise en 1954 au Théâtre Fontaine lors de répétitions de la pièce L'amour des quatre colonels de Peter Ustinov. Magali Noël était d'abord une actrice, il faut s'en souvenir, mais c'était aussi une excellente chanteuse, et musicalement il y a de très bonnes choses sur ce disque.
Le premier titre, Un coup de foudre, est le moins intéressant du lot. C'est, pour la plus grande partie (la fin est chantée en anglais), une adaptation en français de I love my baby (My baby loves me), une chanson des années 1920 de Harry Warren. Josephine Baker l'avait interprétée en 1927. On est dans le rétro ambiance années folles/charleston. Bien fait, mais pas trop mon truc.
Mon oncle Célestin, est la seule chanson originale du disque. Paroles de Boris Vian, dont Magali Noël est l'une des interprètes importantes, musique de Claude Bolling, dont l'orchestre de jazz Nouvelle Orléans, ici baptisé les Dixi-Faunes, fait ici merveille dans cette ambiance joyeuse de bruitages et de fête foraine. La prestation de Magali Noël, à la fois énergique et maîtrisée, est impressionnante.
En face B, on trouve deux titres signés Boris Vian pour les paroles et Henri Salvador pour la musique. Il s'agit de deux calypsos publiés pour la première fois peu de temps auparavant, sur un excellent EP crédité à Henri Salvador et ses Calypso Boys.
Les versions qu'on a ici, accompagnées par Alain Goraguer et son ensemble, de Oh si y avait pas ton père (avec des effets de voix qui rappellent par moment Fais-moi mal Johnny) et Eh ! Mama, valent bien les originales.

A l'époque, ces chansons n'ont pas été reprises en album et n'étaient disponibles que sur ce 45 tours. Depuis, de nombreuses compilations ont été publiées, dont une est intégralement en écoute sur YouTube.

20 novembre 2016

GRAEME ALLWRIGHT : Chante Leonard Cohen


Acquis chez Emmaüs à Reims le 12 septembre 2014
Réf : 6325 600 -- Édité par Mercury en France en 1973
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

Presque annoncée par lui-même quelques semaines plus tôt, la mort de Leonard Cohen le 7 novembre à 82 ans, quelques jours après la sortie d'un nouvel album, You want it darker, n'a été une surprise pour personne mais n'en a pas moins déclenché une avalanche méritée d'hommages à grands coups de Suzanne et de Hallelujah, facilités par une profusion de titres de chansons à disposition faciles à replacer ou détourner, de A singer must die à Hey, that's no way to say goodbye, en passant par Death of a ladies man, Passing through ou So long, Leonard.
Parmi les personnalités invitées à témoigner dans les médias, Daniel Schneidermann a relevé une prestation remarquable de Françoise Hardy sur France Inter, où elle a indiqué qu'elle n'appréciait pas trop les chansons de Cohen et a semblé avoir oublié qu'elle avait elle-même enregistré une version de Suzanne en 1968.
Je me suis étonné que, à propos de la France et de Leonard Cohen, on fasse aussi peu référence à Graeme Allwright. S'il y avait quelqu'un à inviter, c'était bien lui. Comme le précise Schneidermann, il a 90 ans et donne encore régulièrement des concerts.
Avec les éditions 10/18, qui ont publié en France dans la première moitié des années 1970 des traductions de ses romans, poèmes et chansons, Graeme Allwright a contribué à faire connaître l’œuvre de Cohen par chez nous en adaptant ses chansons en français, soit quatorze chansons publiées de 1968 à 1985.
Pour ma part, je suis à peu près certain que c'est par Graeme Allwright que j'ai découvert les chansons de Leonard Cohen. Dans nos carnets de chant en colonie de vacances, il y avait Il faut que je m'en aille, ses adaptations de Sacrée bouteille et Petites boîtes, peut-être aussi Petit garçon et je parierais bien qu'il y avait aussi au moins Suzanne.
J'ai cherché un peu, et j'ai trouvé la trace d'un média qui a eu la bonne idée de faire intervenir Graeme Allwright dans un hommage à Cohen. C'est une radio catho, s'il vous plaît, qui, pour son émission Décryptage du 16 novembre, a invité Christophe Lebold, auteur du livre L'homme qui voyait tomber les anges (je ne l'ai pas lu, mais j'ai vu passer de chaudes recommandations) et a téléphoné à Graeme Allwright. J'ai écouté le début de l'émission, jusqu'à la fin de l'entretien avec Allwright, qui débute vers la neuvième minute. Un hommage sobre, sans révélation éclatante, mais on apprend au passage que les deux chanteurs se sont vus régulièrement au fil des années.
Graeme Allwright a adapté deux chansons de Cohen sur son album Le jour de clarté en 1968, deux autres en 1972 sur Jeanne d'Arc. En 1975, après la sortie de New skin for the old ceremony, il en a adapté deux titres sur son album De passage, dont Lover lover lover (également sorti en 45 tours), plus Passing through, de Live songs. Il y a eu des versions de certaines de ces chansons sur deux double 33 tours en public à l'Olympia en 1973 et 1979, plus un So long, Marianne en anglais. Et, en 1985, il a aussi adapté en français, sur un 45 tours, Dance me to the end of love et If it be your will de l'album Various positions (quatre autres adaptations de titres de cet album sont restées inédites).
Il y a le choix donc, et je possède plusieurs de ces disques, mais aujourd'hui j'ai fort logiquement sélectionné cet album Graeme Allwright chante Leonard Cohen de 1973. On y retrouve les quatre chansons précédemment publiées en 1968 et 1972 (je ne sais pas s'il s'agit de nouveaux enregistrements ou pas), plus cinq autres, toutes extraites des trois albums de Cohen alors publiés, Songs of Leonard Cohen (Suzanne, Winter Lady, The stranger song, Sisters of Mercy), Songs from a room (Tonight will be fine) et Songs of love and hate (Avalanche, Last year's man, Diamonds in the mine, Joan of Arc).
Les quelques mots de la main de Graeme Allwright au recto du disque sont une bonne indication du bon esprit qui anime ce disque : "En adaptant ces chansons j'ai essayé de respecter dans la mesure du possible la pensée de Leonard Cohen que j'estime beaucoup. J'espère que mon travail aidera l'auditeur français à mieux comprendre et pénétrer l'univers souvent difficile de Cohen. Je lui dédie ce disque dans l'espoir de nous retrouver un jour sur un chemin plus ensoleillé.".
C'était un projet assez casse-gueule, mais Graeme Allwright s'en tire admirablement. Tout le monde s'accorde pour dire que les adaptations des paroles en français sont réussies. Il chante bien, heureusement sans chercher à imiter Cohen. Les arrangements et la direction d'orchestre de Christian Chevallier sont dans la tradition de la variété française de qualité, et les chœurs féminins couramment employés par Cohen sont bien présents ici sur plusieurs titres.
Avec un matériau de base d'une telle qualité, on pourrait penser qu'il était facile de faire un bon disque, mais je ne pense pas que d'autres auraient aussi bien réussi.
Mes titres préférés sont Diamants dans la mine et Demain sera bien pour les chansons enjouées avec chœurs, ainsi que L'étranger, Suzanne et surtout Avalanche, avec des arrangements très réussis. La version n'est pas mauvaise, mais j'espérais encore mieux de Les soeurs de la Miséricorde. 

A écouter sur France Culture, l'émission A voix nue sur Graeme Allwright en cinq parties.



Graeme Allwright, L'étranger, en direct dans Le cercle de Minuit sur France 2 le 9 décembre 1992, en présence de Leonard Cohen.
Dans le deuxième extrait de la mếme émission, Cohen contredit Graeme Allwright et insiste sur la gaieté de ses chansons.

13 novembre 2016

ADAM GREEN : Aladdin


Visionné à La Cartonnerie à Reims le 22 octobre 2016
Réf : [sans] -- Édité par Aladdin Green aux États-Unis en 2016
Support : 1 fichier vidéo
Titre : Adam Green's Aladdin

J'avais vu passer l'annonce de la projection du film d'Adam Green à Reims, suivie d'un concert, mais je ne comptais pas m'y rendre. Un film d'Adam Green, je ne cours pas particulièrement après. Un concert, pourquoi pas, mais les deux derniers albums que j'ai écoutés de lui, étonnamment fades, me sont entrés par une oreille pour ressortir par l'autre.
Oui, mais voilà, Monsieur Philippe était de passage en ville ce jour-là, et cette programmation de La Cartonnerie était ce qui me semblait le mieux pour passer la soirée en musique. Et je n'ai pas regretté car au bout du compte cette soirée a été réjouissante !
Elle a commencé par le film Adam Geen's Aladdin. Comme le titre l'indique, il s'agit de la version toute personnelle de Green du conte Aladin ou la lampe merveilleuse. Ici, la lampe magique est une imprimante 3D, ce qui est une excellente trouvaille. Le film délire bien, mais se tient de bout en bout, ce qui me convient parfaitement. C'est aussi un film musical, avec plusieurs excellentes chansons. Et, visuellement, il est à la fois bricolé et très coloré. Une réussite, que vous pouvez visionner en intégralité de suite :



Moins d'un quart d'heure après la fin du film, on a eu droit au concert, et là aussi j'ai été agréablement surpris et j'ai passé un bon moment.
Je ne sais pas pourquoi, je m'étais mis en tête qu'il s'agissait d'un mini-concert pour compléter la projection, peut-être bien en solo. Pas du tout, on a eu droit à un concert complet d'un Adam Green accompagné par un quintet.
Le concert a commencé par deux titres en solo à la guitare du batteur du groupe. J'avais bêtement oublié le nom de ce projet, présenté de façon très sympathique comme toutes les étapes de la soirée par Adam Green lui-même, mais je viens de le retrouver : il s'agit de Ryder The Eagle.
Il s'est avéré que le groupe qui accompagne Adam Green sur scène en Europe depuis quelques temps déjà est un groupe français, Coming Soon, qui a déjà plusieurs disques à son actif, qui a participé à la bande originale du film Juno sous le nom d'Antsy Pants, et dont les deux guitaristes se produisent également sous le nom Mont Analogue. Ils ont eux aussi interprété deux de leurs titres au cours de la soirée.
Le concert d'Adam Green lui-même était vraiment bien. Il a interprété plusieurs chansons du film et toutes mes préférées de ses chansons solo (Emily, Dance with me, Jessica). Au premier rappel, on a même eu en droit à une version en solo de Who's got the crack ? des Moldy Peaches. Que demander de plus ?

La bande originale d'Adam Green's Aladdin a été éditée en disque. Le film peut être visionné intégralement et gratuitement en ligne, mais on peut soutenir le projet en commandant une version de meilleure qualité technique.


Adam Green accompagné par Coming Soon, Reims, La Cartonnerie, 22 octobre 2016. Photo : Pol Dodu.


Un reportage sur le film de l'émission Tracks d'Arte.


Un documentaire sur les coulisses du tournage, avec notamment des explications sur la façon dont les décors ont été construits.


Comme il se l'était promis, Adam Green a rendu visite à l'Ange au Sourire de la Cathédrale de Reims le lendemain du concert.

11 novembre 2016

WHITE WILLIAMS : Smoke


Acquis chez Human Relief Welfare à Dalston le 16 août 2016
Réf : DS004CDP -- Édité par Double Six en Angleterre en 2008 -- For promotional use only / Not for sale. This promotional CD remains the property of Double Six Records and must be surrendered upon request.
Support : CD 12 cm
10 titres

Après le David Grubbs et le Chain and the Gang, voici un troisième disque tiré du lot que j'ai eu la chance d'acheter cet été, choisi dans un carton pas encore mis en rayon.
Il est nommément édité par Double Six, qui est une filiale de Domino : il vient donc s'ajouter à ma collection de CD promo de ce label, constituée par accrétion ces quinze-vingt dernières années. Je ne me suis pas amusé à les compter, mais avec les Will Oldham, les James Yorkston et tous les autres, je dois bien en avoir une centaine.
Avec ce disque-ci, c'était mal engagé. Le nom du groupe, White Williams et le titre de l'album Smoke sont bateaux. La pochette est à vomir. En plus, dès les premières notes, je me suis rendu compte que les références musicales du groupe sont rétro, ancrées dans l'électro-pop des années 1980.
En temps normal, je fuis ce genre de disque, mais là je me suis rendu compte au fil de l'écoute que j'arrivais à faire abstraction du manque d'originalité de l'ensemble et que j'appréciais la plupart des chansons. Certes, c'est surtout bien fait et agréable, ni révolutionnaire ni renversant, mais c'est déjà pas mal.
Dans l'esprit, surtout à l'écoute de New violence, je trouve qu'on est proche de New Musik, groupe au succès éphémère apparu en 1979.
J'apprécie particulièrement aussi Violator, Headlines et The shadow. Going down a une rythmique électro-pop et sur Route to Palm il y a des des touches de guitare exotique.
Rassemblé autour de Joe Williams, White Williams était un véritable groupe, aussi bien sur disque que sur scène. Ils n'auront sorti que cet album. Depuis, Joe Williams s'est lancé dans le projet Motion Graphics, avec lequel il produit musiques de film, illustrations sonores, et un album, sorti cette année, également chez Domino. J'imagine que c'est dans la lignée de Lice in the rainbow, le seul instrumental de Smoke.

Smoke est en vente chez Domino.






White Williams, Going down, en concert au festival South by Southwest à Austin en 2008.

05 novembre 2016

SAFARI SOUVENIR VOLUME 2


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 9 octobre 2016
Réf : SSC 002 -- Édité par Polydor au Kenya en 1981
Support : Cassette
11 titres

La brocante de Magenta est toujours aussi grande et cette année il faisait un temps superbe, mais je n'y ai pas fait pour autant de grandes découvertes.
Quand même, une dame avait sur une table une douzaine de cassettes, de musiques du monde entier, de l'Espagne à Tahiti, du Japon au Brésil. Je lui ai dit qu'elles avaient dû appartenir à des voyageurs, et elle m'a dit que c'était elle et son mari qui les avaient rapportées de leurs voyages.
Autant l'édition de nouvelles cassettes de nos jours a tendance à m'exaspérer, autant je n'ai rien contre acheter une cassette d'époque à cinquante centimes, même si je sais qu'elle aura un son plutôt pourri et même si ce n'est pas très pratique car je n'ai plus qu'un seul appareil pour les écouter.
Comme le confirme l'expérience de ma vendeuse et comme le titre l'indique, la collection de disques Safari Souvenir était clairement éditée à l'intention des touristes qui visitaient le Kenya, et plus largement l'Afrique de l'Est. Et comme les clients n'étaient pas les mêmes d'une année sur l'autre, Polydor ne se gênait pas pour reprendre une bonne partie des titres d'un volume à l'autre !
Comme ce qui intéresse les touristes c'est le souvenir plus que la musique, et comme cette cassette a un livret réduit au strict minimum, on a droit à la liste des titres, mais pas au nom des artistes.
Heureusement, ces noms figurent sur l'édition en 33 tours, dont tous les titres sont téléchargeables gratuitement chez Soul Safari.
Sur le recto de la pochette, on a quand même trouvé la place pour annoncer que la cassette contient le tube Kenya hakuna matata. Notons au passage que la moitié des titres des chansons contient des noms de lieux susceptibles d'être reconnus par les touristes (Kenya, Kilimanjaro x 2, Nairobi, Soweto, Mombasa). Ce tube de Them Mushrooms ouvre la cassette, sur laquelle on trouve en fait les quatre faces de deux de leurs 45 tours, Mombasa et Bonde kwa bonde, chantées en Swahili. C'est de la pop à l'africaine, pas infamante mais pas du tout renversante.
Ce qui est plus difficilement supportable c'est la sélection de titres dans les styles en vogue de l'époque, sur lesquels les touristes devaient danser le soir à l'hôtel lors des étapes de leur safari. On a droit à de la disco (Night in Nairobi de Bozuma), à du funk et à un reggae (Kilimanjaro et Soweto's voice de Bakambi N'Kela), à un slow, bien sûr ((With my) Hands on my heart de Bozuma) et même à un slow avec solo de saxophone ! (Wewe bwana de Bakambi N'Kela).
Heureusement, il se cachait sur la bande deux perles, et c'est bien sûr pour elles que j'ai pris la peine de faire cette chronique.
Ces deux perles sont dues à John Ondolo, dont Amadi Kwaa Atsiaya nous dit dans son article Effect of Rhumba on the Kenyan pop scene, en citant le collectionneur Tony Najori, qu'il était "un musicien de rumba des années 1960 et 1970 qui utilisait la flûte en métal dans la plupart de ses chansons.
Apparemment, John Ondolo a été accompagné à la guitare par une figure de la musique kenyane, George Mukabi, guitariste réputé pour jouer en arpège, notamment pour une chanson intitulée Kilimanjaro, éditée à l'origine en 78 tours, et reprise en 2012 sur le CD A search for CMS : A story by Blue Flamingo.

John Ondolo : Kilimanjaro., à l'origine un 78 tours, réédité sur la compilation A search for CMS : A story by Blue Flamingo.

Superbe, n'est-ce pas ? Mais cet enregistrement n'est pas sur ma cassette. Ce qu'on y trouve, c'est Safari Kilimanjaro, c'est à dire la même chanson dans un enregistrement différent, avec le flûtiau en métal cette fois-ci. C'est tout aussi bon :

 
John Ondolo : Safari Kilimanjaro, extrait de Safari Souvenir Volume 2.


L'autre titre de John Ondolo, plus enlevé, c'est Ahsante. Il est dans la même veine et très réjouissant également :

 
John Ondolo : Ahsante, extrait de Safari Souvenir Volume 2.


Je pense que ces deux titres de John Ondolo sont les plus anciens enregistrements de la cassette. Ils datent peut-être des années 1960 et, même si je n'ai trouvé aucune référence de la publication originale, je parierais bien qu'il s'agit des deux faces d'un même simple, 45 ou 78 tours.
J'aurais certes préféré tomber sur le disque original mais, les choses étant ce qu'elles sont, je me contente très bien d'être revenu avec cette cassette de mon safari-brocante à Magenta.

01 novembre 2016

GEORGES JOUVIN ET SA TROMPETTE D'OR : Amoureusement vôtre


Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : FELP 257 -- Édité par La Voix De Son Maître en France en 1963
Support : 33 tours 30 cm
14 titres

Georges Jouvin a trépassé le 24 octobre, à 93 ans d'une vie bien remplie de musicien professionnel et de représentant de ces musiciens au sein de sociétés civiles (SACEM, SDRM) et de nombreux autres organismes (fédérations professionnelles, mutuelles, caisses de retraite...).
La dernière fois, que j'avais vu un écho en ligne de sa présence publique, c'était en mars 2015 lors d'une cérémonie à la SACEM.
J'ai rendu hommage à Georges Jouvin et à la chanteuse Dominique en 2004 avec Tu m'as trompette mon amour, publié en livre en 2010 et disponible en téléchargement gratuit (servez-vous et faites tournez !). Cela m'avait valu quelques temps plus tard un long appel de Georges Jouvin pour me remercier de cet hommage et discuter de son parcours.
Sans trop de surprise, la SACEM a été la première à communiquer sur ce décès, le 25 octobre : "Avec son instrument, Georges Jouvin représente à lui seul un palmarès à couper le souffle : 70 albums, 3000 titres enregistrés, 25 millions de disques vendus, un Oscar de l’Académie du Disque en 1981… En qualité d’auteur-compositeur, il a déposé plus de 300 œuvres à la Sacem".
Si a priori on peut faire confiance à la SACEM sur le nombre d’œuvres déposées en tant que compositeur, et peut-être sur le nombre de titres enregistrés et de disques vendus, il me parait évident que le nombre d'albums est sous-évalué. J'en ai répertorié 69 sortis sous son nom, et cette liste ne comprend qu'une petite partie des 40 et plus "Hit" Jouvin sortis dans les années 1970 et 1980. Il faudrait ajouter les disques sortis sous pseudonyme, dont les musiques typiques de Ray Tchicoray des années 1950, et je suis à peu près sûr que, rien que pour la France, on atteint les 140 albums.
Pour les 45 tours, j'en ai répertorié justement 140, mais il y en a plus. Dans mes étagères, j'ai actuellement 62 albums et 99 45 tours sortis sous le nom de Jouvin. Ça fait bien longtemps qu'il a enfoncé Elvis Costello pour être, en nombre de disques, l'artiste le plus présent dans ma discothèque. Il n'est pas près d'être rattrapé.
Il a fallu attendre encore un jour pour que l'AFP publie une dépêche. Sans surprise là encore, Le Figaro a été parmi les premiers à la diffuser.
Ensuite, on a pu assister aux bals des titres de presse, nationaux ou régionaux, et des méta-sources d'information qui se sont contentés de reprendre la dépêche, avec la même photo, au mieux avec un titre bien choisi, Georges Jouvin à bout de souffle, ou une vidéo trouvée sur YouTube. Dans la presse nationale, seul Le Monde a pris la peine de confier à un journaliste de son service Culture la rédaction d'un court article en forme de service minimum, avec la photo fournie par l'AFP.
Il y a aussi tous ceux qui sont allés lire la notice de Wikipedia. Et là, comme par hasard, une phrase semble attirer l'attention de tous : "En novembre 1950 il enregistre à Paris dans un orchestre conduit par Maurice Moufflard avec Charlie Parker en guest star.".
Ah ça, c'est super le jazz, c'est de la musique sérieuse. On sait que Georges Jouvin a suivi une formation musicale classique, qu'il a eu tous les grands prix de conservatoire possibles. Comme tous les musiciens de sa génération, Jouvin a dû apprécier et jouer du jazz et avait des amis jazzmen, mais mettre en épingle dans son parcours cette anecdote en mentionnant le nom de Charlie Parker, c'est encore une fois un moyen d'évacuer ce qui caractérise sa carrière, celle d'un musicien directeur d'orchestre très populaire, qui a écumé pendant des dizaines d'années les bals, les fêtes et les galas dans toute la France et dans le monde, qui a enregistré les airs les plus connus et vendus des millions de disques aux gens qui avaient dansé avec son orchestre et dansaient avec ses disques...
Quant à l'anecdote, donnée sans aucune référence dans Wikipedia, elle semble confirmée par La Gazette des Cuivres et, avec plus de détails par Les Dernières Nouvelles du Jazz. On passe d'un enregistrement de l'Orchestre Maurice Moufflard avec Charlie Parker en guest-star à une session de deux titres enregistrés pour la RTF en novembre 1950 avec Charlie Parker en vedette accompagné par l'orchestre de Maurice Mouflard, dans lequel Jouvin était, "probablement" si j'en crois un article intitulé Bird in Paris, le deuxième ou troisième trompettiste avec Mouflard et Roger Guérin !
Pour ma part, j'ai choisi aujourd'hui pour rendre hommage à Jouvin un album de l'époque de ses grands succès, Amoureusement vôtre, particulièrement parce que j'ai trouvé une vidéo pour l'illustrer. On trouve en effet en ligne relativement peu de documents filmés retraçant son parcours. Il y a un excellent scopitone, Le train de nuit, mais la qualité de la copie est mauvaise. J'adore par contre cette interprétation par Dominique et Georges Jouvin de Si j'avais un marteau (et non pas Le surf comme indiqué par erreur par l'INA) à la télévision en décembre 1965, notamment pour le côté un peu amateur de la chose quand Dominique interrompt au début ses "Hou hou hou hou" pour poser son micro et danser le surf.


Dominique, avec Georges Jouvin à la trompette et l'Orchestre de Raymond Lefèvre, Si j'avais un marteau, en direct à la télévision dans l'émission Palmarès des chansons le 9 décembre 1965.

La date de l'émission m'a un peu fait tiquer car le succès de Si j'avais un marteau par Claude François date de 1963, tout comme cet album Amoureusement vôtre, sur lequel Dominique et Jouvin ont enregistré cette chanson. Et je ne pense pas que la vague du surf (ah ! ah !) a duré bien longtemps au-delà de 1964 et de Viens danser le surf par Sylvie Vartan.
Je pense que le choix d'interpréter à la télé une "vieille" chanson de deux ans est dû au principe de l'émission Palmarès des chansons, un de ces télé-crochets comme il en existe à nouveau de nos jours dans lequel des jeunes chanteurs inconnus devaient interpréter en direct un succès du chanteur invité. Claude François devait être l'invité du jour et l'idée était sûrement de lancer sous son nom Dominique qui, en plus d'enregistrer avec Jouvin, a sorti à cette époque plusieurs disques sous son nom chez Trianon.
Le choix des 14 titres de cet album obéit à une série de règles bien établies.
Il faut reprendre les succès du moment (Si j'avais un marteau et Si tu veux être heureux de Claude François, Le sifflet des copains de Sheila, Tu te reconnaîtras de Lény Escudero), si possible en faisant la part belle aux productions Pathé-Marconi, chez qui Jouvin était signé (Enfants de tous pays et Adieu mon pays d'Enrico Macias, C'est ma fête de Richard Anthony, Trop beau et Toi de Gilbert Bécaud, et T'en vas pas comme ça (Don't make me over), enregistré notamment par Franca di Rienzo).
Il faut aussi faire la part belle aux danses en vogue. Quatre titres sont labellisés Surf (dont America de West Side Story !), mais le Hully gully est mentionné tout autant, ainsi que le Rock, le Boléro, le Charleston et le Twist.
Mais il n'y a pas que des reprises sur cet album. Comme à son habitude, Jouvin signe ici (avec Jerry Mengo) une composition "à la manière de", Ballade du surf. Et il y a deux chansons pour lesquelles je n'ai pas trouvé trace d'une autre version qui serait "l'originale" : La leçon de surf, avec un titre anglais mentionné, Surfin' on the sea, mais ça semble être une fausse piste car le parolier est Michel Jourdan et le compositeur Armand Canfora sous son pseudonyme d'Al Blakins, et Je n'vous l'dirai pas, une chanson légère de Maurice Tézé et Gérard Gustin, qui sert de prétexte à mentionner le nom de plusieurs vedettes, dont Jouvin.
A cette époque, Georges Jouvin ne se contentait pas de sillonner la France et le monde pour ses galas et de vendre des disques par milliers (son contrat prévoyait la sortie de six albums par an, plus sûrement de huit à dix 45 tours), il y avait autour de lui une véritable industrie, avec les disques de Dominique, des mini-33 tours de la série Gala des Variétés, et aussi l'édition de partitions, avec souvent des titres différents de ceux sortis en disque.
J'en ai deux de cette époque.
Dis moi... Dorothée, avec la même photo d'Edward Mandinian que sur le disque, est une composition de Jouvin avec des paroles d'André Jean Dervaux, qui était le saxophoniste de son orchestre et qui, pure coïncidence, est originaire de tout près de chez moi, à Ay, dans la Marne. Dominique est mentionnée en couverture et il y a des paroles, mais je n'ai pas trouvé de trace d'un enregistrement de cette chanson.



L'autre partition est un recueil de cinq compositions aux Editions Radio-Dancing, qui s'appuie sur la notoriété de Jouvin en le mettant en photo sur la couverture avec la mention "Georges Jouvin présente", mais les compositions ne sont pas de lui mais d'André Jean Dervaux (deux sous son nom et deux sous le pseudonyme de Jeff Clyton), et je ne serai pas surpris que le Jean Degeorge, qui signe le cinquième titre, soit aussi un de ses pseudonymes.



30 octobre 2016

EPSYLON : Epsylon


Acquis neuf à Paris vers la fin des années 1980
Réf : MAD 2011 -- Édité par Devil's Records en France en 1985
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

Voici le premier disque sur lequel on trouve un membre de ma famille.
Euh, en fait non. En y réfléchissant je me souviens qu'avant ça il y en a eu au moins un autre, mais on va dire qu'on va garder le mini-33 tours des chorales A Cœur Joie de Chalons-sur-Marne pour une autre occasion !
Donc, mon frère Eric, dit Souris, était l'un des guitaristes d'Epsylon. Et pourtant, au moment de sa sortie, je n'ai pas acheté ce disque et je crois bien que je ne l'ai même pas écouté. Ce n'est pas que je ne soutenais pas le projet (j'étais aux premières loges depuis le tout début de l'intérêt de mon frère pour la guitare, puisque je lui avais refilé ma guitare acoustique, avant qu'il achète une copie japonaise de Gibson SG et forme ses premiers groupes avec les copains du quartier des Grévières), mais je savais que la musique, du hard-rock, ne serait pas ma tasse de thé.
Quelques années plus tard, je suis tombé sur cet album déstocké à 10 francs dans une boutique parisienne, et là j'en ai pris un pour compléter ma collection, quand même, et j'ai aussi trouvé, en vide-grenier je crois, un exemplaire du deuxième et dernier album d'Epsylon, Second round.
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'Epsylon, groupe amateur fondé en 1979 par Fred Rochette à Vitry-le-François, a su se donner les moyens pour réaliser ce rêve de sortir un album, sur un label indépendant, certes, mais renommé dans le genre (Devil's Records, distribué par Madrigal, a notamment édité des disques d'Attentat Rock, Sortilège et Vulcain), avec même un duo de managers mentionné sur la pochette.
Avant ça, ils avaient continuellement fait preuve d'inventivité et de passion pour se développer, se procurant un local de répétition sous le marché couvert de Vitry, inondant Châlons d'affiches imprimées au boulot à l'usine de papier peint, ou fabriquant leurs propres effets pyrotechniques avec des tubes de métal et de la poudre, au risque de brûler les (longs) cheveux des fans et des membres du groupe ou de crever un œil (ou pire), comme lorsqu'un fumigène trop chargé est parti comme une balle en direction du public.
J'ai récemment eu l'occasion de réécouter Epsylon (Je ne mets pas de liens, mais l'album est disponible en téléchargement gratuit sur le site très complet dédié par Geanne à Epsylon). Le hard-rock n'est toujours pas ma tasse de thé et ne le sera probablement jamais, mais j'ai été surpris, dès l'intro du premier titre Le talisman, par la qualité du son de ce disque, enregistré sûrement sans trop de budget à Gumery dans l'Aube. J'aime notamment bien les guitares de Moi le fou mais, comme toujours avec le heavy metal, j'ai du mal avec le chant assez haut perché.
J'ai vu Epsylon en concert au moins une fois, le samedi 26 février 1983 à la MJC Verbeau, celle de notre quartier d'enfance, où nous avons suivi de nombreuses activités. Celle aussi qui organisait nos premières colonies de vacances. C'était dans le cadre d'un festival malheureusement trop bien nommé Rock au poing, à l'affiche duquel il y avait également Héroïne, Haute Tension et mes potes du Ouane Brothers Band, ce qui avec Epsylon me donnait deux bonnes raisons de me déplacer.
Je n'ai plus trop de souvenir de la prestation d'Epsylon, mais j'en garde un, cuisant, de la soirée.
J'étais venu de la rue Saint-Loup avec mon vélo du moment, qui se trouvait être celui offert dans les années cinquante à ma Maman pour ses 14 ans.
Il y avait pendant toute la soirée une sale ambiance, avec une bande de babanes qui traînait dans le hall de la MJC. J'avais déjà eu affaire à eux en entrant. Peut-être bien qu'ils s'étaient moqués de mon vélo. Toujours est-il que, comme par hasard, je n'ai pas retrouvé en repartant mon vélo à la place où je l'avais laissé, avec son antivol. Je suis retourné dans la MJC pour gueuler un bon coup et espérer retrouver mon véhicule. Je n'ai jamais revu le vélo de Maman, mais j'ai été cueilli à un moment par un coup de poing en pleine figure. De tous les concerts auxquels j'ai assisté, je crois que c'est - heureusement - la seule fois que ça m'est arrivé !
Après le premier album, la formation d'Epsylon a évolué, avec l'ajout d'un clavier, un changement de chanteur et des paroles en anglais. Second round a été enregistré en Allemagne pour un autre label, mais le groupe s'est séparé peu de temps après sa sortie.
Eric a joué dans divers groupes par la suite, dont Daisy Chain et Rosy. Fred Rochette est un musicien et producteur professionnel, qui a notamment monté les groupes Fred FR et Fifty One's.
Les albums d'Epsylon n'ont jamais été réédités et, chez Discogs, ils se vendent assez cher, 30 € en moyenne pour Epsylon, et même plus de 60 € pour un exemplaire de Second round.


Eric dans Epsylon. A lire, un entretien avec Geanne.


Un reportage dans son jus de FR3 sur le rock à Vitry-le-François en 1986, avec Epsylon en vedette.

16 octobre 2016

LITTLE RICHARD : A whole lotta shakin' goin' on


Acquis sur le vide-grenier de Bisseuil le 25 septembre 2016
Réf : 469.801 ME -- Édité par Fontana en France en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : A whole lotta shakin' goin' on -- Goodnight Irene -/- Blueberry Hill -- Lawdy Miss Claudie

Il faisait beau et on s'est pointé sur la broc à onze heures bien tapées. Pourtant, sur le stand d'un brocanteur professionnel, qui avait peut-être déballé tard, j'ai très vite trouvé une pile d'une petite vingtaine de 45 tours, de laquelle j'ai extrait deux disques, celui-ci et un EP des Charlots que je ne connaissais pas. Vue la date (1968), je me doutais que ce Je m'énerve serait sans intérêt (J'avais raison...), mais je l'ai pris pour compléter ma collection.
S'agissant d'un pro, je craignais qu'il demande plusieurs euros pour chacun de ses disques, mais j'ai été agréablement surpris qu'il n'en demande qu'un et bien content de récupérer ce beau disque de Little Richard en très bon état, d'autant que la mention "A Vee-Jay recording", plutôt que "Specialty" par exemple, me donnait à penser qu'il s'agissait d'enregistrements originaux des années 1960 plutôt que d'une simple réédition de titres des années 1950.
Si je compte bien, quatre grands pionniers du rock sont encore en vie, même s'ils ne sont pas en très grande forme physique. Il faut croire que le piano conserve mieux que la guitare car, dans le lot, je compte un guitariste, Chuck Berry, et trois pianistes, Fats Domino, Little Richard et Jerry Lee Lewis. Eh bien, les trois pianistes sont en quelque sorte réunis sur ce 45 tours, puisque, outre Goodnight Irene de Leadbelly, Little Richard y reprend le tube de Jerry Lee Lewis de 1957 Whole lotta shakin' goin' on (créé par Big Maybelle en 1952), ainsi que Blueberry Hill de Fats Domino et Lawdy Miss Clawdy, de Lloyd Price certes, mais accompagné par Fats Domino et Dave Bartholomew.
Au début des années 1960, Little Richard s'était passionné pour la religion et avait arrête le rock 'n' roll / rhythm and blues. Dès 1962, cependant, il a repris les concerts dans ce style, poussé entre autres par le regain d'intérêt suscité par ses célèbres fans anglais, dont les Beatles. Fin 1963, il a notamment tourné avec succès en Angleterre, avec également à l'affiche les Everly Brothers et les Rolling Stones.
Les titres de ce 45 tours sont extraits de l'album Little Richard is back and there's a whole lotta shakin' goin' on, sorti en 1964 par son nouveau label, Vee-Jay. Sauf erreur de ma part, seul cet EP est sorti en France, l'album en entier n'aurait pas été édité par chez nous. Un autre album, Little Richard's Greatest hits (des nouvelles versions de ses grands succès) est sorti en 1965, mais ensuite Vee-Jay a fait faillite et les nombreux autres titres mis en boîte lors des sessions des deux albums sont sortis au fil du temps sur différents labels.
J'avais déjà repéré cette version de A whole lotta shakin' goin' on sur ma compilation Vee-Jay. Elle est excellente. En ouverture, Richard annonce qu'il vient de rentrer d'une tournée en Angleterre et que la folie rock 'n' roll y règne. Là, c'est dans les sillons du disque qu'elle règne, avec du piano, bien sûr, de l'orgue aussi, et de la guitare, presque certainement tenue par Jimi Hendrix.
Ça pulse bien également pour Goodnight Irene, avec des chœurs. On ne s'y attendrait pas avec une chanson aussi délicate, mais elle résiste bien à ce traitement qui donne l'impression qu'elle est interprétée soit dans une église évangélique avec une puissant chorale, soit dans un boui-boui du Sud des États-Unis à la fin d'une soirée très arrosée.
Ça continue à chauffer sur la face B, avec une version survitaminée de Blueberry Hill, avec cuivres et chœurs et une belle partie de piano.
Quand j'ai vu que le dernier titre faisait référence à "Claudie" plutôt que "Clawdy", j'ai cru qu'une fois de plus, comme souvent dans les années 1960, le label français avait fait des siennes en se trompant sur l'orthographe du prénom, mais non, déjà sur l'édition américaine de l'album, l'orthographe du prénom a été corrigée et il est inscrit comme à la française. Little Richard s'en donne à cœur joie au piano sur cette version de Lawdy Miss Claudie, mais c'est quand même le titre le moins fort des quatre à mon goût. D'autant qu'on a l'impression vers le milieu, quand le solo de piano est interrompu par la guitare, que deux prises différentes ont été sauvagement collées ensemble sans prendre de gants.
En rentrant de la brocante, j'étais simplement content d'être revenu avec ce 45 tours un peu tardif de Little Richard. En fait, c'est tout simplement l'un des meilleurs disques de rock / r & b que j'ai achetés ces dernières années. Je m'en réjouis !


Little Richard, A whole lotta shakin' goin' on, en direct dans l'émission américaine Shindig !, en 1964.


Little Richard accompagné par Sounds Incorporated, A whole lotta shakin' goin' on, en direct dans l'émission It's Little Richard sur la chaîne Granada, enregistrée à Manchester en novembre 1963 et diffusée le 8 janvier 1964.
Voir l'émission complète mais avec un son pourri.