27 mars 2016

THE SLITS : Man next door


Offert par Dorian Feller à Villedommange au début des années 2010
Réf : Y 4 / RT 044-- Édité par Y / Rough Trade en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Man next door -/- Man next door (Version)

L'autre jour, en lisant un article de Dangerous Minds sur les Slits, je me disais que, avec dix ans de recul, je pourrais entreprendre de chroniquer une deuxième fois certains disques, soit parce que j'ai de nouvelles informations dessus, des souvenirs récents qui y sont associés, parce que des rééditions ont été publiées avec des bonus ou, le plus souvent, parce que des compléments sont disponibles en ligne.
Quand j'ai chroniqué ma cassette de l'album Return of the giant Slits fin 2006, j'avais réussi à trouver un site qui proposait en téléchargement la fameuse interview bonus (il n'est plus en ligne), mais maintenant Dangerous Minds a dégoté cette interview sur YouTube, mais aussi la vidéo d'Earth beat, que je n'avais jamais vue, et une version en concert de Man next door, que j'avais visionnée il y a quelques temps, les deux avec comme choriste/danseuse une jeune Neneh Cherry, qui était membre du groupe cette période. Aussi étrange que ça puisse paraître, elles se sont connues car Don Cherry et les Slits ont tourné ensemble.
Plutôt que de faire une nouvelle chronique, j'ai mis à jour mon vieux billet, mais tout ça m'a donné envie de ressortir ce 45 tours de 1980 que Dorian Feller a eu la gentillesse de m'offrir il y a quelques années.
En fait, c'est avec Man next door que j'ai découvert les Slits en 1981, sur l'une des toutes premières compilations que j'ai achetées, qui s'avère rester l'une des meilleures, Wanna buy a bridge ?, sortie par Rough Trade US pour présenter aux américains les premières productions de Rough Trade.
Ce 45 tours fait partie des quelques publications du groupe chez Y en 1980, entre ses deux albums studio : le demi-45 tours In the beginning there was rhythm, la compilation pseudo-pirate que je n'aime pas Retrospective et le très bon Animal space.
A l'époque, j'avais vu que la chanson était créditée à un certain John Holt, mais je ne savais pas qui c'était et ce n'était même pas clair pour moi qu'il s'agissait d'une reprise. En fait, cette chanson a une longue histoire et un titre complètement instable. A l'origine, elle est interprétée par le groupe de rock steady de John Holt The Paragons et est publiée en face B de 45 tours en 1968 sous le titre Got to get away.
Dans les années 1970, plusieurs 45 tours sortent, dont un qui reprend en face A la version originale sous le titre Man next door, et en face B une version toastée par Dave Barker intitulée, suivant les éditions, soit Got to get away soit A quiet place.
Il y a aussi une étrange version, également intitulée A quiet place, avec Horace Andy qui chante sur la version de John Holt, et en face B une version instrumentale par The Aggrovators retitrée A noisy place.
En 1979, Dennis Brown publie sa propre version sous le titre Man next door en 45 tours et sur l'album Joseph's coat of many colors. Elle a un certain succès et c'est sûrement celle qui a directement incité les Slits à reprendre la chanson.
Pour boucler la boucle, on poussera jusqu'en 1998 avec l'album Mezzanine de Massive Attack, un groupe qui a de forts liens avec Neneh Cherry, qui contient une version de Man next door chantée par Horace Andy, avec un échantillon sonore pioché chez The Cure.
Pour ce qui est de la version des Slits, j'ai découvert en préparant ce billet qu'elle est souvent décriée par les fans de reggae. Pour ma part, ce Man next door est la première version que j'ai eu l'occasion d'écouter et ça reste ma préférée. J'aime aussi beaucoup la "version" de la face B, que je ne connaissais pas avant d'avoir ce 45 tours.
Je note aussi que ces coquines ont légèrement modifié les paroles. Dans la version originale, le voisin d'à côté est inquiétant et fait du tapage nocturne et le narrateur veut se sauver et emmener sa famille dans un coin plus tranquille. A l'inverse, Ari Up des Slits chante qu'elle voudrait aller dans un endroit plus bruyant !
La version en concert de 1981 nous permet de découvrir comment les Slits concoctaient leur mixture et elle nous permet de nous souvenir d'Ari Up, qui est morte à 48 ans en 2010.


The Slits, Man next door, en concert au Tempodrom à Berlin le 19 juin 1981.

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