17 juin 2016

CAMPER VAN BEETHOVEN : Take the skinheads bowling


Offert par Rough Trade Records à Londres en 1986
Réf : RTT 161 -- Édité par Rough Trade en Angleterre probablement en septembre 1986
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Take the skinheads bowling -/- Epigram -- Cowboys from Hollywood -- Atkuda -- Epigram -- Colonel Enrique Adolfo Bermudez

Je n'arrive pas à retrouver la date exacte, mais c'était sûrement lors de mon séjour à Londres en septembre 1986. Je me souviens bien par contre dans quelles circonstances j'ai récupéré ce disque : lors d'une de mes quelques visites dans les locaux de Rough Trade Records où j'accompagnais Joe Foster ou Alan McGee. A chaque fois, ils m'emmenaient voir les services chargés des relations presses pour faire de la retape, expliquer que je produisais une émission de radio en France et m'aider à récupérer des disques. J'ai eu comme ça That Summer feeling de Jonathan Richman et plusieurs disques de The Smiths. En septembre 1986, le label s'était installé dans Collier Street, dans le quartier de King's Cross et, le même jour, j'ai dû recevoir aussi The good Earth de The Feelies et un mini-album de The Stars of Heaven. L'année suivante, j'ai acheté Camper van Chadbourne.
C'est avec ce single qu'on a découvert Camper van Beethoven en Europe. La face A est prise de leur premier album Telephone free landslide victory, sorti l'année précédente aux Etats-Unis.
J'ai toujours un petit regret de ne pas avoir acheté à sa sortie, comme Philippe R. a eu la bonne idée de le faire, le coffret basique Cigarettes and carrot juice, que Glitterhouse vendait une vingtaine d'euros. A ce prix, on avait les trois premiers albums du groupe, plus une compilation de raretés et un album en public !
Depuis, j'ai trouvé des CD promo de CvB, dont le double album de leur version de Tusk et, récemment, un extrait de dix titres du coffret, mais au bout du compte, c'est toujours vers Take the skinheads bowling que je reviens, un essai qui était un coup de maître.
La pochette est réussie et intéressante. On y voit une photo du guitariste Greg Lisher avec la gueule de bois, recouverte d'une lettre manuscrite expliquant au label pourquoi ils ont choisi de mettre cette photo sur la pochette du disque. On n'est loin du concept de la pochette initiale de Go 2 de XTC.
Dans un long article sur son site 300songs.com, David Lowery, l'auteur de la chanson, explique notamment qu'il ne s'attendait pas à ce que le premier album contienne un tube et que, s'il devait y en avoir un, il aurait plutôt parié sur Where the hell is Bill ou The day that Lassie went to the moon. Pourquoi ? "Nous considérions Take The Skinheads Bowling comme une chanson bizarre sans aucun sens. Les paroles ont été volontairement structurées de façon à ce qu'elles soient vides de sens. Chaque vers devait saper toute signification possible établie par le précédent. C'était le début des années 1980 et tous nos pairs écrivaient des chansons qui étaient pleines de sens. C'était notre façon de nous rebeller. Incidemment, c'est le fait le plus important à propos de cette chanson. Nous voulions que les paroles n'aient aucun sens cohérent."
Et ces paroles, inspirées sûrement par les deux vers "Hier soir, il y avait des skinheads sur ma pelouse. Emmène les skinheads au bowling", sont marquantes (il y a même, comme avec Blitzkrieg pop des Ramones, un méta-vers, "There’s not a line that goes here that rhymes with anything"), mais la musique est aussi pour beaucoup dans la réussite de l'enregistrement, avec les ingrédients qui feront le succès du groupe, guitares et violon, folk, rock et country. Ça me fait penser à ce que feront plus tard les australiens de C.O.W., et les chœurs qui se répondent m'évoquent à chaque écoute les Modern Lovers époque Roadrunner.
En face B, on a droit à cinq courts titres, dont deux interludes titrés Epigram. Cowboys from Hollywood et Colonel Enrique Adolfo Bermudez sont deux bonnes chansons (cette dernière est très proche dans l'esprit de The Monochrome Set, un autre groupe que l'humour et le nonsense n'effraient pas), tandis que Atkuda est un instrumental folklorique (une polka ?) avec le violon comme instrument principal.

Camper van Beethoven est reformé depuis une bonne quinzaine d'années, même si ce n'est sûrement pas un projet à plein temps.
Tous les titres de ce maxi ont été inclus, avec d'autres, en bonus de la réédition CD de 2004 de Telephone free landslide victory.



Camper van Beethoven, Take the skinheads bowling, en direct dans l'émission Whistle test de la BBC, en 1987.

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