08 avril 2017

TELEVISION PERSONALITIES : How I learned to love the bomb


Acquis en solde chez Vitamine C à Reims vers 1986
Réf : DREAM 004 -- Édité par Dreamworld en Angleterre en 1986
Support : 45 tours 30 cm
Titres : How I learned to love the bomb -/- Now you're just being ridiculous -- Then God snaps his fingers

Ce maxi 45 tours est le premier disque sorti par Television Personalities après mon retour d'Angleterre à l'été 1984. Il est arrivé début 1986, soit près de deux ans après l'album The painted word. Entre-temps, au printemps 1984, le groupe avait perdu deux de ses membres, Joe Foster et Dave Musker, et s'était stabilisé sous la forme d'un trio avec Dan Treacy, Jowe Head à la basse et Jeffrey Bloom à la batterie.
Il faudra encore attendre jusque fin 1989 pour voir arriver Privilege, le premier album enregistré par ce trio. Dans l'intervalle, il y a eu quelques projets non aboutis, et Dan s'est pas mal concentré sur les labels Whamm! puis Dreamworld.
A 49 francs le maxi, chez Vitamine C autant que je me souvienne, je ne me suis pas précipité sur ce disque à sa sortie. Mais quelques mois plus tard, quand l'étiquette a été rayée au feutre rouge et que le prix a baissé, j'ai été bien content de m'offrir ces trois nouvelles chansons d'un groupe que je suivais de près depuis 1981, comme je le raconte dans Journal d'un fan de chambre, mon livre publié il y a quelques semaines, disponible gratuitement en téléchargement.
How I learned to love the bomb est un titre énorme. Déjà, il fait plus de cinq minutes, mais surtout il y a un son lourd auquel le groupe ne nous avait pas habitués, et une sorte de groove menaçant qui en fait l'équivalent dans la discographie de Television Personalities de Sidewalking dans celle de The Jesus and Mary Chain. Le titre s'ouvre avec de la batterie bien lourde, quelques notes graves du piano, une basse énorme. Il y a relativement peu de guitare dans l'enregistrement, et Dan est soutenu au chant par Jowe et des choristes.
Dan Treacy a toujours multiplié les références culturelles dans ses chansons, notamment à ses films préférés. Là, le titre de la chanson fait clairement référence à Docteur Folamour, le film de Stanley Kubrick de 1964 dont le titre complet est Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe (soit pour le titre original, Dr Strangelove or: How I learned to stop worrying and love the bomb).
Dans cette chanson, comme dans le 45 tours précédent A sense of belonging, Dan mentionne les manifestations du CND (la Campagne pour le Désarmement Nucléaire) auxquelles il a visiblement participé, à une époque de regain de tension de la guerre froide autour de la question de l'installation de missiles de croisière nucléaires en Europe.
Les paroles abordent cette question, de manière plutôt légère, et comme il y est question de Russes plutôt que de Soviets, on peut leur trouver un écho très fort dans l'actualité toute chaude, si on substitue les missiles Tomahawk aux Polaris.
C'est fini pour moi les nuits d'insomnie
Tout est plus facile maintenant
Car j'ai compris parfaitement mon erreur
Je restais éveillé en pleine nuit
A m'inquiéter à propos des Russes
Mais les Russes sont nos amis
Car nous nous aimons d'un amour sans fin

Car maintenant j'ai appris à aimer la bombe
Maintenant j'ai appris à aimer la bombe

(...)

Ne sois pas si stupide (Non non non)
Tu devrais aimer la bombe comme tu aimes ta maman

Et si tu veux vivre dans un monde paisible
Il n'y a qu'une chose à faire
Choisir les missiles de croisière

Car maintenant j'ai appris à aimer la bombe
Maintenant j'ai appris à aimer la bombe

Ne sois pas si stupide (Non non non)
Vous me prenez vraiment pour un con ?
Si on fait des bombes c'est qu'on veut la guerre

Ne sois pas si stupide
Car maintenant j'ai appris à aimer la bombe
Il y a deux chansons en face B de ce maxi. Now you're just being ridiculous est l'une des nombreuses très bonnes chansons d'amour de Dan. Comme How I learned to love the bomb, elle aurait mérité de trouver sa place sur l'un des albums du groupe. Then God snaps his fingers me plaît un peu moins. Le premier couplet fait référence à la mort de Joe Orton.
Bizarrement, à l'automne 1986, un autre disque est paru avec à nouveau How I learned to love the bomb en titre principal. Peut-être pour prolonger l'intérêt pour cette chanson après que le groupe ait tourné une vidéo bien délirante, l'un des rares films du groupe disponibles.
On trouve des images de la vidéo sur la pochette de ce disque 17 cm, qui est plein à ras, au point qu'il doit s'écouter en 33 tours. La version de How I learned to love the bomb est différente, plus longue (huit minutes !), avec de l'orgue et une trompette asthmatique. Elle n'est pas moins bonne, mais pas meilleure que l'autre. J'ai tendance quand même à préférer la première, que j'ai connue d'abord.
Il y a deux autres faces B inédites sur ce disque, dont l'excellent She was only a grocer's daughter, en référence à Margaret Thatcher.

La version maxi et les quatre faces B ont été incluses en 1995 sur la compilation Yes Darling, but is it Art ?. La deuxième version et les quatres faces B avaient été brièvement rééditées sur un maxi CD en 1992. On peut actuellement télécharger les six titres chez Forgotten Songs.



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