17 septembre 2017

TRAMEL... LE BOUIF : Que faire ?... Que faire ?...


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 septembre 2017
Réf : 166.456 -- Édité par Odéon en France dans les années 1930
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Que faire ?... Que faire ?... -/- Devinette musicale

L'autre samedi chez Emmaüs, en plus des 45 tours comme celui de Roger Zami, il y avait un carton de 78 tours. Je l'ai regardé vite fait, peut-être trop rapidement d'ailleurs car il y avait dedans plutôt des disques de chansons grivoises que du classique, de l'opérette ou de la musique militaire, ce qu'on trouve le plus souvent dans ce format.
En tout cas, j'ai sélectionné deux disques, celui-ci et un de 1932 de Prior, de L'Empire, avec en face B une "chanson arabe" intitulée Y en a bon en Afrique qui, vous vous en doutez bien, n'a absolument aucun relent raciste !
Une fois rentré à la maison, j'ai cherché en ligne des informations sur ces disques qui, a priori, ne sont pas particulièrement rares. Et là, on se vite compte que le patrimoine discographique français reste fortement délaissé.
Un seul disque est référencé dans le catalogue de la bibliothèque nationale, aucun à la Médiathèque musicale de Paris. Aucun son n'est en ligne sur des sites d'institutions françaises. Sur les sites internationaux, rien sur Archive.org ni Discogs, une seule des quatre faces, la A du Prior, Les filles de Marseille, est en écoute sur YouTube. Clairement, d'un point de vue numérisation et valorisation, on ne traite pas le patrimoine enregistré aussi bien que tout ce qui est imprimé...
Heureusement, on trouve des informations sur la biographie et le parcours de Tramel, alias Félicien Martel (1880-1948), notamment chez Du temps des cerises aux feuilles mortes, où l'on apprend qu'il a enregistré 96 titres, dont 36 monologues et 60 chansons, parmi lesquelles J'ai ma combine et C'est pour mon papa de Georges Milton. Sa discographie complète a été publiée dans la revue Phonoscopies de Gérard Roig, mais malheureusement elle n'est pas reprise en ligne.
Tramel a également fait carrière au théâtre dans quelques comédies musicales, et surtout au cinéma, où il a principalement interprété, en muet et en parlant, de 1922 à 1934, le personnage d'Alfred Bicard dit Le Bouif. Notons que ce personnage du Bouif a été créé dans les pages du Canard enchaîné par Georges de la Fouchardière.
Les deux chansons de ce disque, orchestrées par Albert Valsien, sont légères et très réussies. En moins de 2'30, il y a beaucoup de paroles, que je retranscris ci-dessous, mais les situations sont exposées très rapidement et efficacement, et ensuite ça peut dérouler.
Que faire ?... Que faire ?..., sur des paroles de Georgius, détaille les affres d'un fiancé qui veut plaire à sa future belle-famille. Quand il se met à dérailler devant l'ampleur de la tâche ("Épouser l'contremaître qu'est enceinte d'une moto"), on touche presque au surréaliste.
Devinette musicale, est un exercice de style avec pour trame les dépenses d'un gars pour amener une fille dans son lit. Les paroles sont de Jules Combe et René Sarvil, et chaque couplet se termine par le nom d'un instrument. J'apprécie que d'autres références à des instruments se soient glissées plus discrètement au cœur des couplets : cinq balles, Saxe, corde, diapason.
Au bout du compte, j'ai fait avec ce disque une plongée agréable dans l'histoire de la chanson. Au point que j'ai quelques regrets, et j'essaierai sûrement de voir s'il reste quelques-uns des 78 tours que j'ai laissés lors de ma prochaine visite à Tours-sur-Marne.

Tramel... le Bouif : Que faire ?... Que faire ?....
Tramel... le Bouif : Devinette musicale.

Que faire ?... Que faire ?...
(Paroles de Georgius, Musique de Tremolo)

Je fais la cour à une jeune fille dont j'espère devenir l'époux
Je suis reçu par la famille, les parents sont gentils comme tout
Le père veut me vendre sa bagnole, la mère veut apprendre le piano
La bonniche a une envie folle de s'acheter une grosse moto
Le petit frère joue au ballon, la sœur aînée adore le melon

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je épouser la fille et racheter l'auto ?
Cultiver des pastèques, apprendre le piano ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je faire du football avec le petit Toto ?
Apprendre à la bonniche à monter en moto ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est trop, c'est trop, c'est trop

Au dîner de nos fiançailles, on m'a présenté les cousins
Ils font l'élevage de la volaille et la r'production des lapins
J'ai vu aussi la tante Charlotte, une folle qui joue du saxophone
Son mari qui fait la belote, et l'grand-père qui fait le Charleston
Mon sort je le sens dépend d'eux, ils m'observent et je suis anxieux

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je acheter la voiture, la bonne ou la moto ?
Cultiver des lapins qui apprendront l'piano ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je élever la tante qui joue du saxophone ?
Épouser une volaille qui fera le Charleston ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est trop, ma tête bouillonne

La situation se complique, car le père, un gros commerçant,
A son comptable qui trafique, sa caissière qui a deux amants,
Son contremaître qui pousse des plaintes parce qu'il perd la moitié de ses cheveux
La dactylo qui est enceinte et l'veilleur de nuit qu'est gâteux
Comme plus tard j'aurai la maison, il m'observe avec juste raison

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je dénoncer l'comptable qu'a deux amants gâteux ?
Cultiver des volailles qui perdent leurs cheveux ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je faire le Charleston, la belote ou l'piano ?
Épouser l'contremaître qu'est enceinte d'une moto ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est fou, j'deviens dingo.

Devinette musicale
(Paroles de J. Combe et R. Sarvil, musique d'E. Gavel)

J'vais vous dire une histoire dans laquelle la musique termine chaque couplet avec un instrument.
Vous le devinerez.

Place de la République, je rencontre une jeune fille de 15 à 33 ans
Mais je me dis in petto, qui va sano va... piano

Après des pourparlers, dans un taxi j'l'emballe
Pour le 68 de la rue des Vertus
C'est un restaurant chic à prix fixe, cinq balles
D'où je croyais sortir tous les deux bien repus
Mais dans le fond de nos assiettes, on ne bouffa que des... clarinettes

Pour compléter l'menu, dehors je lui offre encore
Dix sous de cacahuètes chez un marchand de marrons
Une place à trois francs pour voir un film sonore
Mais elle dit, je ne suis pas bête à manger du thon
Puis après m'avoir dit, "Zut !"
Elle veut s'tirer des... flûtes

Je la r'pêche aussitôt et pour lui re-re-plaire
J'lui offre un p'tit café sur le zinc d'un bistrot
Puis, chez un fabricant de casseroles en terre
Un joli vase en porcelaine de Saxe [pour eau]
Mais elle demande au patron
"Voulez-vous m'indiquer où..." piston

Ça m'avait refroidi. Mais bientôt elle m'accorde
De venir avec moi jusque dans ma maison
Et comme, de son cœur, je crois toucher la corde,
Je mets le mien de suite au même diapason
En lui susurrant, mignonne,
Vraiment, vous êtes... trombone

Mais, quand ma dulcinée enfin se mit à l'aise
Quand je fis l'inventaire de ses trésors cachés
Je lui dis, non, c'est samedi, jour de semaine anglaise
Remballe ta marchandise, les bureaux sont fermés
Et je m'enfuis à mon tour
Sans trompette ni... tambour

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