06 avril 2007

The best of SHEL SILVERSTEIN : His words his songs his friends


Acquis par correspondance chez Glitterhouse en Allemagne en septembre 2005
Réf : CK 94722 -- Edité par Columbia en aux Etats-Unis en 2005
Support : CD 12 cm
25 titres

C'est en cherchant à en savoir plus sur l'auteur des chansons de Johnny Cash "A boy named Sue" et "Boa constrictor" que j'ai commencé à m'intéresser à Shel Silverstein. En 2004, j'ai d'abord trouvé une paire de MP3s qui m'ont bien plu, et j'avais envisagé d'acheter un de ses albums quand j'ai vu ce best-of dans le catalogue Glitterhouse. Je me suis précipité dessus.
C'est un disque posthume, Silverstein étant mort en 1999, à 69 ans. En France, je ne l'ai jamais vu mentionné que comme auteur compositeur, mais il a un CV beaucoup plus varié et riche que ça. Aux Etats-Unis, actuellement, il est avant tout connu comme auteur de livres pour la jeunesse, auteur de livres devenus des classiques, au programme des école (ici, on trouve des ressources pour les enseignants). Sur le site officiel qui lui est consacré, qui vise le jeune public, il faut vraiment creuser pour trouver mention de ses autres activités, et on comprend pourquoi : pendant des années, Shel Silverstein a été l'un des dessinateurs vedettes de… Playboy ! Ce n'est qu'ensuite que cet homme au talent multicartes s'est tourné vers la chanson, comme auteur et comme interprète.
C'est justement comme interprète qu'il a peut-être eu le moins de succès, pourtant il ne manque pas de qualités dans ce domaine. J'aime beaucoup son chant, sûrement parce qu'il met dans sa performance plus de cœur et d'énergie que de technique pure. Comme auteur compositeur, il a une carte de visite en or, avec des classiques comme "The unicorn song", "A boy named Sue", "Marie Lavaux", "Daddy, what if", "The ballad of Lucy Jordan".
En pensant à ce parcours d'un gars avec une réputation bien établie pour des audiences étanches l'une par rapport à l'autre, j'ai eu l'occasion il y a quelques semaines de faire la comparaison avec Tomi Ungerer, connu en France avant tout pour ses livres pour la jeunesse à l'Ecole des Loisirs, mais réputé en Suisse également pour ses dessins "pour adultes". Et voilà-t'y-pas qu'en lisant ici ou des biographies de Shel Silverstein, j'ai appris que Tomi Ungerer et Shel Silverstein étaient amis, et que c'est justement Tomi qui a poussé Shel à publier ses œuvres pour la jeunesse ! Le monde des auteurs pour la jeunesse versatiles doit vraiment être petit…
Contrairement à beaucoup d'autres disques intitulés "The best of", celui-ci constitue un bon point d'entrée dans le monde des chansons de Shel Silverstein, même si, pour des raisons contractuelles, il est loin de couvrir tout son parcours (il n'y a notamment aucun titre de "The great Conch train robbery", alors que les deux que je connais, "So good to so bad" et "June 25 at the fourth of July", sont excellents). Mais ce qui est bien, c'est qu'on retrouve ici, outre Silverstein, une grande partie de ses interprètes les plus connus., notamment Dr. Hook & The Medicine Show, un groupe des années 70 dont les premiers albums ont été intégralement écrits par Silverstein. On les retrouve ici sur quatre titres de 7&-72, "Freakin' at the freakers ball", "Queen of the silver dollar", et mes préférés "Sylvia's mother" et "Cover of the Rolling Stone". Silverstein en a enregistré certains lui-même par ailleurs, mais de toute façon ces versions par Dr. Hook sont très proches dans l'esprit des propres enregistrements de leur auteur.
Par contre, les Irish Rovers avaient enregistré "The unicorn song" en 1968 dans une version très folk qui a eu tellement de succès que cette chanson est devenue leur emblème et un "classique" irlandais, alors que ni son origine ni ses paroles n'ont rien d'irlandais.
Ce n'est sûrement pas un hasard si deux des autres chansons de Silverstein qui se sont le plus vendues, "A boy named Sue" par Johnny Cash et "Marie Lavaux" par Bobby Bare, sont enregistrées en public : c'est probablement dans ces conditions que l'humour de Silverstein fonctionne le mieux, et dans ces deux cas on est particulièrement servis, avec l'histoire du garçon nommé Suzanne qui fait écrouler de rire les détenus de San Quentin et le cri-qui-tue de cochon qu'on égorge que la sorcière vaudou Marie Lavaux réserve aux hommes qui la trahissent.
L'autre très grand succès enregistré en public, "Daddy, what if", par les Bobby Bare père et fils, est lui dans une veine beaucoup plus sage et conservatrice.
Une grande partie de l'album est quand même réservée à Shel Silverstein l'interprète de ses propres compositions. Il y a plein de courts extraits d'albums plus parlés que chantés, avec un accompagnement musical minimal, qui sont des adaptations de ses livres pour la jeunesse, ce qui ne l'empêche pas de s'en donner à cœur joie et d'en faire des tonnes, comme dans "Peanut-butter sandwich" et "Sarah Cynthia Sylvia Stout would not take the garbage out". Et il y a les chansons proprement dites, avec la plus vieille du lot, "Plastic", de 1965, où la voix ma fait un peu penser à Mojo Nixon, la douce "Ickle me, pickle me, tickle me too", la joyeuse "I got stoned and I missed it" et ma préférée, "A front row seat to hear Ole Johnny sing". Celle-ci raconte l'histoire d'un gars qui n'a qu'une obsession dans la vie, avoir un billet au premier rang pour un concert du vieux Johnny (et comme on est aux Etats-Unis, je peux vous assurer qu'il n'est pas question de Jean-Philippe Smet !), avec une participation en clin d'œil d'un certain M. Cash et une chute très bien trouvée.

Ajout du 25 décembre 2009 :

Shel (et Johnny) au Johnny Cash Show le 1er avril 1970 pour un très court duo sur "A boy named Sue" avant que Shel ne donne son interprétation de "Daddy, what if", trois ans avant que Bobby Bare en fasse un tube.

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