01 décembre 2007

THE RICH.R.TONE STORY - THE EARLY DAYS OF BLUEGRASS - VOLUME 5


Acquis chez Emmaüs à Essey-les-Nancy le 17 novembre 2007
Réf : 1017 -- Edité par Rounder aux Etats-Unis en 1974
Support : 33 tours 30 cm
16 titres

Le rayon disques de cet Emmaüs n'est pas très grand ces temps-ci, mais la plupart des disques sont en bon état. J'y ai trouvé quelques trucs que j'ai eu envie d'acheter, dont un album fin années 60 de Jouvin que je n'avais pas, mais c'est ce disque, trouvé tout à la fin, coincé entre deux disques de classique, qui est vraiment ma trouvaille du jour.
Déjà, il est comme neuf, avec une pochette d'un beau vert et une superbe photo de séance de signature de folie de Charles Bailey, des Bailey Brothers, dans un magasin de disques. Et puis, il y a le label, Rounder, que je connais surtout parce qu'il a édité les albums de Jonathan Richman aux Etats-Unis de 1988 à 1995, mais qui s'est fait connaître à ses débuts en 1970 surtout comme un label de folk, éditant notamment une série de dix albums sur les débuts du bluegrass, dont celui-ci constitue le volume 5 (dans la série, il y a d'autres compilations et des volumes consacrés à un seul artiste ou groupe).
A peine assis dans le tram, j'ai commencé à lire les notes de pochette au dos. J'ai eu un coup au coeur quend j'ai lu "Lire la suite dans le livret à l'intérieur". J'ai ouvert la pochette frénétiquement et j'ai poussé un soupir de soulagement en y découvrant effectivement le livret de 12 pages, très détaillé, avec de nombreux témoignages et un bon choix de photos.
Ce disque est consacré à Rich.R.Tone, un label fondé en 1946 par Jim Stanton, et c'est en fait l'un des tous premiers labels indépendants, fondé peu de temps après King Records. Stanton avait revendu sa boite de juke-boxes pour créer ce label, et pendant longtemps il livrait lui-même les disques en voiture chez les disquaires de la région (des 78 tours à l'époque). Contrairement à King, qui a connu un grand succès, Rich.R.Tone est resté un label régional, son siège faisant des aller-retour entre Johnson City et Nashville dans le Tennessee, en partie par choix et en partie aussi parce que Stanton n'a jamais voulu retenir les artistes qu'il avait sous contrat et que les majors souhaitaient signer. De grandes stars comme les Stanley Brothers et Stoney Cooper & Wilma Lee ont ainsi fait leurs débuts chez Rich.R.Tone avant de poursuivre leur carrière ailleurs.
A l'époque où les disques compilés ici sont sortis (de 1946 au début des années 50), on ne parlait pas de musique bluegrass. On parlait de musique d'antan (old-time), de musique de bouseux (hillbilly) ou de musique avec banjo et violon (banjo and fiddle). La Bluegrass, c'est à l'origine une herbe du Kentucky prise comme emblème, comme marque commerciale et comme nom de groupe par Bill Monroe, une star tellement grande du genre que le nom de son groupe a fini par "déteindre" sur son appellation !
On retrouve sur cet album à la fois des titres typiquement bluegrass, avec banjo, violon, mandoline prédominants, et des titres très religieux à plusieurs voix, qui ont plus généralement ma préférence, même si la version de Blue moutain rag par Glen Neaves and the Grayson County Boys est excellente. Buster Pack and his Lonesome Pine Boys proposent avec Better late than never une excellente synthèse des deux styles. Les quelques lignes d'auto-biographie très candides d'époque ("Je ne suis pas marié, même si j'aimerais avoir une femme pour aimer et un cheval pour labourer", en référence à l'un de ses titres, A wife to love and a horse to plow) et le témoignage de sa maman recueillis au moment de la rédaction du livret ("Il s'est remarié et a un bon boulot. Il joue aussi encore de temps en temps. Il n'a jamais complètement abandonné la musique.") sont très touchants.
Certains des meilleurs titres de l'album sont dus à des inconnus, amateurs ou semi-professionnels, Stanton ayant été l'un des premiers à éditer des disques à compte d'auteur, sur des sous-labels tels que Folk Star ou Champion. C'est le cas par exemple de la très bigote Caudill Family avec les excellents Ain't no grave gonna hold my body down et I'll be no stranger there. Pee Wee Lambert and Curley Parker with their Pine Mountain Ridge Boys ont droit à deux titres, dont Just a memory, et à propos de souvenir, Curley Parker raconte dans le livret l'histoire d'un certain "Georgia Slim" Rutland, qui n'avait pas de quoi se payer de la gomina et qui pour se coiffer gardait donc constamment sur un poêle une boite de conserve dans laquelle il faisait fondre du saindoux !
Les vedettes s'en sortent très bien aussi sur ce disque, notamment les Stanley Brothers avec Little glass of wine, Stoney Cooper and Wilma Lee avec Wicked path of sin, un titre qui me rappelle le Just inside the pearly gates des Anglin Brothers et qui fut l'objet d'une belle polémique avec l'auteur de la chanson, Bill Monroe, Stoney Cooper et Wilma Lee ayant involontairement sorti leur reprise avant l'original de Bill Monroe ! Les deux excellents titres de Cecil Surratt and his West Virginia Ramblers, The bright crystal sea et surtout Where will you spend eternity ? sont les deux seuls qu'il a sortis chez Rich.R.Tone avant de signer chez King.

Le livret du disque (ci-dessous) a été précieux pour la rédaction de ce billet. Certaines infos du livret sont reprises dans le livre Bluegrass : A history de Neil V. Rosenberg, dont on peut consulter de larges extraits en ligne et dont je me suis moi-même servi pour ce billet.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonne pioche m'sieur Pol, je crève de jalousie! ph.