27 mai 2010

CHUCK BERRY : My ding-a-ling


Acquis à la boutique YMCA de Southampton le 21 mai 2010
Réf : 6145 019 -- Edité par Chess en Angleterre en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : My ding-a-ling -/- Let's boogie

La veille encore, j'étais tombé sur un 45 tours de Chuck Berry dans une pochette générique Chess  comme celle-ci, emballé dans un sac plastique fermé et étiqueté 6 £. Je l'avais soigneusement ignoré, mais là, à 20 pence, en parfait état et avec une face A, My ding-a-ling, que j'aime beaucoup, je m'en suis saisi dans l'instant.
Apparemment, ça défrise certains puristes mais My ding-a-ling est le plus grand succès de Chuck Berry, si l'on s'en tient aux ventes aux Etats-Unis où c'est son seul titre à avoir été classé n°1 du hit-parade.
On a à faire ici au Chuck Berry coquin. Coquin à plusieurs titres. Coquin parce que les paroles de la chanson ne sont que sous-entendus à connotation sexuelle, dans la grande tradition des chansons grivoises, mais coquin aussi parce que Chuck s'attribue la paternité de la chanson alors que Dave Bartholomew a enregistré (et signé) dès 1952 en face B d'un 78 tours une chanson intitulée Little girl sing ding-a-ling, que je n'ai pas entendue mais qui serait bien la même.
Chuck Berry avait déjà enregistré cette chanson en 1968 sur l'album From St. Louie to Frisco, avec des paroles légèrement modifiées puisqu'elle était devenue pour l'occasion My tambourine. C'est un titre que j'aime bien avec un arrangement agréable, mais il est assez rapide et l'humour des paroles a tendance à se diluer dans le rythme.
La principale différence en fait entre My tambourine et My ding-a-ling c'est que cette dernière est enregistrée en public. Et ça change tout. Il y a encore des artistes (Frank Black me vient à l'esprit) qui n'ont pas compris que donner un concert ce n'est pas seulement jouer sa musique devant un public, mais c'est partager un moment  de vie avec lui. C'est pour ça que pour une fois le terme anglais "live music" est approprié.
Depuis des décennies, Chuck Berry a une sale réputation, probablement justifiée, pour son attitude quant aux concerts. Il vient sans groupe, demandant aux promoteurs de recruter des musiciens dont il se désintéresse, du moment qu'ils savent jouer Johnny B Goode et les autres classiques, et il a une attitude de mercenaire, exigeant tout ou partie de son cachet avant, voire même pendant, sa prestation.
Le 3 février 1972 à Coventry, en Angleterre, Chuck Berry était ainsi accompagné par le Roy Young Band, qui comptait en son sein deux futurs membres d'Average White Band (!), mais une chose est sûre, il était complètement impliqué et a pris un grand plaisir à jouer ce soir-là My ding-a-ling.
La version complète de cette prestation dure 11'30. On la trouve sur l'album The London Chuck Berry sessions (une face studio enregistrée à Londres, une face live à Coventry). Quand la chanson a commencé à passer en radio, le label a charcuté l'enregistrement pour en faire une version de 4', en réussissant miraculeusement à conserver une grande partie de la joie et de la magie de ce grand moment de musique et de rigolade.
Chuck s'amuse comme un petit fou. Il fait chanter le public, vanne les filles, le caméraman qui se met à chanter aussi, ceux qui ne chantent pas... A aucun moment on a l'impression d'un performer cynique qui utilise des ficelles usées jusqu'à la corde. Non, c'est visiblement un bon moment passé avec le public, que nous revivons par procuration à chaque écoute.
Je pense que la vidéo ci-dessous date du jour même de l'enregistrement de l'album. Il n'y a que sept des onze minutes, mais ça donne une meilleure idée que toute description que je pourrais être tenté d'en faire :



Des moments comme ça sur des disques live, il n'y en a malheurement pas des dizaines. Pour ma part, je pense évidemment à l'album Modern Lovers live ! de 1977. N'oublions pas que Jonathan Richman a fait figurer en bonne place dans son premier album en 1976 une reprise du Back in the USA de Chuck Berry.
Sur l'album live, il y a cette fameuse version de Ice cream man, qui dure plus de huit minutes contre seulement trois pour la version studio. Comme pour la chanson de Berry, il y est question de clochette (celle du camion de glacier), le public chante ("Ding ding") et on rigole beaucoup, notamment parce qu'il y a un nombre incalculable de fausses fins, avec des redémarrages trompeurs, en changeant le rythme par exemple pour surprendre tout le monde. J'arrête le parallèle là, car je ne pense pas qu'il y ait le moindre sous-entendu salace dans la chanson des Modern Lovers, mais c'est là aussi un très grand moment de concert.
Sur le même disque, on trouve un autre titre où il est question d'une cloche qui sonne, My little Kookenhaken, une chanson pas du tout grivoise non plus mais qui, avec son côté nostalgique et son retour sur l'enfance, n'est pas si éloignée que ça de My ding-a-ling.
En face B du 45 tours, Let's boogie est extrait de la partie studio de l'album. Tous les ingrédients des titres qui ont fait la réputation de Chuck Berry sont présents, mais c'est sans âme et sans intérêt, comme tout l'album d'ailleurs, à l'exception de My ding-a-ling.

The London Chuck Berry sessions est inclus dans Have mercy, un coffret paru récemment qui reprend l'intégrale des titres publiés par Chuck Berry de 1969 à 1974 lors de son deuxième contrat chez Chess, avec des inédits dont une version studio de My ding-a-ling, qui ne peut qu'être décevante par rapport à cette version live. Ayant eu l'occasion d'écouter deux ou trois des albums de cette période, ce n'est de toute façon pas un achat que je recommanderais.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ce qui est incroyable avec chuck c'est que toute sa vie est placée sous le signe de l'imprévisible et du paradoxal,musicalement capable de s'éclater comme un malade avec des musiciens de rencontre ou au contraire les snobant durement. Pour le fric il est passé du type roulé dans la farine à l'homme d'affaire accompli, . Idem avec les femmes ce ding a ling léger et amusant le montre sous son meilleur aspect, mais bon il a connu de solides déboires et ennuis dans ce domaine!
Une chose est constante cependant chez lui: le respect du public.
Un grand de chez grand....ph

Anonyme a dit…

Alors je viens d'écouter la version de Dave Bartholomew dont l'article parle, aucun doute c'est bien la même, certaines paroles comme la girl next door sont même reprises par Chuck dans certaines versions.

En tous cas merci pour cet article bienvenu sur cet échange hélas bien trop rare avec le public, ce titre me semble effectivement tout à fait à part dans la disco du père Berry (que j'ai eu le bonheur de voir plusieurs fois à Paris)

Thib.