21 juillet 2014

QUINTETTE ROBERT MAVOUNZI, MANUELLA PIOCHE ET CLAUDE TRANCHEROT : Adieu foulard, adieu madras


Acquis sur le vide-grenier du Mont-Héry à Châlons-en-Champagne le 22 juin 2014
Réf : RC 20 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Adieu foulard, adieu madras -/- Nino ban moin Ninon

Je connais la chanson Adieu foulard, adieu madras depuis l'enfance. Il y en avait une version sur le fameux album Chansons des îles et d'ailleurs de Marcel Amont, mais aussi, j'en suis presque sûr, on l'avait apprise à l'école. Même que j'avais du mal à comprendre qu'on puisse orthographier et prononcer "i ka pati" et "cé pou toujou", n'ayant jamais été confronté auparavant à du créole. L'explication de l'institutrice ne m'avait pas vraiment convaincu que cette autre orthographe était aussi "bonne".
C'est justement parce que je connais bien la chanson que mon premier réflexe a été de ne pas prendre ce disque quand je suis tombé dessus le mois dernier à Châlons, sur un vide-grenier grand mais plutôt familial et sympathique. C'est une complainte assez traditionnelle et je n'attendais pas grand chose d'un 45 tours pourtant luxueux avec pochette ouvrante qui ressemble avant tout à un produit destiné aux touristes en Guadeloupe qui auraient envie de ramener en souvenir des "vieilles chansons guadeloupéennes" (mon exemplaire a été offert à Sœur Isabelle, directrice probablement d'une école privée). Si finalement, j'ai acheté ce disque, en parfait état et au prix correct d'1 €, c'est surtout qu'il est édité sur le label Aux Ondes, avec la référence RC 20 qui indique que c'est l'une des premières productions de René Célini.
Franchement, je n'ai pas regretté ma décision. Rien que l'introduction d'Adieu foulard, adieu madras, avec le piano et la clarinette, vaut le détour. La partie chantée par Manuella Pioche et Claude Trancherot est très bien également. On retrouve Manuella Pioche au chant sur la face B pour Ninon ban moin Ninon, une biguine endiablée avec là encore une orchestration et une interprétation d'une très grande qualité, due à une formation, le Quintette Robert Mavounzi, dont le nom n'apparait que sur les étiquettes du disque.
Des enregistrements de cette qualité ne sont pas le fruit du hasard. J'avais repéré le nom de Robert Mavounzy il y a quelques mois dans le livre d'Henri Debs. Initialement batteur, il débute le saxophone en 1933 et s'illustre, avant et après guerre, dans l'orchestre Fairness's Jazz, puis dans de nombreuses formations, notamment à  La Cigale. Il est réputé pour avoir été le premier musicien en France à se lancer dans le style be-bop et plus généralement comme un grand nom du jazz en France.
Revenu à la Guadeloupe de 1964 à 1970, il s'y trouve quand meurt en octobre 1966 Roger Fanfant, le fondateur de Fairness's Jazz. Il était tout désigné pour participer à l'hommage que souhaitait lui rendre René Célini. Cet hommage a pris la forme d'un disque, Album d'or de la biguine, dont les deux faces de ce 45 tours sont extraites. Preuve de sa qualité, cet album a fait l'objet d'une réédition chez Frémaux et Associés (il est actuellement disponible en CD et en téléchargement). Le livret présente en détails les différents protagonistes et le répertoire sélectionné.
Quant à moi, il faut que je mette en tête, d'une part que même des enregistrements de simples chansons traditionnelles peuvent être bigrement intéressants, et d'autre part (mais ça c'est déjà bien enregistré), que toutes les productions Célini et Debs des années soixante et du début des années 1970 sont intéressantes.



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