16 avril 2016

GIANT SAND : Center of the universe


Acquis probablement chez Crocodisc à Paris vers 1993
Réf : 7 72731-2 -- Édité par Restless aux Etats-Unis en 1992
Support : CD 12 cm
16 titres

Or donc, ce 19 avril à Bruxelles, après Jason Lytle, Giant Sand s'est présenté sur la scène du Botanique avec un Howe Gelb de grande classe, en pleine, forme, avec son chapeau et, pour l'occasion de son ultime tournée a-t-il précisé, un costume à paillettes !
La formation comprenait une section rythmique originaire du Danemark et deux guitaristes de Tucson (qui ont leur propre groupe, Xixa). Avec celle de Howe, ça faisait donc trois guitares sur scène, électriques la plupart du temps et, avec la prestation du 9 juin 2005 à Villeurbanne pendant la tournée Is all over the map, c'était sûrement le concert le plus bruyant de Giant Sand que j'ai vu.



Comme en 1997, le concert s'est ouvert avec une de mes chansons préférées de Giant Sand, Yer ropes, que j'avais justement écoutée dans la semaine précédant le concert. Une version très électrique, donc, mais très maîtrisée également. Excellent ! Et ça a continué comme ça toute une bonne partie du concert, avec notamment Every now and then, excellente chanson du dernier album Heartbreak pass, qui sur le disque, avec la pedal steel, a une forte tonalité country. Là, elle avait carrément pris du muscle, mais sans être maltraitée pour autant. Idem pour Shiver, un des grands moments d'émotion de Chore of enchantment et des concerts depuis plus de quinze ans, qui était accélérée et durcie.
Le moment de calme est arrivé quand Howe s'est mis au piano pour deux chansons très jazzy, avant d'enchaîner sur une reprise de A thousand kisses deep de Leonard Cohen, qu'il avait aussi jouée au Paradiso d'Amsterdam deux jours plus tôt.
Ensuite, Howe a appelé sur scène sa fille Indiosa Patsy Jean, qu'on a vu grandir avec le groupe depuis 1990. Sur cette tournée, elle tient le stand de vente. Par ailleurs, elle a son propre groupe, Patsy's rats, peut-être pour l'instant plus proche des Go-Go's de sa mère que de Giant Sand. Sur scène à Bruxelles, Patsy a fait les chœurs sur quelques titres, à commencer par Wonder, une merveille de l'album Ramp. Il faut avoir du cran pour succéder à Victoria Williams, qui chantait sur l'album.


Indiosa Patsy Jean Brown-Gelb sur scène avec Giant Sand pour Wonder, au Botanique à Bruxelles le 9 avril 2016. Photo : Pol Dodu.

Ensuite, pour les rappels, on l'a vu, Jason Lytle est venu interpréter Hewlett's daughter et la soirée s'est achevée avec une version bien bourrin de Tumble and tear, une chanson de Valley of rain, le premier album de Giant Sand, sorti en 1985.



Giant Sand n'a joué aucun titre de Center of the universe samedi dernier à Bruxelles, mais c'est quand même surtout à cet album sorti en 1992 que le son du concert m'a fait penser.
C'est avec ce disque que je suis devenu fan de Giant Sand. Avant ça, il y a eu des occasions ratées, avec Acres for cents, ou l'album Storm de 1988, que j'ai acheté en solde, écouté rapidement et revendu. J'ai aussi mis beaucoup de temps à vraiment apprécier ce petit bijou qu'est Ramp, de 1991.
On a dû recevoir ce CD à Radio Primitive en mai 1993. J'en ai passé un extrait dans mon émission Vivonzeureux ! (en attendant la mort...) à partir du 11 mai puis presque toutes les semaines ensuite jusqu'à la fermeture estivale, et encore lors de la première émission de rentrée. En fin d'année, l'album s'est retrouvé en tête de liste de ma sélection La crème de la crème sonore de 1993, devant Giant steps de The Boo Radleys, tiens tiens.
Quelques temps plus tard, j'ai trouvé mon exemplaire du disque chez Crocodisc. Pendant quelques années, ils ont eu régulièrement à bon prix (30 francs, je crois) un stock de CD de Giant Sand venant du distributeur Média 7. J'en ai bien profité pour compléter ma collection des premiers albums du groupe que j'avais longtemps ignorés. Mon exemplaire est un pressage américain. C'est ce qu'on appelle un "cut-out", mais comme il n'est pas possible, comme pour un 33 tours, de couper le coin d'un boîtier de CD en plastique, il y a un trou percé dans cette boite et à travers le livret. Sur le cellophane, il y avait cette étiquette promo, reprenant deux citations de la presse rock américaine :



Sur cet album, le groupe est composé de Howe, John Convertino à la batterie, Paula Brown à la basse électrique sur trois titres, Joey Burns à la contrebasse sur presque tous les autres et Chris Cacavas à l'orgue, avec aux voix féminines Victoria Williams sur un titre, Sofie Albertsen sur deux, et surtout les Psycho Sisters (Susan Cowsill et Vicki Peterson) sur quasi la moitié de l'album.
J'ai longtemps considéré Center of the universe comme l'album grunge de Giant Sand, mais c'est plus subtil que ça. C'est un disque plein d'électricité, de distorsion et de saturation, mais le tout est très maîtrisé. Il y a une entrée en matière de folie avec Seeded ('tween bone and bark), Pathfinder ("Looking like an accident waiting to happen", incluant apparemment un solo de ruban adhésif !) et le morceau-titre, avec la performance de Victoria Williams. Même si les titres suivants sont un peu moins rapides et bruyants, ça reste très dynamique, avec à chaque instant l'électricité qui est prête à s'échapper par la moindre faille.
La première respiration arrive avec Thrust, un excellent instrumental au piano de 35 secondes, sûrement l'un des premiers publiés par Howe (il a sorti depuis plusieurs albums instrumentaux). Arrivent ensuite d'autres excellentes chansons, comme Loretta and the insect world, Milkshake girl et Stuck, et aussi, comme à l'habitude chez Giant Sand, de la country façon Howe Gelb avec Thing like that et Unwed and well sped.
L'album se termine en beauté, un peu comme il avait commencé, avec Soloman's ride. Sauf que, comme j'ai un exemplaire américain, il y a un titre en plus sur mon CD, Goin' to New Mexico. En Europe, pour se procurer ce titre à l'époque il fallait acheter l'excellent 45 tours 4 titres Soloman's ride, que j'avais trouvé à Londres ou Paris et ramené à Philippe R.

Bouclons la boucle et revenons à Bruxelles.
En 2016, Indiosa Patsy Jean a quelques traits de dessin tatoués sur ses bras. En 1992, ce sont ses dessins d'enfant qu'on trouvait dans le livret et sur le disque.
On sait depuis longtemps que Howe Gelb a été un soutien important de Grandaddy à ses débuts, facilitant même leur signature chez V2. Ce que je ne savais pas jusqu'à aujourd'hui, c'est que le lien s'est peut-être créé en 1994 quand Grandaddy a a inclus sur Recorded live among friends and fidget, l'une de ses premières cassettes, sa version de la chanson Center of the universe !
Quant à Giant Sand, rien n'indique que la tournée actuelle soit vraiment la dernière. Comme il l'a indiqué sur scène, Howe a pensé que c'était le bon moment de mettre le groupe en sommeil, mais il a ajouté qu'il pourrait bien trouver l'occasion de le réveiller par la suite. De toute façon, je suis sûr que ses prochains projets ne manqueront pas d'intérêt. 

Center of the universe est en écoute intégrale sur YouTube.
Fire a réédité l'album en 2011, avec un titre en plus sur le CD par rapport au mien. Cette réédition est toujours disponible, mais on trouve aussi facilement et pas cher des CD originaux.

Jason Lytle et Giant Sand seront
le 19 avril au Trabendo à Paris pour l'ultime concert de cette tournée.

Dans l'attente, on peut lire chez PopNews le témoignage de Marianne Dissard qui raconte Giant Sand et relire pour l'occasion l'entretien qu'elle m'avait accordé en 1998 à propos de Drunken bees, son documentaire sur Giant Sand, paru initialement dans le n° 4 du fanzine Vivonzeureux ! (en attendant la mort...). Il y avait aussi au sommaire, ce n'est pas une coïncidence, un article sur Grandaddy...


Giant Sand, Pathfinder et Unwed and well sped, en direct le 4 février 1993 dans les studios de VPRO à Hilversum, aux Pays-Bas.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce n'est pas le disque le plus facile de giant sand, j'ai tjrs eu du mal avec les morceaux après center of the universe; pas paisibles pour un rond, mais à partir de milkshake girl jusqu'à la fin c'est un régal (solomon's ride) , moins éclectique que ramp mais débordant d"énergie ce disque montre que howe a tracé son chemin à sa guise sans son chemin à sa façon sans s'enfermer dans tel ou tel style. Il fallait oser après ramp.ph